L'antispécisme est un humanisme

Rappel du dernier message de la page précédente :
Redstein
Oui, c'est n'importe quoi, même si c'est de la petite bière à côté de ce qui se passe dans les abattoirs (3 millions par jour en France quand même - 500 à la seconde...).

Ce qui me fait penser que l'IV vient de sortir une nouvelle planche (au compte-goutte ces jours-ci vu qu'elle est passée de l'autre côté de la barrière de l'édition) :





Rastacouair a écrit :
Redstein a écrit :
Rastacouair a écrit :
Redstein a écrit :
Alors rasta, c'était bon ?

J'ai perdu le fil désolé. Tu me parles de quoi ?


Des délices culinaires cruelty-free auxquels tu as le bon goût de t'initier


C'était pas pour moi mais pour un ami, merci toutefois pour tes réponses.


De rien. Des retours ? Il a trouvé ça mangeable ? Ou bien a-t-il remplacé la vg par un modèle standard ?
'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'


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- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
Rastacouair
Non il a gardé sa vegan, c'est une fille adorable.

Oui il a trouvé ça bon. Sur Paris en tous cas c'est facile de trouver des aliments de substitution à la viande. Y'a beaucoup de magasins bio / végé.
Vent & cuivre - Pro
Redstein
À Paris ça doit être tout simple, en effet. D'ailleurs j'ai oublié de te parler de Un monde vegan, dont je ne suis pas (encore ?) client mais qui a bonne réputation.

Sinon, une saillie réjouissante de Mélenchon :

« – C’est pas en mangeant du quinoa qu’on va changer la vie ! – Bah si, ballot ! »



(À 14:39)

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Lao
  • Lao
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  • #2433
  • Publié par
    Lao
    le 12 Fév 2017, 23:07
C'est un peu étonnant cette conversion de Mélenchon aux idées de responsabilités écologiques.
Bon je ne vais pas m'en plaindre.
Redstein
Clair ! Je ne sais pas dans quelle mesure on peut le croire de bonne foi, mais en tant qu'outsider dans le marigot politique franchouille, il peut se permettre d'avoir les yeux ouverts et de dire ce qu'il pense... Rien à perdre, en somme

Et on ne peut pas exclure qu'il ait simplement eu quelques fulgurances de pure bienveillance...

Par exemple celle-ci :

Citation:
« Si vous vous intéressez à ce qui se passe avec les lapins, vous ne dormez plus. Et si vous regardez ce qui est en train de se passer avec les cochons, c’est de même »
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- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
Redstein
Un article intéressant, qui ne porte pas sur la question habituelle (« faut-il ? ») mais sur une question qu’on se pose encore moins si c’était possible : « pourquoi ? » :

Pourquoi mangeons-nous les animaux ?

Alors que la consommation de viande augmente dans le monde, la philosophe Florence Burgat, qui publie “l'Humanité carnivore”, explore une pratique bien loin d'aller de soi.


Ce sont des visions fugaces, dérangeantes. Poulets suspendus par les pattes, têtes ballantes, défilant sur une chaîne de production, vaches massacrées en série. Aperçues ici ou là, elles nous reviennent parfois à l'esprit au moment de planter dents ou fourchette dans un steak, un pilon de volaille, comme d'irréels fragments de cauchemar. Un instant, la violence de ces images déchire le voile de conventions qui occulte en chacun de nous la réalité de l'acte carnivore.

C'est ce voile pudique posé sur le contenu réel de nos assiettes que Florence Burgat nous invite à soulever dans son dernier livre, «l'Humanité carnivore». Non dans une remise en cause éthique, aujourd'hui de plus en plus prégnante, comme en témoigne le succès de «Faut-il manger les animaux ?», l'essai signé par l'écrivain Jonathan Safran Foer, mais en explorant les multiples retombées d'une question fort troublante: pourquoi mangeons-nous les animaux?

« Je me suis attachée à interroger ce fait de l'intérieur, à partir de sa logique, de ses discours et de ses pratiques. Je n'ai pas souhaité engager une discussion morale, soulevée depuis Plutarque et aujourd'hui très présente chez les penseurs anglo-saxons, mais explorer les interrogations sous-jacentes à cette question centrale qui, étrangement, n'est presque jamais abordée, celle du pourquoi», dit-elle.

