TimeBomb a écrit :
Redstein a écrit :
TimeBomb a écrit :
(...) c'est pas le terme islamophobie qu'il faut récuser, car en effet ça existe, mais bien l'usage trop souvent abusif qui en est fait
Bien la peine de construire une démonstration pour avoir ce genre de réaction - de ta part, qui plus est.
J'ai longtemps adhérer à ta démonstration et pour les mêmes raisons : pas très avisé sur le plan sémantique et utilisé par le camp "ennemi" pour semer un trouble qui n'a aucune raison d'être.
Cela étant, certains ont souligné - à juste titre - que l'hostilité envers les musulmans existe et se traduit par des actes suffisamment réguliers pour être envisagés sérieusement. Si imparfait qu'il soit le terme recouvre donc une certaine réalité.
Donc, vu la réalité sous-jacente, si on veut récuser le terme, on ne pourra pas faire l'économie de le remplacer par un autre : délit ou crime anti-musulman comme tu le suggérais, mais je ne doute pas que ce nouveau terme sera utilisé aux mêmes fins par l'ennemi. Donc, plutôt qu'une lutte sémantique qui me semble assez veine, il me semble plus indiqué d'éduquer à la distinction entre un discours anti-musulman et un discours critique vis-à-vis de l'Islam. C'est comme cela je pense qu'on mettra de l'ordre dans l'esprit de certaines personnes qui ont perdu un peu de bon sens sur le sujet.
Et cette éducation doit se faire sur des bases saines.
On sait qu'en Belgique comme dans le monde anglo-saxon (y compris paradis fiscaux proches ou lointains
), le terme ne prête pas à controverse, ce qui n'a rien d'étonnant compte tenu des caractéristiques communautaristes et si peu républicaines/laïques de ces pays.
Mais l'histoire française récente montre que ce terme tue, comme dirait Bruckner.
Et donc : adopter un terme qui favorise l'amalgame est à la fois complètement con et complètement contre-productif.
Si je dis que l'Islam est « une religion de merde » (comme toute religion), je vais me faire traiter d'islamophobe - et donc de raciste. D'où anathèmes, menaces de mort, etc.
Mais si je me fais traiter d'ennemi de la religion - là on sera dans le factuel et on pourra discuter.
Sinon, l'auteur du
texte qui a permis à Darmanin de sarkozyficationnifier à pleins tubes en a remis une couche à l'intention (entre autres) des crétins qui ont immédiatement pensé « mansuétude »... et c'est très intéressant :
Citation:
Premièrement, je constate une déformation quasi-systématique de mon propos. Je suis notamment sidéré par le nombre de commentaires qui cherchent à tout prix à y voir une défense du terrorisme. À aucun moment, je n'ai défendu le terrorisme et pour une raison simple: le terrorisme me scandalise et me dégoute au plus haut point. Que l'on puisse tuer des civils au nom d'une idéologie, religieuse ou non, m'indigne profondément. L'objet central de ce texte a toujours été de dénoncer une manière particulière de lutter contre le terrorisme, et non pas la lutte contre le terrorisme en tant que telle. Plus précisément, ce texte discute d'une possible norme tacite menant à l'exécution des individus suspectés de terrorisme. Il est tout entier écrit sous l'égide du questionnement, comme le point d'interrogation figurant dans le titre du billet l'indique. Ainsi, l'expression "barbarie policière" —dont j'ai reconnu le caractère excessif avant que la plainte ne soit déposée— ne vaut que sous l'hypothèse de l'existence d'une telle norme.
