Elles vont bien ensemble moi je trouve, et avec mon intérieur aussi.
Wazaaaaaaaaaa
Pour commencer, abordons une paire de petits points communs à l'ensemble des pédales de la série Waza :
- Non, elles n'ont rien à voir avec une vieille pub pour une marque de bière qui a fait le buzz.
- Elles sont intégralement fabriquées au Japon, ce qui justifie la différence de prix avec une Boss conventionnelle.
- Le buffer et le bypass sont améliorés par rapport à une Boss traditionnelle.
- On retrouve par contre exactement le même boîtier en testicules de char d'assaut russe qui a fait l'excellente réputation de solidité et de fiabilité de la marque.
- Chaque pédale Waza se retrouve équipée d'un petit switch qui permet de basculer entre la version "bien mais en mieux" du modèle d'origine, et une version "custom". Soit en quelque sorte deux pédales en une...
La Quatrième dimension
Le Chorus dimension C est devenu à lui seul une icône des années 80. Version en pédale (pour faire simple) du rack Roland SDD 320 Dimension D, il s'agit d'un effet de chorus spatialisant (cf. mon article sur les chorus), envoyant des sons subtilement détunés et déphasés à différents endroits de l'espace stéréo, donnant aux guitares, mais aussi aux synthés et aux voix, cette sensation d'espace et ce son très typé qui ont fait la signature d'instrumentistes de l'époque, avec leurs cheveux qui tenaient tout seuls et leurs noms qui commençaient tous par Steve quelque chose ! Vai, Lukather, Stevens... Ils n'ont pas tous utilisé précisément ce matériel, mais l'idée sonore est là.
On retrouve sur la Waza la structure de l'originale à l'identique, avec ses simples 4 boutons sans aucune forme de réglage, mais une efficacité et une simplicité certaines. Sur la DC2w, le switch permet de basculer de la DC2 version standard à un son se rapprochant plus du Dimension D, avec un poil plus de chaleur et moins de brillance, un effet peut être moins caricatural. Au contraire de certaines Waza, le switch n'apporte pas ici une différence drastique, on est clairement dans la subtilité.
On notera aussi que grâce à un système de switch plus moderne, Boss permet que la DC2w puisse reprendre une fonction appréciée en son temps des utilisateurs du SDD320, la possibilité de cumuler deux chorus en engageant deux presets à la fois. Bien vu et encore une fois, à l'écoute du marché !
Il n'y a pas grand-chose à dire sur cette pédale tant elle est simple. Il n'y a pas à chercher midi au soleil levant : Pour ceux qui cherchent un chorus granuleux, subtil ou proche de la vibe, allez plutôt voir du côté de sa sœur CE2w. Pour tous ceux qui cherchent le son large et fabuleusement kitsch du Hard FM américain, c'est juste le pied total. Non, je ne suis pas subjectif, mais je m'en fous ! Par contre, je tiens à dire que comme pour l'originale, la DC2w donne tout son potentiel en stéréo, si le grain est certes intéressant en mono, l'effet sur la "dimension" du son sera bien plus ténu.
C'est la zone
Ah, la Metal Zone... combien de metalhead wannabees ont, à seize ans, branché cette petite boite noire et orange dans leur petit combo à 50 balles, creusant les médiums pour avoir le son du Black album à la maison, avant qu'elle finisse comme presse-papiers sur le bureau parce qu'entre temps on est passé au "vrai matos" (sic) ? Je n'ai pas besoin de présenter ce petit monstre au gain spectaculaire et à l'égalisation active très puissante que tout le monde ou presque a eu dans les pattes un jour ou l'autre. Je me permets de préciser par contre que sa mauvaise réputation est au moins en partie injustifiée, car trop souvent mise entre les mains de musiciens inexpérimentés qui n'ont pas su gérer, notamment, l'égalisation paramétrique. Certes elle souffle (gain de malade oblige), n'a jamais brillé par sa clarté, ses graves ne sont pas très tenus et ses aigus un peu envahissants, mais avec de l'expérience, pour peu que l'on passe du temps dessus, elle permet vraiment un son plus que décent, et encore une fois, les médiums paramétriques offrent un accès à un panel de grains différents très spectaculaires ! En boostant subtilement les haut médiums, on ira tâter dans le heavy metal à l'ancienne, tandis que creuser la première moitié de la plage de fréquence donnera dans toute la gamme des blackdeathdoomgrind envisageables (faux sang et maquillage non inclus). Elle reste à l'heure actuelle une bien meilleure affaire que d'autres créations un peu moins "heureuses" dans le style comme la Metalcore du même fabriquant ou la maléfique Digitech Deathmetal...
