Ursula Le Guin (Le langage de la nuit - Essais sur la science-fiction et la fantasy) a écrit :
Pour faire bref, disons que j'avais toujours écrit, et que j'allais bientôt en arriver au point où il allait falloir publier ou capituler. On ne peut pas se contenter de remplir le grenier de manuscrits.
L'art, comme le sexe, ne peut pas être pratiqué indéfiniment en solo ; d'ailleurs, l'un et l'autre ont le même ennemi, la stérilité.
Gilles Thomas (L'autoroute sauvage) a écrit :
– Ils étaient dingues, non ? Complètement tordus. Notre époque, ce n’est pas de la tarte, et des tordus, il en reste. Mais une destruction à cette échelle-là ! En plus, ils se prétendaient civilisés ! Ils avaient des lois, des prisons, ils châtiaient les meurtriers ! Je n’arrive pas à piger. Tu piges, toi?
– Pas plus que toi. Il faut supposer que le meurtre, quand tu faisais dans le détail, c’était pas convenable, et que ça devenait correct dès que tu travaillais en gros. Jo disait que dans ces cas-là, on baptisait ça patriotisme, ou nationalisme, alors, bien sûr, les pires saloperies étaient couvertes par un drapeau. Comment ils s’arrangeaient avec leurs principes, c’est pas à moi qu’il faut demander. Mais je pense comme toi, ils étaient vicieux. Pour lâcher en plus des bactéries destinées à la race humaine d’autres merdes prévues pour décimer également les animaux, faut être vicieux. En plein. Et je ne te parle pas des machins qui tuaient la verdure. Qu’ils n’aient pas transformé la Terre en désert, c’est un miracle !
Richard K. Morgan (Carbone modifié) a écrit :
« De la même façon qu’un sextant primitif fonctionne suivant l’illusion que le Soleil et les étoiles tournent autour de notre planète, nos sens nous donnent l’illusion de la stabilité dans l’univers et nous l’acceptons, parce que sans cette illusion, rien ne peut être accompli.
..............
Malgré tous nos efforts, en tant que civilisation, ou individus, l’univers n’est pas stable, comme n’importe quelle forme vivante en son sein. Les étoiles se consument, l’univers lui-même se déploie… nous sommes composés de matière en mouvement constant. Nous sommes des colonies de cellules en alliance temporaire, se reproduisant et se dégradant, nous sommes un nuage incandescent d’impulsions électriques et de codes mémoire précairement gravés sur du carbone. C’est la réalité. C’est ça, la connaissance de soi, et cette perception peut bien sûr donner le vertige.