David Crosby

Alors de prime abord, il n'y a pas de sujet sur ce monstre de la folk qu'est David Crosby. Si je me trompe, je veux bien ranger cet avorton de sujet immédiatement.

Biberonné à Neil Young, écoutant d'une seule oreille le CSNY, je n'avais jamais vraiment prêté attention au hippie de la bande. Mal m'en a pris, car je le découvre depuis quelques semaines et je suis en train de me prendre un grand coup dans les certitudes gingivales (rien à voir avec le vagin).

En fait, ce monsieur qui s'approche dangereusement de sa huitième décennie a commis un splendide album récemment, qui s'écoute d'un trait, tant les perles jalonnent le sillon creusé par le vieux chanteur.

J'apprécie son folk qui sort complètement des sentiers battus. J'en viens à trouver en comparaison son compère Young très convenu et assez pauvre harmoniquement. Ce n'est certes pas un instrumentiste, mais la guitare ne le quitte jamais. Et ce sont toujours des compositions éminemment guitaristiques qu'il produit. De la belle guitare intelligente, exploitant des choses simples mais tellement pertinentes.

Pas de batterie ou presque pas. Des voix à foison.

Et puis le monsieur écrit. Je me suis encore très peu penché sur ses textes, mais ce que je capte me semble très puissant, une forme de réflexion sur l'individu perdu dans des temps troublés: des textes dont l'engagement ne lâche rien à la poésie.

Et puis l'homme semble vivre en accord avec ses principes: il me paraît très peu égocentré, produisant toujours en collaboration, mettant en avant les 3 autres musicien.ne.s avec qui il constitue, comme le CSNY (mais avec un bon paquet d'ego et de tensions en moins) un collectif égalitaire d'individus.

Bref, une belle personne, un magnifique song writer et un guitariste intéressant pour celui qui pense plus harmonie subtile que mélodie véloce.

J'arrête cette introduction de profane. N'importe quel connaisseur de David Crosby fera bien mieux que moi. Donc désolé pour la candeur et la superficialité de mon bout de texte. Mais l'artiste méritait un petit coup de projecteur.

Voici quelques vidéo en vrac de sa dernière tournée, sans vraiment sélectionner.
Je vous conseille son dernier album studio que je n'ai pas trouvé sur youtube (pas net le David) : Here If You Listen





A vous!

Ah! j'oubliais: voici la cause de mon retour sur le monsieur (je n'ai pas tout écouté).

https://www.franceinter.fr/emi(...)-2018

https://www.franceinter.fr/emi(...)-2018

https://www.franceinter.fr/emi(...)-2018

Plus qu'un membre de CSN&Y et au delà de son improbable actualité discographique (à son âge), David Crosby restera pour moi avant tout l'autre chanteur, guitariste et compositeur des Byrds, groupe duquel il fut viré pendant l'enregistrement de leur 5ème album "Notorious Byrd Brothers", fin 67.

Ici, une de ses compos sur l'album "Fith Dimension"


Là encore une de ses chansons sur l'album "Younger than yesterday"


Enfin, la chanson qui causa (entre autres griefs) son départ des Byrds, car elle fut rejetée au profit d'une reprise, "Going back" et dont le sujet est à propos d'une relation amoureuse... A trois...


Sinon, ceux qui ont lu "Stoned", la bio d'Andrew Loog Oldham, manager des Stones durant les 60's, se remémoreront aussi sûrement avec un certain amusement les quelques lignes savoureuses consacrées à Crosby.

Dans cet interview pour Acoustic Guitar Magazine, il parle de son amour pour les guitares Martin.

Mais aussi de l'accordage qu'il utilise, comme sur "Guinnevere" : E-B-D-G-A-D

Merci David pour l'éclairage bienvenu sur la première vie de Crosby. Ne voulant pas rédiger un roman en guise d'introduction, je m'étais concentré sur l'actualité de l'artiste.

Mais toutes les périodes peuvent être abordées, même ses rares lives calamiteux des années 80-90. D'ailleurs, quand tu parles de récits savoureux, c'est en rapport avec une consommation effrénée de drogue?
Deuxième question naïve: j'ai eu un flash en pensant au personnage joué par Denis Hopper dans Easy Rider: est-ce que la ressemblance n'existe que dans ma tête ou ce personnage c'est lui?

