Le Nécrotopic

Rappel du dernier message de la page précédente :
Le Corbusier
J'aime beaucoup, j'ai beaucoup écouté il y a une vingtaine d'années.
Toujours casse-gueule de tenter de reprendre Bach dans un autre style, mais c'est très réussi.

Fondateur et exploitant du fameux Studio Miraval (pour l'anecdote, dans un château et sur un domaine viticole qu'il a ensuite vendus à Brad Pitt et Angelina Jolie).


rapideyemove


Jean Starobinski.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
Biosmog
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rapideyemove a écrit :


Jean Starobinski.


Je n'avais pas vu passer l'avis ici bas. Un de mes maîtres et ce n'est pas une tournure d'hommage.
Belle photo REM
Vous battez pas, je vous aime tous
rapideyemove
Oui, je savais sa mort inévitable –il aurait eu 99 ans en novembre– mais je dirais bien peu en bafouillant que ce fut également un de mes maîtres, ombre tutélaire, aussi amicale qu’intransigeante.

(Tu as vu les trois bouteilles de vieux porto, pour donner le ton et le feu au regard impérieux et amusé ? 😎 )

Là-bas, dans cette Helvetia idéale –même si elle s’aventure du pays vaudois jusque du côté de Grignan, dans la Drôme– il me reste encore Philippe Jaccottet –bientôt 94 ans– que Staro illustra aussi, dans sa langue exacte et chaleureuse, au début des années soixante-dix :

Oh mes amis d'un temps, que devenons-nous,
notre sang pâlit, notre espérance est abrégée,
nous nous faisons prudents et avares,
vite essouflés –vieux chiens de garde sans grand-chose
à garder ni à mordre– ,
nous commençons à ressembler à nos pères...

N'y a-t-il donc aucun moyen de vaincre
ou au moins de ne pas être vaincu avant le temps ?
Nous avons entendu grincer les gonds sombres de l'âge
le jour où pour la première fois
nous nous sommes surpris marchant la tête retournée
vers le passé, prêts à nous couronner de souvenirs...

N'y a-t-il pas d'autre chemin
que dépérir dans la sagesse radoteuse,
le labyrinthe des mensonges ou la peur vaine ?

Un chemin qui ne soit ni imposture
comme les fards et les parfums du vieux beau,
ni le geignement de l'outil émoussé
ni le bégaiement de l’aliéné qui n'a plus de voisin
qu'agressif, insomniaque et sans visage ?

Si la vue du visible n'est plus soutenable, si
la beauté n'est vraiment plus pour nous
–le tremblement des lèvres écartant la robe–,
cherchons encore par-dessous,
cherchons plus loin, là où les mots se dérobent
et où nous mène, aveugle, on ne sait quelle ombre
ou quel chien couleur d'ombre, et patient.
S'il y a un passage, il ne peut pas être visible
s'il y a une lampe, elle ne sera pas de celles
que portait la servante deux pas devant l'hôte
–et l'on voyait sa main devenir rose en préservant la flamme, quand l'autre poussait la porte–, s'il y a un mot de passe, ce ne peut être un mot
qu'il suffirait d'inscrire ici comme une clause d'assurance.

Cherchons plutôt hors de portée, ou par je ne sais quel geste,
quel bond ou quel oubli qui ne s'appelle plus
ni «chercher» ni «trouver»...

Oh, mes amis devenus presque vieux et lointains,
j'essaie encore de ne pas me retourner sur mes traces,
–rappelle-toi le cormier, rappelle-toi l'aubépine
brûlant pour la veillée de Pâques...et le coeur
et le cœur de languir alors, de larmoyer sur de la cendre–,
j'essaie.

Mais il y a presque trop de poids du côté sombre où je nous vois descendre,
et redresser avec de l'invisible chaque jour,
qui le pourrait encore, qui l'a pu ?


Philippe Jaccottet, À la lumière d’hiver, 1977.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
Jim Morrison
rapideyemove a écrit :
Oui, je savais sa mort inévitable –il aurait eu 99 ans en novembre– mais je dirais bien peu en bafouillant que ce fut également un de mes maîtres, ombre tutélaire, aussi amicale qu’intransigeante.

(Tu as vu les trois bouteilles de vieux porto, pour donner le ton et le feu au regard impérieux et amusé ? 😎 )

Là-bas, dans cette Helvetia idéale –même si elle s’aventure du pays vaudois jusque du côté de Grignan, dans la Drôme– il me reste encore Philippe Jaccottet –bientôt 94 ans– que Staro illustra aussi, dans sa langue exacte et chaleureuse, au début des années soixante-dix :

Oh mes amis d'un temps, que devenons-nous,
notre sang pâlit, notre espérance est abrégée,
nous nous faisons prudents et avares,
vite essouflés –vieux chiens de garde sans grand-chose
à garder ni à mordre– ,
nous commençons à ressembler à nos pères...

