Ça y'est, enfin ! Après avoir écumé tous nos tests produits et passé des heures sur le forum à essayer de choisir entre ceux qui te disent que le Maréchal JDD 487 reissue anniversary relic limited handwired masterbuilt est le meilleur ampli du monde et ceux qui argumentent dur comme fer que le firmware bêta 40,365 révision B option X du Hiluxe de chez Zigzag9 avec les impulses de chez Zgouniov Drankulovic pouvait allègrement imiter n'importe quel matériel, tu as enfin ta guitare top, ton ampli top, tes effets top ! Fébrile, tu te demandes si tu vas commencer par enregistrer la démo de ton groupe qui a 3 répètes ou te filmer en train de faire une cover très originale d'un morceau pop ou d'une pièce de classique. Tu te jettes sur ton ordi... Et là, c'est le drame. Tu n'y as jamais pensé, mais toi qui as été jusqu’à mettre 100 balles dans un câble haut parleur, tu tentes maintenant de partager avec un auditoire impitoyable la qualité de ton son de guitare via l'entrée micro d'un misérable chipset son de carte mère. Ça craque, ça souffle, et la moindre tentative d'édition sur ton Cubase piraté se solde par des plantages que tu n'as pas connus depuis que tu surfais sur des sites coquins sans antivirus. Heureusement pour toi, je suis là et Focusrite m'a prêté pas moins de cinq des interfaces audio de sa gamme Scarlett pour que je les teste et puisse te dire si elles vont te sauver la vie !
Focusquoi ? Focusrite !
Alors évidemment tu connais l'historique des Telecaster par cœur, mais Focusrite, c'est juste un truc dont tu as vaguement entendu parler chez ton nolife de claviériste, sans plus. C'est une marque de matériel audio de studio très réputée, née au milieu des années 80 en fabriquant plutôt des gros préamplis micro. Depuis une dizaine d'années et le rachat de la marque Novation, ils se sont mis à fabriquer également des interfaces audio avec l'approche de mettre à disposition leur savoir-faire de studio à tous les publics.
Ainsi la gamme d'interfaces Scarlett comprend 6 modèles de 99 à 450€, dotés d'options variées que nous allons détailler, tout du moins pour les 5 premiers modèles, ceux en format dit "desktop"
Alors oui Scarlett ça veut dire écarlate. On se serait douté d'un truc dans le genre.
Je vois rouge
Au déballage, l'ensemble des interfaces force le respect par ses boîtiers en aluminium brossé rouge du plus bel effet. L'assemblage est très soigné, seuls les boutons à levier des trois "petites" de la gamme me semblent avoir un petit peu de jeu. Les potentiomètres de gain et de volume sont doux et agréables à l'usage. J'apprécie toujours un gros bouton pour le master volume, ce qui permet un réglage plus fin que, soit "même mon chat entend rien", soit "le village a fait une pétition pour brûler mes enceintes".
Un tour d'horizon des connectiques nous renseigne assez rapidement sur ce qui fait la différence de gamme entre tous ces modèles :
La petite Scarlett Solo est dotée du minimum : une entrée micro, une entrée guitare, une sortie casque et des sorties RCA (bouêêêêrk) pour les moniteurs
La Scarlett 2i2 reçoit 2 entrées combo (une prise combo est une prise qui peut accueillir soit un XLR soit un jack) et les sorties RCA sont remplacées par du jack.
La Scarlett 2i4 reçoit en plus des entrées/sorties MIDI et 2 sorties supplémentaires (en RCA)
La Scarlett 6i6 reçoit 2 entrées supplémentaires non pré-amplifiées en format jack à l'arrière, une seconde prise casque, les 4 sorties passent exclusivement en jack et l'on voit apparaître des entrées/sorties numériques au format S/Pdif
Enfin la Scarlett 18i8 reçoit 4 entrées combo en façade, 4 entrées non pré-amplifiées à l'arrière, fait disparaître 2 sorties analogiques mais reçoit une entrée digitale en fibre optique.
Le jeu des 5 différences...
Alors oui, dans la dénomination des machines, on peut être perplexe pour la 6i6 et la 18i8 car on ne voit pas apparaître physiquement le nombre d'entrées/sorties stipulé dans le nom et la description. C'est simplement parce que ce nombre inclut les canaux d'entrées numériques S/Pdif et optiques. Attention donc à ne pas espérer pouvoir, par exemple, enregistrer directement 18 canaux de prises live de ton groupe avec la 18i8 sans lui adjoindre un/des préamplis micros supplémentaires avec conversion numérique !
On notera également que sur ces deux plus grosses interfaces, l'utilisation d'un transformateur est indispensable et que ce que l'on gagne en puissance et en options nous fait perdre un petit peu en nomadisme. Également, sur ces deux modèles, disparaissent les switches de façade car la gestion des paramètres se fait de manière logicielle, comme nous allons le voir une fois les machines branchées.