Et lorsque, par hasard, cette question se trouve posée, note la philosophe, «c'est le plus souvent pour être balayée par cette réponse simpliste censée clore le débat: parce que c'est bon».

Rituels et légitimations

N'est-il pas paradoxal que notre espèce, pourtant si prompte à s'élever contre l'idée de tout joug de l'instinct pesant sur tel ou tel de ses comportements, revendique son bon droit de dévorer de la viande en vertu d'une pulsion sensuelle «allant de soi» au point qu'on ne saurait la réprouver ou même la questionner ?

«Le fait carnivore est l'une de ces évidences dont il y a tant de manières de rendre raison, chacune parfaitement intégrée à la vie des sociétés et aux représentations del'ordre du monde que toute interrogation ne déroute qu'un instant.» Et puis, ajoute la chercheuse, «l'universalité du fait chasse le doute».

Celle-ci est pourtant, souligne-t-elle, toute relative: la viande n'a pas toujours tenu la même place au cours de notre histoire et selon les cultures. Longtemps réservée à une élite sociale, elle ne domine notre alimentation que depuis quelques décennies ou bien dans ces rares lieux comme le Grand Nord où les populations n'ont rien d'autre à se mettre sous la dent.

Sa consommation s'accompagne de divers rituels ou légitimations. «Manger les animaux ne nous est possible qu'à partir du moment où nous ne faisons plus d'eux des êtres, mais une viande bonne à consommer. Preuve qu'ils ne sauraient constituer à nos yeux un aliment ordinaire.» Un biais, note la chercheuse, auquel n'échappent pas les sciences sociales, qui, dans leurs analyses, se penchent sur les pratiques culturelles autour de la cuisine, des modalités de l'alimentation, mais n'interrogent pas les conséquences de la mise à mort des animaux. «Comme si comprendre la symbolique, le “sens” des rituels qui l'accompagnent suffisait à légitimer cette pratique et à en explorer toutes les dimensions.»

Le meurtre alimentaire

Ainsi, l'acte carnivore ne saurait être réduit à un fait originel et «naturel», comme l'ont défendu certains paléontologues pour qui la chasse nous aurait en quelque sorte «hominisés». Florence Burgat montre combien cette image d'Epinal est une reconstruction moderne, d'ailleurs entachée de machisme, glorifiant l'aspect guerrier d'une pratique alors regardée d'un bloc, à la fois comme une nécessité pour survivre et un loisir.

De même que ses plus proches cousins les chimpanzés, nous rappelle-t-elle, l'être humain n'est pas carnassier mais omnivore, un opportuniste se nourrissant de ce qui lui tombe sous la main, insectes, mollusques et non pour l'essentiel de gros gibier.

« Dans la façon d'aborder cette époque, il existe une hypertrophie sémantique de la chasse. En vérité, on ne sait guère à quoi les premiers hominidés passaient leur temps. Elle était peut-être occasionnelle. Les vestiges indiquent qu'ils étaient également charognards et parfois cannibales, ce que nous avons longtemps voulu ignorer. Et les travaux les plus récents penchent en faveur d'une part centrale accordée aux plantes dans l'alimentation. »

Et qu'en est-il de tous ces animaux représentés sur les parois de Lascaux ou de la grotte Chauvet ? «Il s'agit pour l'essentiel d'espèces qui n'étaient pas consommées. On a retrouvé très peu de scènes de chasse.»

Dès nos origines, manger d'autres êtres vivants, sensibles, n'a cessé de nous poser question, souligne la philosophe. On a ainsi trouvé, dans des sépultures du paléolithique, des squelettes d'animaux ayant reçu les mêmes soins mortuaires que des hommes. Dès l'Antiquité, les sectes pythagoricienne et orphique refusaient «le meurtre alimentaire», et certaines régions de l'Inde et de la Chine ont institutionnalisé le végétarisme à différents moments de leur histoire.


