Freak Kitchen, de l'Inde au FreakLand

Publié le 09/02/2010 par la rédaction
On n’avait pas l’habitude d’attendre Freak Kitchen. D’ordinaire très prolifique, le groupe s’était fait oublier – sur scène et en studio – pendant plus de quatre ans ! L’arrivée de Land Of The Freaks nous rappelle combien le rock hystérique et bougrement technique de ce trio suédois est indispensable à quiconque voulant placer ses journées sous le signe de la bonne humeur. Une bonne humeur qui passe d’abord par son leader, l’authentique pile électrique qu’est Mattias Eklundh. Ça tombe bien, il a choisi de s’exprimer dans nos colonnes pour annoncer son retour !
Quand on passe deux jours à faire de la promo non-stop comme toi actuellement à Paris, j’imagine que peu de gens te disent que ton disque est mauvais…
Mattias Eklundh : C’est vrai (rires). Mais il y a toujours les internautes no-life qui viennent poster des trucs sur notre site pour dire que nous sommes nuls ! (une intervention de l’attaché presse nous interrompt : ils se mettent à parler du Virgin Megastore des Champs-Elysées) J’adore aller au Virgin quand je passe à Paris !

Que vas-tu y chercher ?
Mattias Eklundh : Il faut que je vérifie ma liste ! Je ne viens jamais à Paris sans ma liste pour le Virgin ! J’y trouve des trucs que personne d’autre ne vend. J’espère que la crise économique n’affecte pas trop leur sélection musicale qui est toujours excellente. Je veux le dernier album de Sylvain Luc. Je cherche aussi quelques trucs de Dean Martin assez introuvables. Du Stravinsky aussi. Plein de trucs bizarres, quoi (rires) !

Chaque album de Freak Kitchen possède quelques « hits ». Quelles chansons remplissent ce rôle à ton avis sur Land Of The Freaks ?
Mattias Eklundh : Ce ne sont pas des hits au sens « passages radio », d’accord ? Je pense que « Teargas Jazz » sera un classique du groupe. A mon avis, un truc comme ça n’a encore jamais été fait. Il y a une véritable interaction entre de la musique carnatique indienne et du bon vieux heavy metal qui en fait un morceau original. Nous avons des guests de premier plan sur ce titre qui nous apportent une vraie plus-value. La chanson est en majeur – contrairement à pas mal de titres de metal qui sont en mineur car jugé plus « méchant » – et pourtant il se dégage un truc assez noir lié à la musique indienne. « Teargas Jazz » et « OK » sont mes deux titres préférés actuellement car du point de vue de la production ce sont de belles réalisations. Ce sont des titres de six minutes et plein de choses peuvent les faire rater. Le boulot du producteur était de faire en sorte que tout reste sur des rails.

Tu parles souvent de ta musique comme étant du heavy metal. Tu penses vraiment que c’est la meilleure façon de la décrire ?
Mattias Eklundh : Probablement pas… Tu as raison. Mais nous avons tout de même pas mal de passerelles avec ce courant : des guitares accordées assez bas, pas mal de distorsion, une batterie puissante, etc. Nous sommes un groupe de metal qui a son propre style, en quelque sorte… Les gens qui accrochent à Freak Kitchen en sont généralement raides dingues. Les autres s’en foutent ! C’est un état d’esprit. C’est la même chose pour moi par rapport à la musique indienne : il m’est impossible de la délaisser maintenant que je m’y suis initié. La première fois que je suis allé en Inde, j’ai eu la diarrhée (rires). Ça crée des liens. J’ai convaincu ma femme de m’y rejoindre aussi et je lui avais expliqué que ce voyage lui changerait la vie. Je ne lui ai pas menti puisqu’elle a attrapé un parasite (rires) ! Ça change la vie, un parasite.

Le fait de faire une musique qui vous est propre n’a peut-être pas que des avantages. En effet, les gens s’attendent à « du Freak Kitchen » en vous écoutant. Il faut qu’il y a du délire, des mélodies pop, des textes marrants et tout un tas d’éléments prédéfinis… Je serais curieux de voir les réactions si vous changiez vraiment d’approche dans votre musique… Pas toi ?
Mattias Eklundh : En fait, tout ceci ne m’intéresse pas vraiment. Je viens d’avoir quarante ans. Je suis un vieil homme ! Si je meurs demain, les journaux écriront : « un homme d’âge moyen vient d’être écrasé par un camion à Paris. Il avait néanmoins réussi à acheter de nombreux objets au Virgin Megastore. » J’ai quarante ans et je n’ai plus l’envie de prétendre que je suis quelqu’un d’autre. Land Of The Freaks est exactement comme je veux qu’il soit et cela n’est absolument pas le résultat d’un quelconque compromis. Si j’ai de nouveau envie de jouer avec un vibromasseur, je le ferai. Si je ne le fais pas et que les gens sont déçus, je n’y peux rien… Je ne veux pas devenir un clown. Même si je suis parfois – euh, souvent, plutôt – incontrôlable quand je vois un micro, il m’arrive d’être quelqu’un de calme. Je suis totalement indépendant et libre dans ma musique et c’est génial.



Tous ceux qui t’ont parlé savent que tu es assez délirant et que tu as le mot facile. Est-ce que cela te facilite la tâche pour l’écriture des paroles des chansons de Freak Kitchen ou est-ce qu’au contraire ça te complique les choses ? C’est amusant de constater que tu y dis beaucoup de choses en peu de mots… Exactement le contraire de ce que tu fais en vrai (rires) !

Mattias Eklundh : Exactement ! Il faut savoir se limiter à des trucs punchy et directs. Des titres de chansons comme « Teargas Jazz » ou « Honey You’re A Nazi » montrent bien cela. Il faut arriver à comprimer son esprit pour parler d’un sujet qui tient à cœur. J’écris mes paroles en faisant de longues promenades dans les bois suédois avec mon chien français et mon dictaphone. Je passe beaucoup de temps sur les paroles pour que ça coule bien et que j’exprime correctement ce que je cherche à dire. Evidemment je sais d’avance que je serai incompris. « Est-ce que tu aimes les Musulmans, Mattias ?... Ah ! Alors tu les détestes !... Est-ce un nazi ?... Non ?! Oui ?! » (rires) Je parcours le monde et cela m’inspire, forcément. Un jour je prends un café en Indonésie et la semaine suivante le bar est victime d’un attentat pendant que je suis en train de m’amuser dans les geysers d’Islande. J’étais en vol lorsque la guerre d’Irak a commencé. Je croyais que c’était des éclairs mais en fait non… J’étais à Taïwan quand l’épidémie de SRAS a commencé… C’est ainsi, avec ce désir de voyager et de profiter, que j’ai pu parler d’un truc sérieux comme le trafic d’organes. Ici en Europe de l’Ouest on ne se rend pas toujours compte de ce qu’il se passe ailleurs et de la gravité des situations. D’accord, on peut se faire poignarder à Paris mais ça reste une ville sûre à l’échelle du monde !

A quand une chanson avec Mattias qui rappe ?
Mattias Eklundh : Je pense que je serai très mauvais ! Rythmiquement je pense que j’assurerais mais je n’arriverais pas à me dépêtrer des paroles à la « Yo, wassup, you gonna yo yo yo ! » (rires)


Freak Kitchen – Land Of The Freaks
Roadrunner
www.freakkitchen.com 

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