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Locale, écolo, solidaire, démocratique, voire poétique… Idyllique en somme, la cabane, comme un nouvel avenir radieux à taille humaine? "Attention, ne fétichisons pas cette construction, nous met en garde le politologue Sébastien Thiery, spécialiste d’architecture et d’urbanisme. Pauvre en énergie et en matériaux, elle est souvent marquée par la précarité." Nul ne souhaite rester dans les bidonvilles de la banlieue parisienne ou dans la jungle de Calais. Là, les bicoques ne font pas rêver. Lorsqu’ils les mettent sur pied, explique notre expert du logement informel, les habitants de ces zones opposent bien une résistance à la relégation, mais leurs abris "faits de plastique dégueulasse et de déchets industriels" apparaissent inextricablement "mêlés au désastre". "Nos cabanes, écrit de son côté Marielle Macé dans son essai éponyme (Verdier), ne seront pas nécessairement plaisantes, légères. Elles diront aussi bien ce qui se tente que ce qui se malmène", à savoir la misère, le climat déréglé, les expulsions, l’exil. Militants et migrants ne sont pas seuls concernés. Habiter une tiny house, l’une de ces maisonnettes à 10 000 euros tout compris que l’on installe sur un bout de terrain, nous suggère l’architecte Nicolas Delon, c’est "échapper aux prix absurdes du marché immobilier", se rapprocher d’un « bricolage organisé ». Assemblée par conviction ou par nécessité, la cabane reflète notre monde, ambivalente et conflictuelle, loin de l’innocence enfantine.