Et merci pour la vidéo, Yul. En effet, les guitares Martin ont ce truc qui magique, que nulle autre guitare possède, qui donne envie de jouer.

Si on veut. Dans le cas de Oldham, lors d'une fête à Bel Air, il lui a refilé du STP, un puissant et dangereux hallucinogène, sans vraiment lui dire ce que c'était et, bien qu'il n'ait gobé que la moitié du cacheton proposé, le manager des Stones a gardé de l'expérience une rancune tenace envers le sieur Crosby...

Il raconte l'anecdote dans ces quelques pages (334 à 339) :
https://books.google.fr/books?(...)false

Crosby a dit plusieurs fois que le personnage était inspiré de lui, effectivement

Je ne connais quasiment rien de David Crosby (honte à moi), mais son aver dernier opus, avec l'équipe à la base de Snarky Puppy m'a beaucoup plu.

Un joyau composé par David Crosby :

Southern Man

Bon... OK c'est une chanson de Neil Young (sur After the Gold Rush, 1970) et pas de David Crosby.
Ici interprétée en live avec CSN le 5 juin 1970 au Fillmore East, moins de deux mois avant que le groupe ne se sépare.

Je connais peu de performances live aussi intenses.
- Compo et arrangements géniaux.
- Texte engagé sur l'esclavage et la ségrégation dans le Vieux Sud.
- Que Young chante (hurle) vraiment avec son cœur et ses tripes.
- Le bassiste est un OVNI (Greg Reeves, une composante importante du "son" de CSNY et de After the Gold Rush).
- Et Stephen Stills est un génie. Encore aujourd'hui, bien que laminé physiquement par des décennies de fureur alcoolique et toxicomaniaque (sa voix notamment), et à moitié sourd, il n'a rien perdu de son jeu. Tout comme Crosby d'ailleurs : on dirait qu'il a 100 ans, mais il joue et chante encore très bien (et très haut !) et il a toute sa tête. Ils reviennent de loin ces deux-là, je me souviens dans les années 90, on disait qu'ils ne passeraient pas l'hiver.

Merci Le Corbusier. Fabuleux!

Il y a quand même un truc qui me fascine chez eux, c'est cette approche de la musique. J'ai de la peine à mettre des mots sur mon sentiment, c'est quelque chose de très fondamental.
Alors en étant bref et caricatural, j'ai toujours l'impression qu'ils se sont mis au point 3 secondes avant de commencer le morceau et monter sur scène (alors la grille c'est ça, je chante les 3 premiers couplets-refrain, ensuite tu fais un solo, ensuite je reprends, etc..) Et qu'en fin de compte cela fonctionne à l'énergie. Ce qui donne l'impression magnifique qu'ils jouent chaque fois leur vie sur scène.

La spontanéité :
- Inhérente d'une part à l'esprit avec lequel on interprétait et écoutait la musique en public à cet époque. Très peu de "show", de décor, d'éclairage. Le public venait écouter une œuvre artistique : de la musique et des mots. Pas pour se divertir devant un spectacle. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.
- Inhérente d'autre part à leurs personnalités.

Malheureusement, sur le film la chanson est amputée d'un long segment, assez grossièrement d'ailleurs, le raccord est vraiment sale.

Mais ! J'ai le bootleg audio et la chanson dure 11'20".
4 & 5 juin 1970, Fillmore East NYC, Bill Halverson Tapes (soundboard), très bonne qualité
Le reste du concert du 5 juin est du même tonneau.
Ils sont passés dans cette salle du 2 au 7 juin 1970.
Avec le 7, les Who en première partie. Dylan a assisté à un des concerts.

Ah je connaissais pas cette version !

Le délire quand j'ai découvert la version du 4th Way Street. Dans mon top 3 des morceaux live les plus dingue que j'ai pu écouter pour le moment. Et pour rester dans le thème, dans le double LP il y a une superbe version de The Lee Shore par ailleurs.

Effectivement, le raccord est immonde par contre

La version du 6/6 dure 15 mn, suivie d'un Carry On de plus de 17mn !

Du 6/6 ? Kesako ?