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- Publié par
pevy21 le 21 Oct 2012, 22:22
Je vous propose ici de partager mon expérience et résultat dans le reliquage d’une Telecaster.
Pourquoi « reliquer » me direz-vous ? Parce que c’est la mode ?
Parce c’est une activité créative, je trouve et quand même beaucoup plus facile que de construire une guitare!
J’ai choisi la Telecaster car c’est une bonne base. J’avais en tête bien sur une butterscotch avec une touche érable.
Etant novice, j’ai opté pour une squier plutôt qu’une Fender. Et j’ai trouvé mon bonheur sur le bon coin avec une Squier Standard Telecaster Vintage Blonde. Une guitare de 2001 mais neuve car jamais jouée. Pour être franc, elle ne me plaisait pas vraiment avec sa couleur qui était plutôt verdâtre que vintage blonde ou jaune passée et puis le manche non plus qui était parfaitement blanc comme au premier jour. L’accastillage était lui bien sur brillant comme au premier jour!.
Voici la base:
Je suis parti en quête d’inspiration et de techniques sur le web. Et je vous propose ci-dessous les liens de ceux dont je me suis inspiré pour débuter ce reliquage:
Pour commencer, j’ai choisi de ne pas démonter l’accastillage, car une vieille guitare vieillit montée, non ?
C’est parti, je commence par poncer le corps grossièrement au 120 car je veux la salir, jaunir. Pius je commence à la choquer par terre, contre les murs en variant les forces appliquées sur le corps et la tête. Je simule des décrochages intempestifs de la courroie, je laisse tomber divers objets de leur poids naturels, assène quelques coups de marteau, tournevis, manche de tournevis, je raye… Il faut faire attention, on y prend goût! Le réalisme final dépendra de la on a placé le curseur dans cet exercice. Pour ma part, je souhaitais un rendu d’une guitare qui a certes vécu et qui n’a pas toujours été bien traitée mais surtout un rendu façon SRV avec 1 millimètre carré de peinture. Pur question de goût personnel.
Je ponce légèrement le manche et plus appuyé sur les endroits les plus joués, le bas, milieu et talon.
Je ponce légèrement aussi les clés. J’attaque en suite les parties métalliques à l’acide chlorhydrique: les vis, la plaque, chevalet, clés et plaque de Jack.
J’en passe aussi sur le bois ce qui va le faire noircir dans les parties poncées de la tête et du manche..
Les produits:
La laine de fer 000 pour passage et dépose de micro point de rouille. Le miror, c’est pour les finitions après.
Je constate que les différents éléments réagissent différemment. Les vis et le micro chevalet s’oxydent rapidement. Les plaques de commande et de manche, le micro manche et le chevalet, c’est moins convaincant. Je passe plusieurs fois, reponce à différent grain, à la laine de fer 000.
Voici le chevalet:
Je m’attaque au manche. Pour celui-ci, je voulais une couleur jaune foncé, patiné. Je fouine sur le web et trouve une recette de vernis à faire soi-même dont la couleur est apportée par un pigment facile à trouver, le curcuma. Direction la cuisine, j’essaye en mélangeant un peu de vernis bateau et le curcuma. Le dosage se fait… au pif, bien sur. On secoue, on laisse reposer plusieurs heures (24h, c’est bien). Et je commence mes couches de vernis.
Au bout de 3 couches, je ponce à l’eau au 600, parce que c’est granuleux, mais coup de chance la couleur me convient. Je décide d’expérimenter l’imitation de vernis craquelé sur la tête. Cutter en main je trace des lignes et courbes pour imiter une craquelure naturelle. Pas facile il faut être patient. Et puis on ne voit pas grand chose. Je ponce à nouveau à l’eau et là le résidu gris de ponçage pénètre dans les stries du cutter et fait ressortir le craquelage. Je suis satisfait du résultat.
Je revernis par dessus 3 couches et reponce à l’eau pour enlever le grain de vernis et l’aspect trop brillant
La tête de face:
De dos:
Même si ce n’est pas très visible sur les photos, elles sont bien là les craquelures. On aperçoit aussi la brûlure des cigarettes.
La tête avant/après :
Le manche :
Retour sur le corps que je veux jaunir alors c’est parti, j’essaye avec ça :
C’est une simple peinture à l’eau. Je la passe au tampon, la laisse sécher et enlève le surplus à la laine de fer. Et ce en plusieurs couches successives, jusqu’à obtenir le jaune « dégeu » recherché. Je ponce aussi l’emplacement de l’avant-bras à l ‘eau au 600 pour simuler l’usure naturelle du frottement. Une fois bien sec, je polis au polish auto :
De face avant/après :
On voit aussi le reliquage des micros et de la plaque de commande.
De dos :
Notez le résultat de couleur sur le manche.
Et côté prise de jack, cela donne ça :
Au démontage, la patte de support s’est dessertie. J’ai donc percé 2 trous pour 2 vis, pour un rafistolage façon roots.
Il reste la pickguard à traiter. Et là c’est plus duraille. Comment reproduire un vieillissement aux UVs. Et puis le Greenmint n’est pas ma tasse de thé, je voudrais là aussi un jaune passé. Je commence par le poncer au 600 pour enlever la couche lisse. Je le casse en bout de pointe, le raye et je teste la trempe dans le thé. Bof, résultat non concluant, c’est marron trop foncé. Je retente le coup de la peinture jaune, la avec mélange avec de la verte et du vernis. Je le peins entièrement, je laisse sécher et je ponce jusqu’à (presque) tout enlever.
Cela donne cela :
Puis je trouve par hasard un pickguard 1 pli. Il sera plus adapté au look vintage. Donc je recommence sur ce nouveau Pickguard 1 pli.
Qui dit look vintage à pickguard 1 pli, dit chevalet vintage à 3 pontets cuivre. Cela tombe bien car je ne suis pas trop satisfait du résultat sur le chevalet 6 pontets. Je trouve un Wikinson à 3 pontets compensés et c’est reparti pour une séance de ponçage léger et acide.
Mais là cela se complique. Les 2 chevalets sont de dimension différente. Cela oblige à agrandir la cavité du micro vers l’avant de 3mm. Un p’tit coup de défonceuse et c’est réglé. Reste les 3 vis de l’ancien. Je décide de les laisser tels quels avec 3 vis rouillés, façon « y eu un truc genre Bigsby ».
Je blinde l’ensemble des cavités, remonte et ressoude l’électronique. Et c’est fini. Enfin presque. Je lui fait une séance de nettoyage en profondeur et la confie à un pote, fan absolu de Telecaster, qui la règle et finit de polir le manche.
Au final, la voici :
Au final, moi qui ne suit pas grand fan de Telecaster, j’avoue que maintenant, elle me plait. Cela lui donne un supplément d’âme. Elle est « juste » comme une Tele. Elle a de la gueule comme une vieille. Et elle twangue comme une Tele.
Keep on rocking.