Bon j'ai payé un sms pour avoir des corrigés, je vous les passe. En sachant que ceux de certaines epreuves sont toujours pas arrivés.
L1 sujet 1 a écrit :
Toute prise de conscience est-elle libératrice ?
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C’est un sujet qui interroge le lycéen sur trois grandes notions du programme : la conscience, l’inconscient, la liberté. Il ne comporte pas de difficulté particulière, c’est un sujet très classique. On notera que la notion de "prise de conscience" renvoie à l’activité de philosopher puisque philosopher c’est faire un retour critique sur ses opinions, ses préjugés, sur soi-même, sur ce qui va de soi, etc.
Brève analyse des termes :
- "toute" : on sous-entend que la prise de conscience serait en général libératrice ; on est donc invité ici à se demander si elle l’est vraiment, l’exercice de pensée consistera donc à interroger d’abord les raisons du statut positif de la prise de conscience par rapport à la liberté, avant de remettre en question, peut-être, ou en tout cas de mesurer, la positivité de la prise de conscience
- "prise de conscience" : il ne s’agit pas de la conscience en général, mais de la prise de conscience ; ceci dit, on sait que la conscience dans le sens positif du terme consiste à avoir du recul, à faire retour sur soi et ses acquis, elle est donc réflexion (c’est ce qu’on appelle la conscience réfléchie) ; cette notion de conscience réfléchie, qu’il faudra donc bien prendre le soin de définir dans le devoir, est donc, on le voit, du côté de la liberté car elle est non adhérence à soi, au réel, au naturel, etc. Elle consiste en général à se libérer, s’extraire, etc., elle est opposée au domaine du spontané, de l’instinct ; elle est un mouvement de libération.... mais paradoxalement, la prise de conscience, si elle est libération, ou en tout cas une forme de liberté, est-elle vraiment toujours libératrice ? se libérer de certaines chaînes, cela ne peut-il pas mener à s’en créer d’autres ? n’y a-t-il pas par copnséquent une prise de conscience qui est aliénatrice, dangereuse pour notre liberté ?
- "libératrice" : il faut continuer l’interrogation qui précède en se demandant : "libératrice", mais par rapport à quoi ? il y a la libération des instincts, du naturel, et donc l’accès à l’humanité qu’elle permet, soit ; mais si cet accès à l’humanité était ce qui nous aliène ? ou en tout cas ce qui nous rend incapables d’agir, de vivre, d’aimer l’existence ? car force est de reconnaître que la prise de conscience va aussi avec le doute, or le doute permanent est dangereux ! ; on peut aussi reconnaître, avec Pascal, ou bien même avec Sartre, que la conscience est angoissante (cf. Sartre et la mauvaise foi, cours conscience-homme et cours inconscient sur mon site), elle nous renvoie à ce fardeau lourd à porter qu’est justement la liberté pour Sartre, ou bien tout simplement à notre condition misérable chgez Pascal ("l’homme est un roseau pensant"....)
Problématisation, fil directeur de l’interrogation (attention, je précise bien qu’il ne s’agit que d’une piste possible ; ce qui est important c’est de recourir à des concepts, comme la notion de conscience réfléchie, conscience immédiate ; à la notion de libéerté comme opposée à la nature, etc. ) : On se demandera donc si la prise de conscience, ie, la conscience réfléchie, qui en soi est quasi synonyme de liberté, si par liberté on entend en général l’affranchissement par rapport au naturel, à l’immédiat, etc., est toujours libératrice ; n’est-elle pas paradoxalement créatrice de nouvelles chaînes ? se libérer du naturel, du spontané, de l’immédiat, c’est libérateur et créateur d’humanité, mais n’est-ce pas parfois aliénant de ne plus pouvoir exister de manière spontanée ? -c’est ici au fond s’interroger sur les vertus ou non de la réflexion philosophique : à force de trop prendre conscience n’accède-t-on pas à la folie ?
Plan possible :
I- La prise de conscience est libératrice car qui dit prendre conscience dit liberté ! (Analyse générale des grands concepts)
On analysera ici la notion de conscience de manière conceptuelle, en la rendant quasi synonyme de liberté.
Je vous conseille de partir de l’analyse conceptuelle de la conscience. On précisera que la conscience comporte plusieurs niveaux, mais que si vraiment on veut prendre le mot au pied de la lettre, cf. étymologie "cum-scientia", "accompagné de savoir", la conscience dans son sens le plus fort signifie PRENDRE CONSCIENCE. On n’est pas conscient, on le devient.
On peut alors amorcer un rapprochement avec la notion de liberté, et même plus précisément, de libération. La liberté s’oppose à la nature, elle signifie se distinguer, s’affranchir, du naturel, du spontané, de l’immédiat. Elle consiste donc à SE libérer de tout ce qui nous empêche d’être des hommes.
