http://www.bldd.fr/ProductDocu(...)0.pdf
Le pamphlet de Sophie Herszkowicz, publié initialement en 1992, témoigne d'un refus de l'urbanisme qui, loin de s'en tenir à la dénonciation de
L'assassinat de Paris, s'en prenait également à son embaumement esthétisant : c'est à ce titre qu'il reste un document sur ce qui est peut-être une ultime manifestation de vitalité, avant la définitive
mise en conformité de l'Est parisien.
« Et vous aurez donc à choisir entre supprimer la Courtille ou
conserver la Courtille, tout en la supprimant. Les conséquences
de la première solution sont un peu risquées, alors que la
deuxième solution offre tous les avantages : démolir presque
tout, en faisant semblant de choisir ce qui mérite d'être conservé.
Je dis semblant, car d'une part votre jugement en la matière
est complètement
inepte et, d'autre part, parce que d'autres
considérations que la qualité réelle des immeubles interviennent
dans vos choix.
Afin d'épargner la sensibilité touristique, vous
préserverez les immeubles des rues extérieures à l'îlot : rue de
Belleville et boulevard de la Villette. Car en fait le voyageur
moderne, toujours pressé, se satisfait très bien d'un aperçu
extérieur. Il ne descend d'ailleurs pas de son car. Et le Parisien
nouveau, aux tendances somnambuliques, trouvera opportun de
l'imiter : il vantera certainement la prudence municipale, cher-
chant toujours quelque chose à dire qui ne soit pas jugé négatif.
Cette solution apparaîtra sûrement comme une amélioration de
l'attitude municipale, et vous bénéficierez de l'honneur de n'avoir
pas commis toutes les horreurs dont vous étiez capable.
De Belleville restera un ersatz, une misère, qui suffira à faire
un peu durer les choses. »