Une Martin de légénde en 2012... La célèbre marque américaine qui a marqué à jamais l'histoire de la guitare est loin, bien loin de n'appartenir qu'au passé. Très présente sur le marché international, elle ne cesse de faire évoluer son catalogue avec de nouvelles séries. Dans les années 70, la prise de conscience des guitaristes sur la qualité des modèles pre-war comparée à celle des modèles de l'époque positionna les guitares vintage de la marque comme le principal concurrent des nouvelles Martin. Ce phénomène a eu pour conséquence de voir apparaitre au catalogue Martin bon nombre de ré-éditions pre-war des modèles phares de la marque sans occulter la réalité du marché en proposant des séries bas de gamme mais aussi de nouvelles guitares comme la "Performing Artist" plus proche d'un design Taylor que de Martin. Si Martin & Co reste une grande marque, elle garde aussi, comme le montre toute son histoire, une startégie commerciale et marketing loin d'être à la hauteur de la qualité de ses modèles phares. Son statut légendaire lui a toujours permis d'accuser le coup sur ses mauvais choix de production et la question qui est posée aujourd'hui avec l'un des modèles les plus standard qui soit est : "est-ce qu'une Martin de 2012, sonne et peut vieillir aussi bien qu'une Martin d'antan ?" ou pour être plus court : "est-ce que l'unité de production Martin est capable de toujours réaliser des bonnes guitares digne de son nom ?". Pour commencer à répondre à cette question, j'ai sauté sur l'opportunité de pouvoir tester un modèle D-18 numéroté "1 556 365" sorti de l'usine Martin cette année 2012. Il s'agit ici d'un modèle D-18 standard et non d'une 'Authentic" ou d'une "Golden Era" . Pour compléter ce banc d'essai, je publierai cet été la suite du dossier sur l'histoire des guitares Martin, avec l'histoire de la D-18. |
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D-28 et D-18, une histoire de couple. Avec pour principale différence l'essence du dos et des éclisses (palissandre pour la D-28 et l'acajou pour la D-18), ces deux modèles ont vu le jour et ont grandi ensemble au sein de la marque depuis 1931, d'abord avec 12 frettes puis avec 14 frettes à partir de 1934. La première apparition de ces modèles dans le catalogue Martin date de 1935, la D-18 coûtait 65$ et la D-28 100$. Guitare de prédilection des guitaristes bluegrass des années1940, la D-28 était le modèle le plus prisé jusqu'à ce que les musiciens découvrent que la D-18 offrait une puissance équivalente mais avec un son plus équilibré. Il n'était donc pas rare de voir des guitaristes jouer une D-28 sur scène et utiliser une D-18 en studio d'enregistrement. L'acajou offrant une couleur sonore dégraissée dans les fréquences basses et donc plus facile à enregistrer. |
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Lutherie |
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Une captation vidéo de l'intérieur de la caisse nous permet d'observer plusieurs choses. La première est de constater que le barrage en X est avancé (gage d'une table moins bridée) et que les barres sont allégées mais pas totalement concernant le X. En effet, la pente des barres vers la plaque de renfort du chevalet est moins forte comme on peut le voir sur les photos ci-dessous, ce qui a pour conséquence de solidifier cette partie qui est la plus sollicitée par la tension des cordes. On remarque également que la plaque de renfort du chevalet, éstampillée du logo Martin, laisse apparaître une tranche sombre et une surface claire. Au début, cette différence de teinte peut nous tromper sur l'origine du bois utilisé mais les éclats de bois que l'on voit au niveau des trous de chevilles et le fil du bois nous confirment la présence d'un érable. Pour information, jusqu'en 1968 cette plaque était en érable sur les D-28 et D-18 et fut ensuite réalisée en palissandre. Le travail est propre, soigné. Rien à dire ! |
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Confort |
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Avec une forme dreadnought des plus classiques et très légère, cette D-18 se prend en main très facilement et ne demande aucun temps d'adaptation. La rencontre est intuitive et on ressent un réel plaisir dés le premier contact. Les mécaniques sont précises et agréables lors de l'accordage. La guitare m'a été livrée non réglée. L'action étant trop haute, il a été nécessaire de la baisser. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Son |
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Cette D-18 sonne-t-elle autant qu'elle est belle ? La réponse est "oui". On retrouve ici avec bonheur tout ce que l'on attend d'une D-18 : basses présentes mais dégraissées, très bon équilibre et une belle projection. Que ce soit aux doigts ou au médiator, ce modèle se tient sans aucun complexe. Finger ou flat picking, arpège, strumming, tout passe sans problème. Le couple épicéa-acajou est ici un exemple du genre. Le son Martin est là, bien là sans aucun défaut avec des médiums boisés et des aigus cristallins et précis. J'ai pu la comparer à ses grandes soeurs Vintage chez François Charle et elle n'a pas à rougir, loin de là. On sent ici la filiation. |
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Conclusion |
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A la question : "La firme Martin sait elle encore faire d'excellentes guitares en cette année 2012 ?", la réponse est "Oui", mille fois oui. Quant à savoir si elle va vieillir aussi bien que ses légendaires mamies, on peut supposer que compte-tenu du sérieux de la fabrication et de la qualité des essences sélectionnées, il en sera de même. Pour 2 385 € (prix public conseillé TTC), livrée avec un bel étui, vous pouvez avoir entre les mains la légende vivante de la guitare folk. Pour être franc, je ne pensais pas trouver une qualité de lutherie et sonore aussi convaincante sur un modèle standard de notre épqoue. Je pensais, à tort, que pour avoir une bonne Martin neuve il était nécessaire de mettre le prix dans un modèle Authentic ou Golden Era. Je dois me rendre à l'évidence que ce n'est absolument pas le cas et je suis heureux de partager ce constat avec vous. Ce modèle est passé entre les mains du luthier Alain Quéguiner qui m'a confirmé que cette D-18 était un "bon modèle". Idem pour François Charle et son collègue Arnaud Legrand. Le jeune luthier Julien Piriou, installé à l'Atelier58, a également eu la même impression. Merci à Julien pour le réglage de l'action des cordes. |
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