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Des annonces prochaines devraient concerner les contrôles et la transparence des Ehpad. Ce qui fait doucement rigoler Pascal Champvert.
Le président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) dénonce depuis des années une «?maltraitance systémique?» qui puise ses origines… au sein même des pouvoirs publics. Des contrôles supplémentaires?? «?Une farce, dit-il. L’État sait que les professionnels des Ehpad ne font pas tout ce qu’ils devraient faire parce qu’ils ne sont pas assez nombreux. Et c
’est précisément l’État et les départements qui organisent, depuis plus de vingt ans, ce sous-financement du secteur.?» En aidant des établissements privés commerciaux à se gaver allègrement.
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Tout commence à la fin des années 1990. Face à une population de plus en plus vieillissante, l’État, «?qui n’a pas voulu mettre de l’argent pour moderniser les établissements publics et associatifs?», précise Pascal Champvert, décide de se décharger et d’ouvrir les financements publics aux acteurs privés. La loi de 1997, qui a créé les Ehpad, entend prendre en charge les personnes dépendantes, mais en les confiant de préférence à des acteurs lucratifs. Ces tout nouveaux établissements seront exclus de l’assurance-maladie et la dépendance sera confiée aux départements.
«?Pour le secteur privé, cet “or gris” représentait un champ d’opportunités organisé par la puissance publique, qui leur donnait la possibilité de s’étendre et de faire du profit à long terme alors qu’avant ce secteur était plutôt protégé, avec des financements publics uniquement destinés au non- lucratif?», note Ilona Delouette, économiste spécialisée dans le financement de la perte d’autonomie.
Plus tard, la loi hôpital, patients, santé et territoires de 2009, portée par Roselyne Bachelot, prévoit de financer les Ehpad via des appels à projets. Le privé lucratif s’empresse de s’armer, avec des groupes cotés en Bourse et des équipes spécialisées, pour décrocher les marchés.
«?Ce système de convergences a été organisé à la baisse et des moyens ont été repris aux établissements publics et associatifs pour les donner au privé?», assure Pascal Champvert. Le business des vieux est voué à un avenir prometteur. Selon l’Insee, la France devrait compter 22 millions de personnes âgées de plus de 65 ans en 2070. Avec la génération du baby-boom de l’après-guerre, qui aura 85 ans en 2030, il faudra prendre en charge 40?000 personnes en perte d’autonomie de plus chaque année entre 2030 et 2040.