Il y a souvent des éléments autobiographiques dans la musique de Daniel Gildenlöw. Au cours de In The Passing Light Of Day, ils prennent une ampleur inédite quand on sait qu'il a frôlé la mort dans des conditions pouvant rappeler la mort de Jeff Hanneman. Les épreuves qu'il a vécues aux cours de son séjour à l'hôpital sont ici bien documentées et fournissent une toile de fond omniprésente à chaque note musicale. Les premières paroles du disque font froid dans le dos : "I was born in this building / it was the first Tuesday I’d ever seen / And if I live to see tomorrow / It’ll be my Tuesday number 2,119".
Cette première plage est d'ailleurs un condensé du savoir-faire suédois. Toute la palette de styles y passe sans jamais perdre en naturel. Le travail sur les transitions est fluide, la progression émotionnelle vertigineuse et la contribution de chaque musicien essentielle. On navigue entre éléments familiers et la touche de nouveautés que s'impose le groupe. La barre est placée très haut d'entrée de jeu. Autre belle prestation : Angels Of Broken Things avec son long solo de guitare. La chose est suffisamment rare chez Pain Of Salvation pour être notée. Les lignes de chant sur ce morceau rappellent fortement la période Remedy Lane pour notre plus grand bonheur.
Les moments les moins réussis tiennent avant tout à des performances vocales approximatives. Silent Gold peine à décoller. Même l'accompagnement passe-partout manque de punch. La première partie de If This Is The End est l'instant poétique où Gildenlöw peine à devenir Leonard Cohen... Bien sûr, In The Passing Light Of Day est fait de nuances et il faut des moments de respiration mais ceux-ci s'apparentent trop souvent à des moments d'ennui. De la même manière, certains titres de qualité s'étiolent : Full Throttle Tribe, la chanson éponyme et même The Taming Of A Beast mériteraient une réduction de moitié de leur durée. Reasons avec ses riffs meshuggiens ou Meaningless et sa mélodie infectieuse montrent que le groupe parvient parfaitement bien à préserver des plans progressifs dans un carcan plus restreint.
Ragnar Zolberg est devenu l'acolyte que Gildenlöw attendait. Le précoce Islandais, qui a co-écrit une grande partie du disque, se rend immédiatement indispensable, autant dans les compositions que dans les backing vocals où sa tessiture féminine fait systématiquement des merveilles. Ils forment une belle équipe pour un album unique qui tient la comparaison à la fois avec Be pour l'ampleur de son concept mais aussi avec The Perfect Element, Part 1 pour la qualité brute de ses chansons. In The Passing Light Of Day récompensera tous ceux qui se penchent sur des paroles ne manquant pas de subtilité. L'histoire racontée ici, incroyablement forte, donnera son sens aux approximations de la musique et permettra au public de vivre une expérience remuant les tripes.
Discographie :
- -1997 : Entropia
- -1998 : One Hour by the Concrete Lake
- -2000 : The Perfect Element, Part I
- -2002 : Remedy Lane
- -2004 : BE
- -2007 : Scarsick : The Perfect Element, Part II
- -2010 : Road Salt One : Ivory
- -2011 : Road Salt Two : Ebony
- -2014 : Falling Home
- -2017 : In the Passing Light of Day
Tracklist de In The Passing Light Of Day :
- 1. On a Tuesday 10:22
- 2. Tongue of God 4:53
- 3. Meaningless 4:47
- 4. Silent Gold 3:23
- 5. Full Throttle Tribe 9:05
- 6. Reasons 4:45
- 7. Angels of Broken Things 6:24
- 8. The Taming of a Beast 6:33
- 9. If This Is the End 6:03
- 10. The Passing Light of Day 15:31
(en gras les morceaux essentiels)
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