Blow Up a écrit :
Biosmog a écrit :
Mais elle est impossible pour une culture comme le hip hop, qui émerge dans et à travers des formes et des modes de vie, dans des conditions historiques : avant le hip hop, il y avait du chant parlé, des danses de rue, certains beats similaires, etc. mais ce n'était pas la culture hip hop, telle qu'elle s'est cristalisée à un moment donné en un endroit précis.
Bah justement, si on parle de culture Hip Hop c'est historiquement un mouvement des années 70. Que certains aspects de cette culture comme le Rap, le breakdance et le graff aient été médiatisés et soient devenus populaires à un moment donné, ça n'est pas ça qui en fait une culture, ça en fait un repère, une influence, un marqueur social peut être.
Les années 80 fantasmées c'est pas très différent. C'était le rouleau compresseur du mainstream les années 80 et avec plus de recyclage et de récupération que d'avant-garde. Pour trouver de la nouveauté et des alternatives, il fallait jouer les têtes chercheuses et se bouger pour dénicher l'info. C'est d'ailleurs pour ça que les labels indépendants et alternatifs se sont bien développés en réaction à l'époque.
Dans les années 90 ce sont les indépendants qui sont devenus mainstream. Donc soit ils sont morts, soit ils sont devenus aussi chiants que les majors.
Un mouvement musicial culturel comme le hip hop, ça n'a existé qu'à partir du moment où cela a explosé, avec une synthèse d'éléments existant séparément, dans des intentions artistiques et des formes disparates. S'il y a culture, il y a des reportages. Je serais curieux que tu nous montres les précurseurs de Sidney graffer, smurfer et rapper en bas d'immeubles chicagoans en 1975.
Quant aux années 80, je crois que tu ne les as vécues qu'à travers la télévision, gamin, dans le salon de tes parents. Donc le "fantasmées" il me fait bien marrer.
Ce que tu ignores, c'est qu'avant les années 80, c'était un désert culturel pour les jeunes, en matière de concerts, de boites, de radio, jeunes qui n'avaient de toute façon pas de fric pour fréquenter ce qui était organisé uniquement par des vieux. Les médias diffusaient cette culture jeune au compte-goutte, de haut en bas, laissant la part belle aux trucs à la Claude François. On comprend ainsi ton adoration pour Gainbourg: c'était à peu près tout ce qu'on voyait de potable (pardon Serge) sur France télévision, avant la récupération des mouvements contre culturel, fin 80, début 90.
Fin des seventies, les punks débarquent, avec leur sens du do it yourself et, une fois que les vapeurs de la colle s'étaient évaporée, des revendications. C'est à cette époque que les lieux constitués par des jeunes se multiplient, les fanzines politiques disparaissent pour être remplacés par des fanzines rock. A partir des années 80, on voit donc une culture jeune non seulement se développer dans les médias dominant mais apparaître dans ses propres lieux et propres média, prendre de l'autonomie, aussi parce que les moyens nouveaux le permettaient: la FM, les walkman, ou des trucs tout con comme la démocratisation des photocopieurs (magasin de photocopies, c'est vers 1975) permettant de créer des affichettes beaucoup plus facilement. Les lieux autogérés, les baranoïa (occupation d'un soir pour une fête- concert), se sont petit à petit institutionnalisés. La plupart des salles de concert alternatives d'Europe datent des années 80. Il y avait aussi un fait économique : la désindustrialisation des années 70 laissait de nombreux locaux occupables. Les festivals ont commencé à se multiplier dans les années 80. Ils n'avaient rien à voir avec les grosses sauteries organisées par Bob Geldof, ni avec ce qu'ils sont devenus dans les années 90. Tout a été lentement mais sûrement digéré par le grand business. Les labels indépendants, qui existaient depuis les années 60 et n'ont cessé de se multiplier dans les années 70 puis 80, ont été avalé par les majors à quel moment d'après toi?
Bref, ne pas voir ce qui existait dans les années 80, c'est vraiment être victime de l'illusion mercantiliste des grands médias, qui ont tout fait pour récupérer cette culture et faire croire aux jeunes wannabes que rien n'a existé en dehors de Canal+ et MTV.
Vous battez pas, je vous aime tous