Voici mon interview, réalisée le 31 janvier 96 au club Dunois à Paris, avec Marquis Marky, batteur et parolier du groupe.
Q: Ma première question n'a rien à voir avec la musique; que penses-tu d'internet?
R: Ça m'intéresse beaucoup, on a la possibilité de communiquer avec des gens du monde entier et jusqu'à maintenant ce n'est pas très cher donc c'est vraiment sympa. On est tombé sur une page sur Coroner d'un mec en Arkansas, aux USA, c'était très cool. T'es dans l'informatique?
Q: Non! en fait cette interview est pour un webzine, Chaotik.
A ton avis pourquoi n'avez vous pas eu le succès que vous méritiez?
R: Bien! Il y a plusieurs raisons, par exemple la musique que l'on joue: ce n'est pas vraiment fait pour le grand public. Certains ne l'aiment pas parce qu'elle est compliquée, d'autres parce qu'elle est trop "heavy". Pour toucher plus de monde il aurait fallu qu'on fasse autre chose. L'une des autres raisons est que l'on a pas eu de soutien de notre maison de disques durant ces 5 dernières années. On a aussi eu des problèmes de management.
Q: Est-ce que c'est difficile d'arrêter?
R: Naturellement. Ca fait 8 ou 9 ans qu'on joue ensemble, ce n'est pas facile d'arrêter du jour au lendemain mais on n'avait pas vraiment le choix: les choses n'allaient pas bien, on ne pouvait pas continuer dans ces conditions, c'était chiant, pas dans cette maison de disques en tout cas. On a atteint un point au delà duquel ce n'est plus possible de continuer, de plus on voulait passer à autre chose.
Q: Tu regrettes quelque chose?
R: Non, pas vraiment, peut-être le fait d'avoir signer dans le mauvais label.
Q: Et à propos des compos, notamment sur le premier album?
R: On n'aime pas tous les titres, ce qui est problématique, mais on les joue quand même car les fans ont envie d'entendre des morceaux des 3 premiers albums. Ça fait parti du passé, on n'a pas envie de se répéter inlassablement, on préfère les dernières compos.
Quand R.I.P est sorti c'était un bon album pour l'époque mais aujourd'hui il est dépassé, on ne l'aime vraiment pas. Il y a certains titres qui passent mais dans l'ensemble on ne l'aime pas.
Q: Pourquoi ne tournez vous qu'un an après la sortie du dernier album?
R: Tout d'abord on ne voulait pas faire de tournée. Le dernier show qu'on a fait en France aurait dû être le dernier, euh non en fait on a fait une dernière date en Suisse.
Beaucoup de fans nous on demandé de rejouer, ce n'était pas un problème pour nous alors on a décidé de faire un dernier concert à Zurich.
On a beaucoup répété et on s'est rendu compte que ça représentait beaucoup de travail pour quelques minutes de concert donc on a décidé de faire une tournée en France. Ça devait être en septembre dernier mais on a des empêchements, on l'a reporté en janvier.
On va peut-être faire des dates en Espagne et en Allemagne. De toute façon chaque pays dans lequel on se produira ça sera pour la dernière fois. C'est la dernière fois qu'on joue en France.
Q: Bien parlons maintenant de l'album: comment avez-vous choisi les titres?
R: On a cherché dans notre catalogue des trucs cool; les morceaux qui nous plaisaient le plus.
Q: Pourquoi y avoir inclus une version techno de Grin?
R: J'aime beaucoup la techno mais cette version a été faite par le producteur des nouveaux titres. Il voulait faire un remix, on lui a dit pourquoi pas. Je pense que c'est intéressant de savoir ce que les gens en pensent.
Je l'aime bien. Je peux apprécier la techno mais dans certains cas ça sonne comme étant démodé, la musique que j'écoute est beaucoup plus étrange et moderne.
Je pense que c'est le premier pas d'un mélange de techno et de métal, c'est peut être la première fois que les fans de métal entendent un truc comme ça.
On a fait un remix d'un titre de DAF, Der Mussolini, ça va beaucoup dans la direction que j'aime, c'est bien étrange.
Q: Pourquoi vos textes traitent de sujets bizarres?
R: Parce que c'est intéressant! C'est un choix, en fait tu peux écrire ce que tu veux, tout ce qui te passe par la tête. Tu écris ce que tu veux et personne ne peux te contredire; tu réponds: "mec j'ai révé de ça, c'est exactement comme je te le dit", ca vient peut être de l'herbe ou de n'importe quoi d'autre...
Q: Mais il y a Masked Jackal qui traite de politique?
R: Premièrement je ne m'intéresse pas à la politique, je n'y connais rien et l'autre problème est que je ne sais pas quoi dire aux gens, ce n'est pas à moi de leur dire pour qui voter. Je veux dire que c'est à tout un chacun de se faire sa propre opinion, c'est à eux de savoir ce qui est bien ou mal. En plus il y a trop de groupes qui parlent de politique: "fuck le gouvernement", "fuck la police, l'armée, etc..", ça a été fait des millions de fois, c'est pas mon truc...
Q: Tu voulais une approche différente?
R: Oui ça a été fait trop de fois, la voie que j'ai choisie me permet d'aller où je veux.
Q: De quoi traite Last entertainment?
R: C'est à propos des divertissements à la télé, principalement aux USA, tu sais les Reality Shows, où tu peux voir des gens se faire blesser ou tuer, des descentes de police.
C'est très important la façon dont sont présenté tous ces trucs, je ne suis pas contre le fait que les gens regardent des scènes de meurtres. Tout dépend de ce qu'il y a derrière, beaucoup de ces shows sont faits comme des polars: t'as des pubs et dès qu'elles sont finies tu vois des gars se faire descendre. Ce n'est que mon point de vue mais je trouve ça chiant, les gens regardent ce qu'ils veulent.
Q: Pour finir comment vois-tu ton avenir?
R: Je ne sais pas(rires), je ne sais vraiment. Il y a tellement de choses qui m'intéressent, comme le graphisme et le design(c'est Marky qui réalise l'artwork de Coroner, NDLR). En ce qui concerne la musique, je n'ai pas d'idées, j'arrêterai sûrement la batterie. On verra bien...
Q: Et les autres?
R: Tommy va repartir en tournée avec Stephane Eicher, mais il ne sait pas encore, il bosse sur le prochain album. Ron va reprendre l'informatique.
Q: C'est fini! Merci et bonne chance pour le futur.
R: Merci et bonne chance à toi aussi.
"Sans une faciale de temps en temps, peut-on réellement parler d'amour?", Ben.oît
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