Je vais essayer de faire court malgré tout ce que ce film m'a inspiré.
CE FILM EST UN CHEF D'OEUVRE
Je fais partie de ces heureux qui ont vu "La guerre des étoiles" au cinéma très jeune (la mairie avait organisé une projection nocturne gratuite sur écran géant dans un terrain de foot; essayez d'imaginer ce que signifie pour un môme de 9 ans de voir Star Wars pour la première fois sur un fond de nuit étoilée...) non seulement je ne m'en suis jamais complétement remis (il me suffit d'entendre quelques notes de la bande originale ou d'évoquer "je suis ton père Luke " pour avoir des frissons) mais de plus, passé la vision du "Retour du Jedi", j'ai toujours su que Lucas tournerait la première trilogie.
Ca faisait quinze ans que j'attendais ce moment.
C'est pourquoi "La menace fantôme" a été une souffrance pour moi (LUCAS RAPED MY CHILDHOOD!!! Jar-Jar, les Midichloriens, l'immaculée conception, un scénario insupportable...) et "L'attaque des clones" une grande déception.
Mais cette fois-ci j'ai eu raison de garder la foi.
Ce film n'est pas un divertissement en synthèse de plus (contrairement aux bouses numériques que le succès de Star Wars a enfanté malgré lui)
c'est une authentique tragédie moderne aux accents shakespeariens.
On connaissait tous la fin mais, comme pour "Titanic", nous n'avions encore rien vu, ni rien compris.
Le thème de ce film est d'une dureté et d'un pessimisme rarement vu dans une production à cette échelle (évidemment Abel Ferrara, Robert Altman ou Lars Von Trier peuvent se vautrer avec délectation dans le glauque et la misanthropie mais les enjeux ne sont pas les mêmes).
Tout le monde meurt ou échoue dans ce qu'il a de plus cher, tout est perdu, le respect aveugle de vertus aristocratiques conduit la démocratie à sa perte et tout cela dans un bruit et une fureur qui nous "distraient" de ce qui est vraiment important. ("THIS IS HOW DEMOCRACY ENDS, WITH THUNDEROUS APPLAUSE")
Une des grandes forces du film repose sur un paradoxe: nous avons attendu pendant des années la transformation d'Anakin en Darth Vader et quand celle-ci se profile on la redoute, on voudrait qu'il résiste plus longtemps. J'ai voulu pendant tout le film qu'Anakin parte en mission avec Obiwan, qu'il suive Mace Windu pour arréter Palpatine, qu'il épargne les apprentis, qu'il se rende et disparaisse avec Padme à tout jamais...mais quand on y réfléchit Anakin pense toujours faire le bien, il est le meilleur d'entre eux mais personne ne le traîte en égal!
Quand Anakin ne peut pas compter sur les Jedi, trop absorbés par leurs tâches (régler une guerre galactique, sauver les Wookies, le peuple champignon, tuer des myriades de droïdes¨, en finir avec Grievous...) il peut toujours compter sur Palpatine (qui est pourtant, lui aussi bien occupé; mener les séparatistes par le bout du nez, monter l'armée de droïdes, préparer les clones, prendre le pouvoir au Sénat, former ses apprentis).
Palpatine prend toujours le temps de l'écouter et de l'aider. Au théâtre, assistant à une représentation de natation spatiale synchronisée post-Esther Williams, il prend le temps de lui raconter une anecdotequi lui redonne espoir et lui laisse envisager la fin heureuse de tous ces doutes, comme un bon père le ferait.
En face de ça, Yoda ne lui raconte que des conneries! Quelle sagesse y a-t-il à imposer ce renoncement bouddhique (ignorer ses problèmes, trahir ceux qu'il aime, n'aimer que la force..."THE FEAR OF A LOSS IS A PATHWAY TO THE DARK SIDE").
Anakin ne peut pas se sentir à l'aise, ne peut rien partager avec ses pairs! Personne ne prend le temps de lui expliquer les différences entre la démocratie et les systèmes totalitaires. Personne ne lui enseigne que sacrifier la liberté pour un peu plus de sécurité est une spirale qui ne peut mener qu'à la tyrannie.
C'est la grande différence avec son fils Luke. Celui-ci n'est pas écrasé par le poids dogmatique de son enseignement, il se préoccupe de ses amis et de sa famille.
Observer Palpatine c'est prendre une leçon magistrale de "machiavélisme". Forcer les Jedi à faire leurs trucs, les mener à entreprendre une croisade,les distraire, c'est de cette façon que l'on gagne une guerre contre plus fort que soi. :{}:
Sinon pour les observateurs, avez-vous remarqué:
_le plan-séquence gargantuesque qui ouvre le film (Lucas en fait très peu généralement!)
_pendant l'atterrissage des héros sur Corruscant, on aperçoit le Faucon en bas à droite
_si on voit un gros plan de Padme enceinte pendant son enterrement, c'est pour faire croire à Darth Vader et à l'empereur que ses enfants sont morts avec elle
J'ai profondément aimé ce film, c'est une oeuvre riche et belle, de facture classique (il vieillira bien mieux que Matrix), divertissante bien sur mais aussi enrichissante.
Désolé pour l'hypertrophie du post, c'est la passion!