tiboard a écrit :
jules_albert a écrit :
Suffit-il de publier de la poésie pour devenir poète ? L’ambition d’être publié n’est-elle pas finalement le plus grand obstacle à la libre création poétique ? Dana Gioia pose un regard acerbe sur la poésie contemporaine, traversée par une crise symptomatique d’une époque obnubilée par le paraître.
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ça me fait penser à cette citation d'Henri Michaux :
"Je ne sais pas faire des poèmes, ne me considère pas comme un poète, ne trouve pas particulièrement de la poésie dans les poèmes et ne suis pas le premier à le dire. La poésie qu'elle soit transport, invention ou musique est toujours un impondérable qui peut se trouver dans n'importe quel genre, soudain élargissement du monde. Sa densité peut être bien plus forte dans un tableau, une photographie, une cabane. Ce qui irrite et gêne dans les poèmes, c'est le narcissisme, le quiétisme (deux culs de sac) et l'attendrissement assomant sur ses propres sentiments. Je finis par le pire : le côté délibéré. Or, la poésie est un cadeau de la nature, une grâce, pas un travail. La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer. "
https://www.devoir-de-philosop(...).html
« Y a-t-il une écriture poétique ? »,
Le degrés zéro de l’écriture, R. Barthes : la poésie ne relève plus d’une technique, d’un savoir faire, mais est une qualité.
La poésie n’est plus identifiable à l’objet poème mais s’est déplacé vers la question de la poéticité et du poétique. Elle est donc une qualité qui rend la langue autre, où le langage devient poétique.
La poésie est définie comme un écart, une anomalie, une aventure de la langue.
Poésie et poéticité
Barthes se situe ainsi dans le sillage de Jakobson dans « Qu’est ce que la poésie ? » et de sa parabole de l’huile : la fonction poétique apparaît quand l’élément est centré non pas sur une information, un destinateur, un destinataire mais sur lui-même. La poésie naît des rapports des éléments d’un texte. La poéticité apparaît en ce sens que le mot est ressenti comme mot.
Valorisation du mot : « Chaque mot poétique est ainsi un objet inattendu, une boîte de Pandore d’où s’envole toutes les virtualités du langage. Il est donc produit et consommé avec une curiosité particulière, une sorte de gourmandise sacrée » Barthes, « Y a-t-il une écriture poétique ? ». Le principe de plaisir est ainsi à l’origine de la poésie et de la lecture de poèmes. (// Lucrèce, « la poésie comme miel »)
La poésie dans le poème ?
La poésie est transgénérique et elle peut apparaître dans tous les textes.
Sur Henri Michaux, Fragment de lettres (1942) : « Je ne sais pas faire des poèmes, ne me considère pas comme un poète, ne trouve pas particulièrement de la poésie dans les poèmes et ne suis pas le premier à le dire. La poésie qu’elle soit transport est toujours un impondérable, qui peut se trouver dans n’importe quel genre, soudain élargissement du monde. »
La poésie s’enfuie hors du poème et tout poème définit comme tel n’est pas poésie. Faire des vers et faire rimer des vers ne suffit pas. [// chez Aristote, poètes contre versificateurs ; au 17e, poètes contre rimailleurs]
Jacques Roubaud, Poésie etcetera :
« La poésie est dans les poèmes mais elle n’est pas poème. Elle est l’absente de tout poème. »