Blow Up a écrit :
Même certains (très) riches le disent.
tu m'étonnes :
Un accord à peu près universel s'est donc instauré en quelques années, parmi les défenseurs de notre "civilisation", sur la nécessité d'une
gouvernance renforcée face à la crise écologique totale, et il faut en conclure qu'est en train de se refermer la parenthèse "néolibérale" pendant laquelle le capitalisme avait restauré la rentabilité de ses investissements industriels en diminuant drastiquement non seulement ses coûts salariaux mais aussi ses "faux frais" étatiques. On a parfois voulu dater précisément ce retournement de tendance et le faire remonter à l'année 2005, car c'est à partir de ce moment que se sont multipliés, avec l'officialisation de la crise climatique, les signes d'un
aggiornamento idéologique dans la sphère du pouvoir ; en particulier le "rapport Stern" d'octobre 2006 : "Ce document fait sortir l'écologie du champ politique occupé depuis trente ans par les ONG et les partis de gauche anti-libéraux (
sic), et l'installe définitivement au centre de l'évolution du capitalisme contemporain." Mais en réalité la collaboration ouverte entre associations écologistes, ONG, entreprises et administrations remonte dans certains secteurs aux années quatre-vingt-dix.
La tentative de réorganisation bureaucratique-écologique qui s'opère maintenant n'a certes rien d'une procédure de "rationalisation" appliquée à froid. C'est
en catastrophe, justement, qu'elle a lieu, car c'est à la chaleur de l'incendie du monde que les diverses bureaucraties préposées à la gestion specialisée de chaque secteur de la société de masse atteignent leur
point de fusion. Le processus déjà entamé ne peut qu'être précipité par la crise financière qui met fin à un cycle spéculatif, mais qui est elle-même surtout une manifestation du fait que le rapprochement des échéances écologiques depuis si longtemps annoncées dissuade le capitalisme de s'accorder à lui-même beaucoup de crédit.
extrait de René Riesel et Jaime Semprun,
Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, 2008, page 67.