Recu par email, un message touchant du label Brennus et Renaud Hantson .
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Je vous envoie ce communiqué aujourd’hui car j’ai une bien triste nouvelle. Certains d’entre vous me connaissent pour les trois albums que j’ai sortis dans les années 80 avec mon groupe de heavy metal SATAN JOKERS, d’autres me connaissent à travers mes sept albums solo plutôt pop-rock ou encore « Starmania », « La légende de Jimmy » et « Notre Dame de Paris », les trois comédies musicales auxquelles j’ai participé. Certains savent qu’en ce moment je m’ennuie lorsque j’allume la télé ou la radio et que j’ai décidé de rejouer de la batterie tout en chantant avec un projet parallèle baptisé FURIOUS ZOO. Certains savent également que le 16 septembre sortira un « Best Of Live » de SATAN JOKERS, un disque attendu par beaucoup de musiciens et aussi de fans du metal français des années 80.
Ce disque aurait dû être une fête car, même si notre musique était parfois naïve, elle était en tout cas avant-gardiste dans sa violence et son énergie. Cette originalité venait pour beaucoup de Laurent BERNAT, le bassiste et mon partenaire co-fondateur du groupe, qui à lui tout seul a (nous sommes beaucoup à le penser) littéralement inventé ce qu’on appellera plus tard la « fusion ». Hier, j’ai voulu prévenir Laurent que j’ai produit près de 20 ans après un live de SATAN JOKERS. Je n’ai plus de contact avec les membres du groupe et j’ai composé le numéro de quelqu’un de sa famille qui m’a annoncé que Laurent était mort il y a presque un an.
Pas un mot dans la presse rock, pas une ligne sur son décès, pas un hommage pour parler de celui qui jouait il y a 20 ans comme tous les bassistes de rock, de hard, de metal prog, de néo voudraient jouer aujourd’hui. Cela n’a rien d’étonnant car si Laurent BERNAT était pour beaucoup une star avec son instrument, il avait complètement quitté le circuit musical pour essayer de soigner les vices qui l’ont empêché de vivre de son art et de rester à mes côtés : la drogue et l’alcool. Plutôt rock’n’roll comme histoire, non ? Mauvais coup ou overdose à Nice l‘été dernier, une mort idiote, inutile, comme toutes les morts de ceux qui ont encore quelque chose à dire, à prouver, à créer.
Laurent BERNAT était le meilleur bassiste de sa génération. Nous nous sommes rencontrés au lycée, j’ai monté SATAN JOKERS avec lui, il était le rock’n’roll avec ses bons côtés et ses excès. Il était mon ami et il me manque. La pochette du SATAN JOKERS live était déjà imprimée lorsque j’ai appris sa disparition et je voulais simplement vous dire que pour moi, malgré la fierté à sortir ces bandes, la fête n’est plus tout à fait la même.
Salut Laurent. Il est pour toi ce « Best Of Live » de SATAN JOKERS. Tu aurais rigolé avec les tombes sur la pochette car tu aimais choquer. Allez, si tu as rejoint Jaco PASTORIUS, ton idole, et HENDRIX, BONHAM ou Phil LYNOTT, fais-leur écouter l’album, je suis sûr qu’ils vont te trouver génial.
Je pense à toi.
Renaud Hantson
Le 9 septembre 2005