Masha a écrit :
rapideyemove a écrit :
Retournement des spectres, recto verso…
Pile ou face.
(l’exemple, ainsi, de ce bleu infime, au loin, par l’esprit du petit carré noir)
Bluffé… soufflé…
alors penser à remercier… pas oublier…
Dont acte.
J'ai pas tout compris mais ça a l'air sympa
Merci
Ben, à un certain seuil d’évidence et de saisissement, devant une photo qui nous arrête, qui met la main sur nous, on n’a même pas, ou plus, à considérer la notion de "défauts".
Et puis des spectres, dans l’ordre de l’invisible et de ses déraisons, sont bien des choses qui nous sont montrées, des
monstres, des métaphores visibles, ici, en ce sens.
"Ces retournements des spectres recto verso (…)" résistent et survivent derrière les paupières, ou dans la mémoire, bien longtemps après leur première découverte, dans leur plus simple appareil, comme des rudiments.
D’un certain point de vue, à l’image des sténopés.
Enfin, à ma manière, j’ai tenté d’y voir un peu plus clair dans ce redoublement de tes deux photos, jusqu’à la renverse polyptyque cadre noir / cadre blanc, un voisinage à l’image des deux mains d’Escher, où l’une dessine l’autre, et l’autre amorce l’une, ainsi de suite.
Sans doute que les très belles photographies ont toujours à voir avec les spectres.
Ainsi, elles
n’ont plus aucun défaut, aucune bêtise.
Elles
font défaut, au plus simple, hantise.
Ce qui est très différent.
Et elles sont alors bien plus difficiles à saisir, cerner, voire arraisonner (un fantasme terrible), que ce à quoi les quelques mots assez lapidaires que j’avais laissés, dans ce premier coup d’œil en salut, pouvaient faire penser, tout à l’étonnement ravi qui était, ou est toujours, le mien devant tes deux épreuves qui, avec d’autres que tu as laissées à la traîne en ces lieux de récréation, ébauchent sans doute leur au-delà, ce qui pourrait être la singularité d’un style ou d’une poétique.
NB : j’aurais pu, avec facilité malheureusement, être plus long…; tenter de mieux définir cette spectralité de certaines images, l’éloigner résolument d’un surnaturel où la foire et la pacotille se disputent le marché ; m’étendre sur un couple conceptuel pour rendre compte des images, couple antithétique venu de la Grèce antique vers l’époque d’aujourd’hui, ou qui y vécut autrefois : la photographie, écriture de la lumière ; là où les vieux Grecs nommaient les représentations données par les images [les icônes en fait], d’un mot qu’on peut traduire ainsi, l’écriture de l’ombre, ce à quoi l’évocation de Tanizaki par @canopus, il y a quelques jours, pouvait en partie définir et aussi servir à construire finement … ; j’aurais pu… et continuer longtemps, longtemps encore, à articuler à partir de ces quelques pistes et concepts ici abusivement résumés, lesquels, avec d’autres, m’occupent, ailleurs, depuis de longues années… ; mais ce n’est définitivement plus le lieu.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.