A force de parcourir ce forum et de voir de superbes réalisations, j'ai eu envie de m'y mettre. Je commence donc par un petit projet pas trop compliqué : Une strat en finition natural. Au programme, poncer et revernir le corps et faire l'électronique. Pour ce qui est de faire un corps ou un manche, ça attendra un peu.
Comment peut-on
faire sa strat Mex ? Non, je ne suis pas allé au Mexique pour bilouter ma pelle. Disons que j'ai réassemblé une strat avec des morceaux essentiellements issus d'une strat Mex. En fait, c'est devenu une strat
mex in France
On part de ça, à savoir un manche et un corps achetés sur ce même forum il y a quelques mois. Son ancien propriétaire reconnaitra la pelle s'il passe par là
Au passage, votre serviteur vous fait coucou dans le reflet du corps.
On démonte le manche, le chevalet, bref toute la quincaille. Hop, une dernière photo avant de passer à la ponceuse ! J'ai hésité, le corps étant dans un état nickel. Mais l'envie de bricoler était la plus forte.
J'ai tenté d'attaquer le vernis en utilisant du décapant synthilor. J'en ai badigeonné une bonne couche. Le lendemain, le venis avait a peine perdu de son brillant. Même pas mal ! Les vernis fender mex sont prévus pour résister à une guerre thermonucléaire et chimique. Pour un relicage naturel, compter 100 à 150 ans ! Donc, puisque la méthode douce ne réussit pas, allons y à la ponceuse, et au grain 50 tant qu'on y est.
Première surprise en ponçant : Un des mexicanos sur la chaine a marqué quelque chose sur le corps. Au début, je croyais que c'était une signature mais maintenant, je crois lire "cambio calor". A moins que ce soit le modèle signature de Monsieur Cambio Calor
Sur le moment, je me dis "Pourvu que ce soit pas une encre qui ait pénétré profond dans le bois".
Deuxième surprise : Au fur et à mesure que je ponce, je ne découvre pas de jointures entre différents morceaux. Ce corps serai-til fait d'un seul morceau ?
Dernière surprise : Une fois que j'ai atteind les bords, je me rends compte que je peux oublier la 2ème surprise : Il y a un plaquage devant et derrière. A priori, c'est très courant sur les mex et c'est pas réservé aux finition sunburst.
Pour faire un sunburst, ça serait nickel. Seulement, je sais pas faire, je suis pas outillé pour le faire et surtout c'est pas ce que j'ai envie de faire.
Allez, la ponceuse est chaude, la cave et moi même sommes déjà recouverts de poussière alors un peu plus / un peu moins : enlevons le plaquage dans la foulé.
Et voilà, au bout de quelques heures d'efforts, deux après midis quand même, après être passé du grain 50 au grain 320 :
Je compte pas moins de 6 morceaux de bois. Esthétiquement, c'est pas le top mais on va faire avec. Au dessus du manche, près du strap lock, le bois es un peu fendu. C'était peur être ça, "cambio calor" ? La fente n'est pas sur toute l'épaisseur et elle est pas large. Ca ne devrait plus bouger. Je laisse tel quel.
Regardez au passage le bord des cavités: Ca vous donne une idée de l'épaisseur du vernis : au moins 1 mm !
Au passage, je remercie Leo Fender pour l'invention du
contour body. Autant c'est agréable pour jouer, autant c'est une galère à poncer. Bilouteurs, privilégiez la telecaster ! Quant à la tranche, surtout de chaque coté du manche, c'est entièrement à la main et là, faut être patient !
Ca y est, la belle est prette pour le vernissage. un coup d'oeil sur le matos acheté chez Leroy Merlin :
Du fondur, du vernis incolore a étaler au pinceau et du vernis nitro en bombe. Et bien sur, la cale et le papier à poncer qui on déjà pas mal servi.
Un petit trépied pour tenir la pelle et hop, on est prêt pour la première couche de fondur. Avant de passer le fondur, j'ai lavé le bois avec une éponge légèrement humide, ce qui a pour effet de faire dresser les petites particules de bois et faciliter la pénétration du fondur.
Lors de la première couche de fondur, le bois a sacrément foncé !
J'ai passé une seconde couche le lendemain. Elle n'a jamais voulu sécher. Au bout de 3 jours elle était toujours poisseuse
Et c'est reparti pour un tour de ponçage, pas en profondeur cette fois. La 3ème couche de fondur ayant bien séché, on peut attaquer la dernière ligne droite : le vernis.
N'étant pas fan des aérosols, j'ai fait les premières couches au pinceau, 5 en tout. Entre 2 couches, 24 heures de séchage (une tous les soirs quoi!) et ponçage avec un un papier mouillé, grain 600.
Les 3 dernières couches ont été faites à la bombe. Elles sont assez épaisses puisque j'ai vidé 2 bombes en 3 couches. La dernière couche n'a pas été poncée, les 2 précédentes l'ont été avec du papier de verre grain 1000 mouillé. Et voilà le résultat au terme de la 3ème couche de nitro.
C'est pas lisse comme un miroir mais au toucher, c'est agréable.
A ce stade de la réalisation, il aurai normalement fallu passer la pate à polier et/ou un polish. J'ai zappé cette étape parce que :
1/ J'avais pas les produits sous la main et la flemme d'aller chez casto
2/ J'étais plutôt content de l'aspect de la dernière couche et j'avais peur de tout ruiner avec un produit pas adapté. Le mieux est souvent l'ennemi du bien
3/ J'avais hate de la jouer, ce qui en lutherie est un vilain défaut je le reconnais.
Donc, J'ai récupéré mes lace sensors sur ma bonne vieille Squier qui a du coup retrouvé ses micros d'origine, j'ai monté tout ça sur un pickuard de strat + que j'avais en stock et j'ai remonté le tout. Au passage, j'ai du remonter sérieusement les pontets car entre le ponçage du vernis super épais et celui du plaquage, le chevalet est descendu d'au moins 1 mm par rapport au manche.
Enfin, voilà le résultat et comme j'en suis pas mécontent, je vous le fais partager.
Croyez moi, après toutes ces heures à poncer, vernir et fignoler, je suis pas près de faire un relicage !
Edit :
Petit blindage avec de l'alu à l'occasion d'un changement de cordes. Avec les lace sensor, c'était déjà pas très bruyant mais ça peut pas faire de mal.