cliclac a écrit :
C’est bien Biosmog mais peut on tout de même réfléchir à l’utilité
réelle de cette pratique, n’est ce pas se plier à un nouveau conformisme ?
Effectivement dans mon métier je n’avais pas à écrire en dehors de quelques courriers purement administratifs, écrire un vrai texte me demande de l’attention, je n’ai pas la plume facile, donc toute complication supplémentaire m’énerve beaucoup, je ne dois pas être un cas isolé.
La langue reflète les rapports sociaux. Ceux-ci ont changé, on est passé de "Monseigneur" pour quelques uns à "Monsieur" pour tous les hommes, puis de "Mademoiselle et Madame" à "Madame" pour toutes les femmes. Je pense que c'est bien qu'on colle à notre époque: aujourd'hui, on visibilise les femmes et la langue en est un véhicule. La maîtrise de la langue a toujours été un outil de sélection et de distinction, mais ça peut aussi être un outil d'élévation. J'écris moins bien que des millions de locuteurs, mais ça ne m'empêche pas d'essayer de m'améliorer. Et je crois que c'est ça qui est important: c'est que la langue reste un outil qui parle du présent et qui donc suscite chez chacun l'envie d'élévation. Figer la langue en la naturalisant, c'est une manière de figer les rapports sociaux, c'est finalement passer par dessus bord ce rôle d'élévation (aucun intérêt d'apprendre à maitriser parfaitement une langue qui ne parle pas de mon présent) pour ne garder que le rôle de distinction et de sélection de la langue (car ça, ça fonctionne très bien avec une langue figée). Ce n'est pas pour rien qu'il y a de la politique derrière ça. Ce n'est pas seulement une opportunité de faire valoir son petit groupe social féminisé (par exemple): c'est aussi avoir une vision conservatrice ou progressiste.
Vous battez pas, je vous aime tous