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Meurtre en prison : des éléments troublants
Rebondissement dans l'affaire du meurtre à la maison d'arrêt de Rouen (lire nos éditions d'hier). Le procureur de la République de Rouen, Joseph Schmit, affirme que le cœur du détenu Thierry Baudry, 31 ans, n'a pas été arraché. Il l'a déclaré, hier après-midi, à l'occasion d'une conférence de presse. « L'organe a été retrouvé intact dans son enveloppe. Dans cette affaire, le cannibalisme n'est qu'affabulation. » Concernant les faits, le procureur Schmit les a détaillés un peu plus : « Le suspect déclare, en effet, que dans la soirée, il s'en est pris à la victime. Pris d'impulsion, il l'a frappée à plusieurs reprises, tentée de l'étrangler avec une serviette, puis l'a étouffée avec des sacs poubelles. Mais, à l'heure actuelle, nous ne savons pas encore de quoi elle est morte. Les expertises ne sont pas encore terminées. »
« Le muscle pectoral a disparu »
Pour autant, lors de l'autopsie, pratiquée à l'institut médico-légal de Rouen, le professeur Bernard Proust, médecin légiste expert judiciaire, a constaté qu'une partie d'un des muscles pectoraux a disparu du corps.
Une source judiciaire confie : « Cela représente environ l'équivalent d'un morceau de chair de 250 grammes. Le morceau a d'ailleurs été bien découpé. C'est très net », avec la lame d'une paire de ciseaux et d'un rasoir.
Autre élément troublant : hier encore, devant les enquêteurs de la Sûreté départementale, le suspect, Nicolas Cocaigne, 35 ans, a continué d'affirmer avoir mangé le cœur de Thierry Baudry, « après l'avoir cuit avec des oignons ». « C'est désormais certain, il n'a pas mangé le cœur. Mais il est possible qu'il pense l'avoir mangé. Il n'est pas médecin », précise un enquêteur.
La casserole expertisée
Les policiers n'écartent donc toujours pas entièrement l'hypothèse d'un acte cannibale. « Elle demeure une piste de travail. Tout doit être vérifié. Il n'y a aucune certitude. Ni dans un sens, ni dans l'autre, mais une chose est certaine le muscle pectoral a disparu du corps et n'a pas été retrouvé dans la cellule. Par ailleurs, l'évacuation par les toilettes est techniquement impossible.
Pour l'heure, ces constatations vont dans le sens des déclarations du détenu Cocaigne. »
La casserole, dans laquelle ont été retrouvés des oignons et des traces de gras, aidera peut être la justice à faire toute la lumière sur ce dossier. « Cette gamelle va être expertisée dans les prochains jours. Nous espérons pouvoir ainsi déterminer avec certitude si un morceau humain a été cuit », affirme un spécialiste.
Aujourd'hui, Nicolas Cocaigne, après quarante-huit heures de garde à vue, devrait être déféré au parquet de Rouen. Il pourrait être mis en examen pour assassinat. Le troisième codétenu, lui, pourrait être poursuivi pour non-assistance à personne en danger.
Baptiste Laureau