Les deux notions, libération, prise de conscience, sont donc quasi synonymes puisqu’elles renvoient à la capacité qu’a l’homme de faire retour sur lui-même. Cf. réflexion, retour critique, se rendre compte que, tout cela est du côté de l’effort.
Auteurs dont vous pouvez parler :
- Socrate et le "penser par soi-même"
- Descartes et le cogito
- Sartre et la liberté dans L’existentialisme est un humanisme
- la cure psychanalytique de Freud : prendre conscience c’est ici prendre conscience de la force déterminante de notre passé, de notre enfance, de la société...
Préciser que devenir conscient, prendre conscience, c’est libérateur du naturel en nous, et accès à l’humanité.
II- Mais toute prise de conscience est-elle vraiment libératrice ? Ne risque-t-on pas de se créer de nouvelles chaînes ?
Le risque c’est qu’on est tellement distinct de tout spontané, du naturel, etc., qu’on ne vit plus on qu’on ne supporte plus de vivre ! Ici, on peut lier activité de penser, et bonheur, notion au programme.
- on peut ainsi parler du scepticisme souvent occasionné par une pratique trop courante de la philosophie : un scepticisme exagéré peut conduire à la folie, à l’inaction
- cf. Descartes et son doute hyperbolique dans les Méditations Métaphysiques : il précise bien qu’il ne faut s’y adonner qu’une fois avoir profité de la vie !
- prendre conscience de notre grandeur, grandeur due à notre conscience, n’est-ce pas aussi accéder à la misère, cf. Pascal et son thème du roseau pensant ?
- cf. également Sartre et le thème de l’angoisse procurée par la prise de conscience de notre liberté, et son analyse célèbre de la mauvaise foi
Bref, la prise de conscience peut devenir, plutôt que libératrice, paralysante. C’est l’angoisse existentielle à laquelle on est renvoyé alors, qui nous ankylose. On peut aussi préciser que la prise de conscience est accès à un savoir : celui selon lequel, pour prendre l’exemple de l’inconscient, nous sommes déterminés... mais savoir est-ce dominer, maîtriser ? savoir que je suis déterminé, n’est-ce pas une certaine prison ?
III- (Remise en question de la deuxième partie, pour accepter quand même, comme en I, le caractère positif de la prise de conscience)
La prise de conscience est tout de même bénéfique car elle peut nous donner les moyens de nous libérer de nos nouvelles chaînes. Elle est invitation à changer, à assumer, à l’effort (sur soi-même).
- cf. Sartre et la liberté : savoir que nous sommes libres, que nous ne sommes pas des choses, des "en soi" (pour reprendre son vocabulaire) c’est pouvoir transformer n’importe quel événement selon le sens que nous VOULONS donner à notre vie (ainsi la maladie n’est un fardeau que si nous la voulons telle, etc.) ; cf. encore une fois, par conséquent, le thème de la "mauvaise foi", mais cette fois, non dans un sens négatif (quelle liberté étouffante et angoissante, cf II) mais positif (nous pouvons être ce que nous voulons être, nous avons le choix et la conscience est ce choix lui-même)
- si vous ne connaissez pas Sartre vous pouviez parler du stoïcisme ou de l’épicurisme, bref, des sagesses de l’antiquité, qui sont une incitation à la prise de conscience, pour se libérer, pour libérer la condition humaine de ses entraves que sont la superstition, la peur de la mort, etc. ...
Bref, on répond ici à la question posée que la prise de conscience, si elle peut devenir aliénante, si elle est dangereuse, ne devient véritablement aliénante que si nous la choisissons telle ; la prise de conscience est prise de conscience de cette liberté fondamentale de l’homme !!!
L, sujet 2 a écrit :
Les oeuvres d’art sont-elles des réalités comme les autres ?
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Analyse du sujet
Sujet un peu déroutant et assez difficile, car on interroge plus souvent sur le jugement de goût. C’est une analyse "ontologique", sur le statut de l’oeuvre d’art, que vous êtes conviés ici. Il fallait faire très attention à mon sens au terme de "réalité" : on ne vous demande pas si les oeuvres d’art sont des CHOSES comme les autres, mais des REALITES ; le terme de "réalité" sonne très platonicien, et il est ici de bon ton de parler de l’analyse platonicienne de la réalité dans la République, qui débouche sur sa célèbre critique de l’art ! (cf. distinction monde des Idées = réalité ; monde sensible = des apparences ; en dessous, l’art est reproducteur des apparences et donc terriblement éloigné de la réalité !!!)