Vous reprendrez bien un peu de rouge ?
Après avoir, comme il est de mise avec ce genre de matériel, téléchargé et installé les pilotes et logiciels utilitaires, je branche une des Scarlett. L'installation et la reconnaissance se font sans aucun souci.
Parmi les petits détails toujours sympathiques, je note qu'à la place de la traditionnelle LED indiquant que l'on sature l'entrée, Focusrite a doté ses potentiomètres de gain d'entrée d'un cerclage lumineux qui change de couleur selon le niveau du signal d'entrée, ça ne remplace évidemment pas un bon vumètre mais c'est à la fois très visible et passablement stylé !
Sur les trois petites de la gamme, tous les réglages se font en façade avec les switches déterminant le type de matériel que nous faisons entrer sur l'interface, l'alimentation fantôme pour les micros statiques, les boîtiers de direct et le monitoring. J'apprécie fortement qu'aucun bouton ne se trouve sur la face arrière, c'est un détail mais tous les constructeurs ne prennent pas en compte ce confort d'utilisation.
Sur leurs deux grandes sœurs, j'ouvre le logiciel Focusrite Control pour accéder aux réglages. Les possibilités de router les entrées/sorties en monitoring direct indépendant ou pas sur les différentes sorties y compris le(s) casque(s) sont très utiles et le logiciel est très instinctif ! Il faudra compter moins de 5 minutes pour adapter la Scarlett à votre session de travail.
Eh oui, j'avais un fond d'écran assorti aux Scarlett. Gni.
Alors, Scarlett (johan) sonne ?
Comme vendu par le constructeur, la qualité des entrées et sorties semble égale pour tous les modèles de la gamme, seule la quantité et les fonctions changeant. Par rapport à ma vénérable Steinberg UR22, les préamplis semblent faire preuve de plus de clarté et de moins de bruit de fond, rappelant le savoir-faire de Focusrite sur cette partie du matériel ! J'ai pu également pousser les levels du master et des sorties casque sans entendre le moindre souffle. A noter, car ce n'est pas systématique, que les prises casque ont suffisamment de réserve de gain pour gérer des anciens casques à l'impédance exotique comme mon vieux mais respectable AKG K-240 "monitor".
J'ai pour finir lancé un benchmark simple pour vérifier comparativement la capacité de calcul des Scarlett, avec pour référence ma carte Steinberg UR22 encore une fois. (À titre indicatif et pour les nerds de service, ma machine est un Core 2 Quad avec 8Go de DDR3 tournant sous Windows 10).
J'ai donc ouvert une session de Cubase 7 64bits en 48Khz 32 bits flottant et ai enregistré un passage de guitare sur lequel j'ai ouvert un plug-in de simulation guitare (Peavey Revalver 64 bits). J'ai ensuite dupliqué cette piste jusqu'à mettre le processeur et les DSP en surcharge !
Les résultats sont sans appel encore une fois sur le contrat de Focusrite : une Scarlett Solo ou une 18i8 sont capables de gérer la même quantité de process, à savoir que j'ai donc pu faire tourner 24 instances de Revalver avec un buffer réglé à 64 samples et donc une latence inférieure à 4ms. A réglage équivalent, la Steinberg fait quasiment jeu égal avec 23 instances. Je note toutefois que les Focusrite peuvent afficher des valeurs de buffer descendant jusque 16 samples avec donc une latence de moins de 2ms, soit totalement négligeable. Avec ces réglages, les Scarlett font encore tourner sans craquement 13 instances de notre plug-in.
Oui, il y a plus poussé comme benchmark, mais on va laisser ça à ton claviériste. Il adore ça !
CONCLUSION
J'aurais volontiers omis d'en remettre une dans le carton qui va repartir chez l'importateur ! Sans bien entendu aller faire concurrence à des produits ultra pro qui valent 10 fois leur prix, cette série d'interfaces met à la porté de monsieur tout le monde, tant par sa qualité que par son ergonomie bien pensée, un outil permettant un travail d'enregistrement sérieux et de qualité, avec une gamme plutôt exhaustive qui satisfera aussi bien le soliste nomade que celui qui a besoin d'un système ouvert et évolutif pour gérer plusieurs musiciens et des matériels tiers.
La cerise sur le gâteau étant que, vraiment, elles ont une gueule d'enfer !
Donc ben te voilà sauvé mon ami, tu sais ce qui te reste à faire pour être la prochaine star des réseaux sociaux, aller acheter, enregistrer, et... ah oui, oublie pas de bosser ton jeu quand même ! FOOORCE ROUGE !
LES PLUS
- - Ergonomie
- - Qualité/prix
- - Esthétique soignée
LES MOINS
- - Attention à vérifier que les spécifications sont conformes à vos attentes
- - Je peux pas en garder une ? Rhooo...
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