Fin de l'aparté, et la Waza, donc ? Eh bien, en mode "standard" je pense qu'il s'agit d'une des machines de la série qui bénéficie GRANDEMENT du buffer amélioré et de la construction plus pointue. Le son est sensiblement plus ouvert, avec légèrement moins de souffle, que la MT2 originale. On retrouve une certaine clarté dans les aigus qui, s'ils sont toujours bien présents, se font plus musicaux. Du coup, il est plus facile de chercher et de peaufiner ses réglages.
Le mode custom, lui, se rapproche de certaines "mods" que l'on peut trouver sur le net pour la Metal Zone. Le grain est résolument plus moderne, avec des aigus plus doux, des basses plus tendues et une sensation de moins de gain (on peut même enfin descendre dans le crunch avec le gain sur le premier quart de course !). On constate également que les réglages d'égalisation ne jouent pas sur les mêmes fréquences ni avec la même plage de fonctionnement.
Au final, on reste sur un esprit métal avec une pédale qui en a sous le capot en terme de gain et d'harmoniques, mais qui, contrairement à son aïeule, laisse parler la guitare qui y est branchée, en étant sensible à la dynamique de jeu, aux accords complexes et au jeu de bouton de volume. Elle se tape même le luxe d'aller titiller des sons bien peu heavy avec une musicalité certaine et surprenante ! L'égalisation active et paramétrique est très puissante et vous pourrez passer beaucoup de temps à peaufiner les réglages pointus qu'elle propose. Je n'ai pas vu le temps passer à la tester, sincèrement...
Conclusion
Les pédales Waza, si elles sont toutes comme celles que je viens d'essayer, peuvent se résumer à deux catégories : les "la même mais en mieux" comme la MT2w, la SD1w, la BD2w, et les "tueuses de marché vintage" comme la CE2w, la DM2w et la DC2w. Dans les deux cas, pour moi c'est une totale réussite, et c'est un plaisir de voir qu'une marque dont les acquis suffiraient à être rentables pour encore des décennies est à l'écoute du marché et des utilisateurs, car on est clairement dans cette démarche d'amélioration en phase avec la demande.
Le seul "défaut" que je pourrais leur trouver est un prix qui, s'il est parfaitement justifié, pourrait refroidir quand il est associé à une marque qui s'est fait une spécialité de machines "bonnes mais abordables"... encore que, comparé à la cote parfois ridicule de boiboites qui se sont fait rares (une DC2 originale peut monter jusque 300 balles), ça n'est vraiment pas grand-chose...
Bref, une belle réussite à mes yeux, et je vais y remettre un ptit coup de watts avant qu'elles ne repartent, parce que même si je dis souvent que je garderais volontiers le matos qu'on me fait tester, là c'est complètement raccord avec mon style de musique de mauvais shredder ringard, donc je vais les oublier dans un coin de la maison...
Ah je vous laisse, on sonne à la porte et ce sont des gens de chez Roland France, je vois un huissier aussi, et des types bizarres avec des barres à mine et de la corde...
Une rumeur court comme quoi Waza Craft est le frère de Lara. (riez, c'est un ordre !)
Les plus
- Les améliorations tangibles par rapport aux séries standard
- Le son !
- La robustesse Boss égale à elle-même
- La polyvalence accrue
Les moins
- Le prix... pour du Boss. Mais il est justifié !
EXTRAITS SONORES : Fender Stratocaster avec micros HSS Tom Anderson en direct dans les deux pédales, prise de son direct via interface Steinberg UR22. Simulation d'un Brunetti Mercury avec baffle 2x12 en son clair dans Overloud TH2, reverb et delay TH2 également. La DC2w sort en stéréo.