N'y a-t-il donc aucun moyen de vaincre
ou au moins de ne pas être vaincu avant le temps ?
Nous avons entendu grincer les gonds sombres de l'âge
le jour où pour la première fois
nous nous sommes surpris marchant la tête retournée
vers le passé, prêts à nous couronner de souvenirs...

N'y a-t-il pas d'autre chemin
que dépérir dans la sagesse radoteuse,
le labyrinthe des mensonges ou la peur vaine ?

Un chemin qui ne soit ni imposture
comme les fards et les parfums du vieux beau,
ni le geignement de l'outil émoussé
ni le bégaiement de l’aliéné qui n'a plus de voisin
qu'agressif, insomniaque et sans visage ?

Si la vue du visible n'est plus soutenable, si
la beauté n'est vraiment plus pour nous
–le tremblement des lèvres écartant la robe–,
cherchons encore par-dessous,
cherchons plus loin, là où les mots se dérobent
et où nous mène, aveugle, on ne sait quelle ombre
ou quel chien couleur d'ombre, et patient.
S'il y a un passage, il ne peut pas être visible
s'il y a une lampe, elle ne sera pas de celles
que portait la servante deux pas devant l'hôte
–et l'on voyait sa main devenir rose en préservant la flamme, quand l'autre poussait la porte–, s'il y a un mot de passe, ce ne peut être un mot
qu'il suffirait d'inscrire ici comme une clause d'assurance.

Cherchons plutôt hors de portée, ou par je ne sais quel geste,
quel bond ou quel oubli qui ne s'appelle plus
ni «chercher» ni «trouver»...

Oh, mes amis devenus presque vieux et lointains,
j'essaie encore de ne pas me retourner sur mes traces,
–rappelle-toi le cormier, rappelle-toi l'aubépine
brûlant pour la veillée de Pâques...et le coeur
et le cœur de languir alors, de larmoyer sur de la cendre–,
j'essaie.

Mais il y a presque trop de poids du côté sombre où je nous vois descendre,
et redresser avec de l'invisible chaque jour,
qui le pourrait encore, qui l'a pu ?


Philippe Jaccottet, À la lumière d’hiver, 1977.

Je ne connaissais pas... J'ai tout lu : crépusculairement superbe.
Directement connecté depuis ma tombe du Père Lachaise. On n'arrête pas le progrès...
psm1962
Jacques Bodoin, la voix de Pollux, 97 ans

Keep on the sunny side of life
Leozinho
Le Corbusier a écrit :
Michel Legrand, André Previn, Jacques Loussier...
Hécatombe chez les compositeurs de musique de film/série.
Previn : 4 Oscars
Legrand : 3 Oscars

...


Jacques Loussier, qui avait eu un gros succès (pour du jazz), avec Play Bach, des arrangements jazz de Bach.
Un très bel album, avec Pierre Michelot et Christian Garros.
Lao
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  • Publié par
    Lao
    le 09 Mar 2019, 19:27
psm1962 a écrit :
Jacques Bodoin, la voix de Pollux, 97 ans
Un humoriste de la télé des années 60.
Je l'avais complètement oublié.
Iom
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  • #10901
  • Publié par
    Iom
    le 10 Mar 2019, 00:07
Oh merde. Le premier humoriste que j'ai écouté.
Tu as du vieux matos qui prend la poussière chez toi? Des bricoles achetées par erreur que tu n'oses pas jeter? Une vieille Strat pré-CBS qui t'encombre? Alors ce topic est pour toi : https://www.guitariste.com/for(...).html
(mais pour la Strat pré-CBS, envoie-moi un MP plutôt)
Adam Bopel
Lao a écrit :
Un humoriste de la télé des années 60.
Je l'avais complètement oublié.

Iom a écrit :
Oh merde. Le premier humoriste que j'ai écouté.

C'est marrant, je pensais que plus personne ne se souvenait de lui, et que sa mort passerait totalement inaperçue ...

Quand j'étais gamin, j'étais bercé par les 45-T des humoristes préférés de mes parents (Fernand Raynaud et jacques Bodoin), et je me souviens de ce sketch :



EDIT : c'était cette jacquette :

tiep
  • tiep
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Iom a écrit :
Oh merde. Le premier humoriste que j'ai écouté.


Tu dois avoir au moins 120 ans?
megatiep
Lao
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  • #10904
  • Publié par
    Lao
    le 10 Mar 2019, 18:08
Aujourd'hui Bodoin aurait fait un sketch sur la soustraction.
Pourquoi tant de haine ?
"Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change. " Henri Laborit.
pakalolo
Mes parents ont toujours celle-là en 45 tours :

En ce moment sur backstage...