Aux alentours de 170 km/h, under gusts, cette nuit, dans mon petit pré pas trop carré de l’île de Groix.
À ce que j’en sais et espère, à cette heure précise, relativement peu de dégâts vu la violence de ce Ciarán-ci : quelques ardoises, portails et volets, de-ci de-là, et la bouée cardinale nord, au sortir du port de Locmaria, qui se serait fait plier ou arracher (je ne suis pas sorti pour y jeter un œil et le perdre aussitôt battu sous les embruns) ses deux cônes de tête au milieu des assauts de la tourmente.
Mais, toute la nuit, l’angoisse a été bien bien compacte, concrète, avec tout le bois de la charpente qui balisait sa traversée vers le petit matin et grinçait comme les membrures et les bordés du Pequod en longue traque.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.