Carnivorisme et cannibalisme

En revanche, ce qui semble bien universel à travers le temps et les cultures, c'est l'irrépressible nécessité de légitimer notre droit à ce carnivorisme. Si les récits et leurs motifs varient à l'infini, mythologies et religions s'emploient à l'établir, le plus souvent sous la forme d'un sacrifice symbolique. Et pour laver ce crime de toute noirceur, il n'est pas rare que soit réclamé à la victime un simulacre de consentement. Notre époque ne fait pas exception, où publicités, enseignes de restaurant, présentent la fiction récurrente d'animaux, vaches, cochons ou poulets, nous invitant eux-mêmes joyeusement à les déguster.

Quelle est donc la nature du désir qui nous y pousse ? Pour l'approcher, Florence Burgat nous invite à un détour par le cannibalisme: «Il suscite à la fois répulsion et sidération, comme s'il s'agissait d'un acte incommensurable à la psyché humaine.» Or, remarque-t-elle, l'anthropologie ou la psychanalyse, qui s'y sont intéressées, n'ont pas abordé le cannibalisme de gastronomie.

Alors même que, parmi les peuples anthropophages, le goût de la viande humaine est fréquemment revendiqué. La philosophe voit là un angle mort de notre pensée:

« En raison des similitudes de traitement des victimes et des pratiques culinaires qui égalisent conditions animale et humaine: le sentiment plus ou moins vague que ressent le carnivore ordinaire de manger un être “comme soi” serait toujours à l'horizon de sa conscience, et la permission que s'est arrogée l'humanité de manger les animaux ne peut se départir tout à fait de son ombre cannibale. »

Au-delà des faux-semblants, nous mangerions les animaux par un désir métaphysique: celui d'affirmer, en les digérant, notre nature transcendante. Leur mise à mort n'étant pas un détail qu'il faut vite oublier, mais une nécessité à notre bon plaisir. «On peut y voir, comme Georges Bataille, un trait anthropologique fondamental, le désir de destruction pure, de dilapidation de la matière vivante.»

D'ailleurs, celui qui se déclare végétarien ou végétalien nous embarrasse, renvoyant par son refus même à la nature profondément meurtrière de l'acte carnivore.

Une dimension saisissante, à l'heure où le régime occidental ultracarné, mortifère pour notre planète où il accroît le réchauffement climatique, gagne désormais la Chine et l'Inde, devenue en quelques années le premier producteur au monde de vaches. Une évolution synonyme de l'industrialisation de la «production» d'animaux et de leur mise à mort.

« Cela implique de tuer à grande échelle, sans relâche et selon une logique processuelle des milliards d'animaux. Jamais nous ne les avons tant chéris, admirés, étudiés, nous émerveillant de leurs capacités, jamais nous ne les avons tant massacrés.»

Or, si la chair nous est si chère que nous n'y puissions renoncer, ne pourrions-nous la fabriquer in vitro, sans sacrifier de vies ?, propose Florence Burgat. «Mais lorsqu'on évoque cette possibilité, les personnes expriment du dégoût, de la peur. Elles objectent que cette viande ne serait pas “naturelle”, comme si les animaux de batterie, eux, l'étaient.»

Véronique Radier


Florence Burgat, bio express

Directrice de recherches à l'Inra, la philosophe Florence Burgat a signé de nombreux ouvrages autour de la condition animale: «l'Animal dans les pratiques de consommation» (PUF, 1995), «Liberté et inquiétudes de la vie animale» (Kimé, 2006). Elle publie «l'Humanité carnivore» au Seuil.

Publié le 18 février 2017






Et puis pour ceux qui ont raté cette chronique très réussie :




Citation:
« (...) tous les abattoirs (...) pratiquent un bien-être.

- Est-ce que c’est pas comme le bien-être des enfants dans la cave de Marc Dutrout ? »


'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'


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- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
Rastacouair
L'amie de mon pote m'a envoyé ça, je partage.

Vent & cuivre - Pro
Redstein
Merci Rasta. La vidéo de Guillaume Meurice :

'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'


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- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
Rastacouair
Salon des pesticides et de la torture ?

Sinon oui j'ai évolué, c'est le propre de l'être humain, de pas être figé, de rencontrer des gens et d'évoluer dans sa façon de faire ! A ce que je sache, personne ne né végétarien.
Vent & cuivre - Pro
Lao
  • Lao
  • Vintage Top utilisateur
  • #2445
  • Publié par
    Lao
    le 09 Mar 2017, 20:59
Bienvenue en tout cas!

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