Importante donation de Taylor pour soutenir l'exploitation durable de l'ébène au Cameroun. Bob Taylor et Taylor Guitars ont fait don de 400,000$ au profit du programme de recherche pour la conservation et la restauration de l'ébène au Cameroun dirigé par le professeur Thomas B.Smith en partenariat entre l'Institut de l'Environnement et de la Durabilité (IoES) de l'université américaine de UCLA et le Congo Basin Institute pour lesquels il travaille depuis plus de 30 ans. Le Congo Basin Institute cherche à développer un centre scientifique et d'enseignement en Afrique centrale pour répondre aux besoins à venir liés aux changements climatiques qui auront un impact sur les richesses naturelles de l'Afrique et sur sa population d'un milliard d'êtres humains aujourd'hui qui seront 4 fois plus nombreux d'ici la fin du siècle et pour qui, il faudra trouver de l'eau et de la nourriture en quantités suffisantes. Plus d'informations sur le site. Et c'est dans le but d'apporter sa pierre à l'édifice que Taylor intervient aujourd'hui afin de développer une économie profitable à double sens, aussi bien pour ceux qui exploitent les richesses de l'Afrique que pour ceux qui y travaillent. C'est la seconde fois que Bob Taylor investi au Cameroun puisqu'en 2011 il s'est associé à Madinter, un distributeur international de bois de lutherie et de pièces détachées, pour racheter CRELICAM une usine qui exploite l'ébène du Cameroun (voir l'interview de Bob Taylor et d'Andy Powers).
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Ils ont ainsi découvert la face cachée de l'exploitation de l'ébène jusqu'à présent. Dans la vidéo ci-dessus, Bob Taylor explique (en anglais) que le Cameroun est le dernier endroit où l'on peut exploiter de façon légale de l'ébène et que pour trouver une ébène d'un noir pur, il faut abattre 10 arbres. Les 9 autres présentant des défauts esthétiques, des tâches brunes ou blondes, étaient jusqu'alors très souvent abandonnés sur place en plein milieu des forêts car pas assez rentables. En effet les ébènes de second choix ne représentent à la vente que 20% de la valeur du premier choix pour un travail équivalent. Taylor et Madinter ont donc décidé de payer aux ouvriers le même prix pour les 2 types d'ébène et proposent donc à la fois sur les guitares Taylor et au catalogue de Madinter différents Grades. Reste à confirmer si la densité et les caractéristiques acoustiques sont bien identiques puis à convaincre les luthiers et les fabricants à l'utiliser et surtout les musiciens de le choisir ! Taylor se félicite ainsi d'avoir 10 fois plus d'ébène à exploiter avec Crelicam que ce qu'il s'imaginait et il a ainsi pu améliorer les conditions de travail et de rémunération des 70 employés. De nouvelles machines sont arrivées pour limiter les pertes de matières premières sur chaque arbre, les sols de l'usine en terre ont été remplacés par du béton, l'électricité a été rénovée pour plus de sécurité. Les employés disposent d'une cuisine aménagée sur place et d'un puit pour alimenter en eau l'usine ainsi que toute la communauté locale.
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Les efforts de Taylor et Madinter sont récompensés par le gouvernement Camerounais qui leur confie l'exploitation de 75% des ressources en ébène du pays. Afin de s'inscrire un peu plus encore dans le développement durable, Crelicam est maintenant autorisée à planter de nouveaux arbres, ce qui permet d'étudier leur propagation ainsi que leur environnement optimum, des études qui seront dorénavant menées par le Congo Basin Institute, d'où la généreuse donation de 400,000$ qui sera bénéfique à la fois à Taylor ainsi qu'aux luthiers en guitare, à ceux des instruments du quatuor ainsi qu'aux autres fabricants industriels via Madinter. Enfin, Taylor communique également sur la mise en place d'un programme d'exploitation forestière au Honduras pour augmenter les retombées économiques localement et compte faire de même à Hawaï avec Pacific Rim Tonewoods, son fournisseur en épicéa et en érable avec qui il travaille déjà à l'exploitation de l'épicéa Lutz, un épicéa hybride entre le Sitka et l'épicéa blanc, et dont la capacité d'adaptation à pousser aussi bien près des côtes que dans les terres lui assurerait d'après les scientifiques une plus grande résistance aux futurs changements climatiques.
Les luthiers n'ont pas attendu les prises de conscience des industriels pour eux aussi proposer à leur échelle des solutions et de nombreuses initiatives: qu'il s'agisse de l'exploitation des bois non tropicaux, encouragés par l'étude du Leonardo Guitar Project, avec l'utilisation par exemple des bois régionaux chez Fred Kopo ou Philippe Berne ou encore celle du bambou chez Jean-Yves Alquier qui ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d'autres que vous retrouvez régulièrement dans les articles de LaGuitare.com. Judicaël Tribillac - le 24 mai 2016 - https://www.taylorguitars.com/
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