Deuxièmement, ce texte n'a jamais remis en cause l'action des forces de l'ordre dans leur ensemble. Dans la version initiale du texte, je soulignais même la réaction exemplaire des policiers nationaux ayant correctement identifié le pistolet à bille. C'est d'ailleurs cette réaction qui m'a amené à écrire le billet. Ayant correctement identifié la menace, ces policiers ont en effet logiquement décidé de procéder à l'interpellation du suspect. J'ai lu ici et là qu'une ceinture explosive pouvait être suspectée et je comprends l'argument. Mais dans ce cas, il me semble que les policiers ne se seraient pas risqués à s'approcher de l'individu pour procéder à son interpellation mais auraient au contraire temporisé au maximum jusqu'à ce que le GIGN ou un autre service spécialisé dans ce type d'armement arrive sur les lieux. Le travail exemplaire de ces policiers, je le contrastais avec celui d'un exécuteur —dont l'existence a toujours été présentée comme hypothétique— dont le rôle aurait pu être d'appliquer cette norme tacite dont j'envisageais l'existence. C'est cette analyse qui m'a amené à considérer que l'exécution du terroriste était "facilement évitable". Peut-être cette opinion, sous-tendant le reste du propos, est-elle erronée. Mais quoi qu'il arrive, ma critique de ce mode opératoire n'est pas une critique des policiers présents dans la vidéo, hypothétique exécuteur inclus. Je n'ai jamais suggéré que ces policiers de terrain ont agi d'une manière contrevenant aux ordres reçus ou à la doctrine. À ce titre, si diffamation il y devait y avoir, celle-ci concernerait spécifiquement l'administration de la police nationale, c'est-à-dire, notamment, les ministres de l'Intérieur successifs dont les paroles et les actes définissent ces ordres et cette doctrine.
Troisièmement, je pense qu'il est utile de préciser la raison principale qui m'a poussé à écrire ce billet. Je suis en effet profondément convaincu que réussir à capturer les terroristes vivants est absolument essentiel pour lutter efficacement contre le terrorisme. D'une part, cela permet de procéder à un interrogatoire et donc de remonter les filières mais aussi de mieux comprendre les mécanismes psychosociaux qui aboutissent à de tels drames. D'autre part, cela permet de replacer la justice au centre de la lutte contre le terrorisme, au-delà des clivages politiques. En effet, quand un terroriste est tué, il est toujours tué par une police nationale agissant au nom d'un gouvernement spécifique, c'est à dire d'un pouvoir exécutif changeant au gré des élections. Ce type de sanction, comme toutes les autres sanctions policières, est donc clivant par nature. Au contraire, en capturant les individus suspectés de terrorisme, on donne la possibilité au pouvoir judiciaire de les sanctionner sur une base constitutionnelle et indépendante des batailles d'opinion politiciennes qui divisent le pays. Alors certes, la peine de mort ayant été abolie, certains instincts de vengeance primaires ne sont jamais assouvis par la sanction judiciaire. Et c'est à mon sens une bonne chose. Car quel aspirant terroriste voudrait se retrouver dans la situation de Salah Abdeslam, seul terroriste impliqué dans les attentats de 2015 et aujourd'hui emprisonné? Dans l'idéologie djihadiste, se faire capturer vivant est une honte tandis que mourir en "martyr" est une gloire. En outre, cette rhétorique de la guerre à laquelle nos gouvernements ont souscrit aveuglément, d'où vient-elle? D'où nous vient cette soudaine propension à vouloir la mort plutot que le jugement des criminels qui agissent sur notre sol? Elle nous vient des terroristes eux-mêmes! À mon sens, elle constitute un des symptômes principaux de leur force et de leur capacité à éveiller en nous ces mêmes pulsions sordides qui structurent leur vision barbare du monde.
Si j'ai écrit ce texte, c'est avant tout parce que j'ai très peur que cette vision du monde s'empare de notre nation et nous fasse perdre de vue ce qui fait sa grandeur. Sans aucun doute, j'ai écrit sous le coup d'une émotion très différente de celle que le gouvernement et certains médias m'imposaient de ressentir. Je comprends donc pourquoi ce texte a pu choquer, être mal interprété et obscurcir chez certains un sentiment réconfortant d'union nationale.