Il s’agira, à travers cette réflexion toute ontologique, de savoir aussi si l’art est positif ou non. Et également si l’oeuvre d’art a un statut à part, quelque chose qui le distingue foncièrement des autres choses faisant partie du réel. Peut-être ici devrons-nous dépasser notre admiration pour l’oeuvre d’art, comme ayant un statut à part de ce qui nous entoure !
Le terme de réalité est vraiment important : il y a les réalités de la nature, il y a les réalités produites par l’homme... et il y a aussi ce qui est réel, "au-delà des apparences" !
Un développement possible
I- Les oeuvres d’art un redoublement du réel ? -L’art imitateur, l’art illusionniste : le thème platonicien...
- partir de l’allégorie de la caverne de Platon, analyser la distinction apparences/ réalité ; puis qualifier l’art de copie de copie, de réalité moindre par conséquent car très très éloignée du monde des Idées ! on peut alors enchapiner sur l’art comme trompeur et illusionniste
- enchaîner sur l’oeuvre d’art comme objet factice...
- ... mais dès lors aussi comme une réalité différente des autres (le terme de réalité étant pris ici en un sens général et non plus platonicien) par son côté humain, subjectif : même quand il copie le réel, la nature, ce qui l’entoure, l’homme n’y dépose-t-il pas sa marque, sa vision des choses ? c’est un objet par conséquent bien "spécial" que l’oeuvre d’art, non ?
II- L’oeuvre d’art, une réalité différente des autres, au sens où elle a plus de valeur : les réalités qui nous entourent, qu’elles soient produites par la nature ou par l’homme, sont "sensibles", inscrites dans le temps et dans l’espace, or, l’essentiel de l’oeuvre d’art n’est pas sensible mais spirituel
On pouvait ici commencer par s’interroger sur la différence entre une oeuvre d’art et les réalités naturelles, comme le faisait dans l’Antiquité Aristote. Il y a les choses qui sont produites par l’homme, et les choses qui existent par nature. La différence entre ces "réalités", entendues ici comme "choses", que sont les oeuvres d’art et les réalités naturelles, est donc dans le mode de production. Mais on précisera tout de même que cette distinction conceptuelle est un peu trop générale pour notre sujet puisque par "art" Aristote entend toute fabrication humaine, or, dans la fabrication humaine il n’y a pas, loin s’en faut, que l’oeuvre d’art ! D’ailleurs on tendrait à dire que d’un point de vue sensible, offert à nos sens, rien ne distingue au premier abord une oeuvre d’art, d’une pomme, ou d’un bureau. Nous avons ici 3 sortes d’objets : un naturel, deux artificiels (des artefacts pour reprendre encore la terminologie aristotélicienne). Qu’est-ce qui les distingue ?
- oeuvre d’art et objet naturel : l’oeuvre d’art est fabriquée par l’homme
- oeuvre d’art et objet technique : fabriqué dans une intention ; intention souvent de plaire ; provoque donc l’admiration, le jugement de goût ; mais également résiste à son côté sensible (cf. le poème qui existe par delà les siècles, etc.) ; ici l’oeuvre d’art n’est pas une réalité comme les autres car elle est sensible mais intemporelle en même temps, car empreinte de spiritualité ; elle est alors, contrairement à ce que pensait Platon (que l’on peut convier dans cette partie, même si c’est pour le réfuter !), plus réelle que les autres réalités, si par réalité on entend ce qui résiste aux changements continuels du "monde des apparences" (on le voit, j’insiste, Platon pouvait ici être très utile ! cf. distinction conceptuelle monde réel-monde des apparences)
III- Possibilité de s’interroger sur le statut "spécial" accordé à l’oeuvre d’art : on sous-entend alors que l’oeuvre d’art est l’oeuvre d’un génie, mais le "génie" existe-t-il ? et vaut-il encore de l’art contemporain ?
- interrogation sur le génie artistique (cf. fiche et cours sur l’art : Kant en fait de belles analyses)
- interrogation sur ce qui fait le statut à part des oeuvres d’art aujourd’hui, au sens où on interrogera l’art contemporain : ne sommes-nous pas souvent en face de réalités comme les autres, cf. Fontaine de Duchamp qui est un urinoir estampillé par l’artiste et déposé au musée, cf. Andy Wharol, etc.
- on pourrait dire comme dans II que ce qui fait quand même que l’oeuvre d’art n’est pas une réalité comme les autres c’est qu’elle est inscription d’une idée (Aristote dirait "forme") dans le sensible, dans la matière. C’est bien l’humanisation de la nature qu’elle nous donne à voir, ou qui est à l’oeuvre ici. Mais aussi la preuve que chez l’homme l’esprit rencontre la nature et n’est pas si opposé que cela au naturel, dont il a besoin pour exister !