deadprose a écrit :
“Tout est relatif”
Ne dites jamais que « tout est relatif », car cette phrase n’a pas de sens. Dans le meilleur des cas, vous avez effectivement constaté la relativité de nombreuses choses : les goûts, les sensations, les sentiments, les affinités… mais pourquoi passer du multiple à la totalité ? Dans le pire des cas, c’est une formule vague, inspirée par le prétendu individualisme des temps qui courent, une simple paresse de l’esprit imbibé des modes présentes.
Cette phrase n’a pas de sens, car à cause d’elle, comme vous allez voir, l’idée même de sens devient absurde, et la distinction entre le sens et le non-sens disparaît. Penser en effet que les goûts sont relatifs aux sensibilités, que le vrai est affaire d’opinion ou que le juste est une question de société, c’est ruiner la possibilité de juger les différences entre ces opinions, de les hiérarchiser et de considérer que certaines sont plus intéressantes, ou plus solides que d’autres.
Si tout est subjectif, alors les opinions valent autant qu’elles sont conçues, et non parce qu’elles sont vraies. Et il n’est plus possible de critiquer l’opinion de l’autre : c’est la sienne, c’est sa subjectivité qui s’exprime, c’est son droit. Du coup, son opinion n’est pas en soi meilleure ou pire que la mienne, c’est la sienne, c’est tout et c’est comme ça !
Mais alors, quelle différence entre le jugement du premier venu et celui d’un sage, si chacun est juge au même titre ? Penser que tous les avis se valent, c’est affirmer que rien n’est plus sensé qu’autre chose, et finalement qu’entre une pensée raisonnable et dire n’importe quoi il n’y a plus de norme extérieure de sens pour les départager.
Pire encore : si vous pensez que la vérité est relative aux individus, vous vous contredisez aussitôt, car vous admettez que celui qui pense qu’elle n’est pas relative a aussi raison. Vous pensez à la fois que vous avez raison et que tous les autres avis, mêmes contraires, sont vrais. Ainsi tout et n’importe quoi devient vrai : il n’y a plus de sens…
Putain de philosophie...
Ça me rappelle un texte sur lequel j'ai jamais réussi à remettre la main, qui expliquait qu'une oeuvre peut être au moins en partie jugée selon des critères objectifs. C'était assez fin dans mon souvenir et ça m'a pas mal travaillé mais je l'ai pas retrouvé...