Comment est-ce que tu t’es retrouvé à faire un album en Grèce ?
Joe Bonamassa : J’avais besoin de changer d’air. J’avais fait mes trois précédents disques à Malibu et je voulais aller ailleurs. J’ai reçu une offre pour aller enregistrer en Grèce et j’ai sauté sur l’occasion. Nous avons passé vraiment de bons moments là-bas car c’est un endroit qui m’inspire beaucoup. Je pense y retourner en août rien que pour mon plaisir !
Tu n’avais pas l’impression d’être en vacances lorsque tu bossais sur Black Rock ?
Joe Bonamassa : (rires) Non car je suis un gros bosseur, avant tout. Je devais enregistrer un album ambitieux en un mois donc il ne fallait pas chômer. Je ne me sentais pas en vacances mais cela ne m’empêchait pas d’être à l’aise dans un cadre agréable.
Quelques titres du disque comportent des instruments folkloriques grecs. C’était un choix « opportuniste » ou mûrement réfléchi ?
Joe Bonamassa : Je ne vais pas mentir : je ne les aurais pas inclus sur le disque si j’avais fait le disque à Londres. Néanmoins, avoir ces musiciens a rendu le disque plus cohérent avec l’ambiance que je souhaitais lui donner. En quelque sorte, leur présence a cimenté le son de l’ensemble. Leurs interventions donnent des textures et des nuances typiquement grecques à la musique et c’est ce qui est excitant.
Les reprises sur tes disques sont généralement une des surprises que les fans affectionnent. Sur Black Rock, on peut noter la présence de « Bird On A Wire » de Leonard Cohen. C’est un choix assez surprenant pour un bluesman…
Joe Bonamassa : L’idée était de faire un truc très ambitieux sur le disque. Et puis après tout je suis catalogué comme un joueur de blues mais en fait je n’ai rien de très blues… Je voulais donc montrer à travers une chanson « risquée » que le blues est avant tout un état d’esprit. Black Rock est un disque plutôt rock dans son ensemble et il fallait une coupure douce, poétique et émotionnelle à un moment ou à un autre. Tout cela m’a donc fait penser à « Bird On A Wire » dont les paroles sont exceptionnelles.
Est-ce que tu as déjà entendu la fameuse reprise par Johnny Cash ?
Joe Bonamassa : En fait, je n’ai entendu la chanson que deux fois et il s’agissait d’une version live par Leonard Cohen. J’ai pris les paroles sur le net et je ne voulais absolument pas entendre d’autres versions de la chanson car je voulais réécrire le morceau à ma sauce. Dans ces cas-là, il vaut mieux ne pas être trop influencé par l’extérieur. Le but est de faire une nouvelle version d’une chanson, surtout pas de copier d’autres copies existantes…
Tu mentionnes les paroles qui t’ont particulièrement plu. Cela t’arrive souvent d’accrocher à une chanson par ce biais-là ?
Joe Bonamassa : Je ne sais pas… Pour « Bird On A Wire », c’est surtout que je l’ai immédiatement entendue comme une chanson entre le blues et la valse avec un final en apothéose.
Une autre reprise est « Spanish Boots » de Jeff Beck qui est une de tes toutes premières idoles musicales…
Joe Bonamassa : Totalement. Beck Ola et Truth sont vraiment des albums de blues de référence. En tout cas pour moi. Ma reprise de « Spanish Boots » avait été enregistrée en 2007 mais elle n’était pas finie. Je n’avais jamais ni le temps ni l’occasion de m’y replonger pour la finir. Lorsque Kevin Shirley a construit son propre studio à Malibu, il a farfouillé ses archives et trouvé des prises de « Spanish Boots ». Nous avons tous les deux été surpris en bien par la qualité du titre. Le lendemain, j’ai posé quelques plans de guitares et quelques lignes vocales en plus et la version que vous connaissez désormais était en boîte ! Nous pensions l’utiliser comme titre bonus pour le Japon mais c’était tellement bon que nous l’avons gardée pour que tout le monde puisse l’entendre.
Parlons maintenant de ce que tout le monde considère comme le temps fort de Black Rock : le duo avec B.B. King. Comment t’es-tu retrouvé avec cette légende sur ton disque ?
Joe Bonamassa : C’est un gars super. Je ne pourrai jamais assez le remercier pour ce qu’il a fait pour moi. J’ai eu beaucoup de chance avec les invités. J’ai invité Eric Clapton et il est venu pour mon concert au Royal Albert Hall. Pareil pour Steve Winwood qui est un autre de mes héros. Je me suis dit « pourquoi pas continuer ? Ça a l’air de bien marcher ! Je vais inviter mon pote B.B. King et puis après peut-être que Lewis Hamilton me laissera conduire sa F1 ! » (rires) B.B. King devait jouer sur une de ses chansons car il n’avait pas le temps pour apprendre un de mes titres. Nous avons parlé de choses et d’autres et après nous avons bossé sur cette version de « Night Life ».
Quant aux cinq morceaux originaux du disque, il me semble que tu as cherché à faire des titres plus rock. C’est bien ça ?
Joe Bonamassa : Oui. Je voulais faire comme si j’avais de nouveau 18 ans et retrouver une approche un peu plus sale. Depuis quelques temps, je joue dans des endroits immenses et hyper classes. Je me baladais partout avec une valise remplie de chemises blanches et de costards. C’est un peu une réaction vis-à-vis de ça. Je me suis retrouvé en Grèce à faire comme si j’appartenais à un groupe de rock (rires). Je dirai que le credo était : « faisons comme s’il s’agissait de mon premier disque. Que dois-je faire pour que les gens me remarquent ? »
Parmi tes cinq compositions, quelle est ta préférée ?
Joe Bonamassa : « When The Fire Hits The Sea » car elle est musclée, anglaise et sale. C’est paradoxal. C’est comme si des Anglais jouaient dans un coin paumé du Sud des Etats-Unis. Voilà qui serait intéressant !
Joe Bonamassa – Black Rock
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