Slash : Je ne sais pas... Je n'ai jamais eu la motivation suffisante pour faire un album solo. Je me suis toujours senti plus confortable dans un groupe et c'est encore vrai aujourd'hui. Le fait de collaborer avec quatre autres gars rend les choses plus intéressantes à mon sens. Suite aux événements du Velvet Revolver avec Scott, j'ai ressenti le besoin de faire quelque chose seul (rires). Je ne voulais plus rendre de compte à qui que ce soit et être le seul responsable de toutes les décisions et de toute la musique. Si, pour un des titres, je n'arrivais pas à trouver le refrain qu'il fallait, je devais me forcer car je ne pouvais me reposer sur personne d'autre (rires). C'était bon de faire ça. J'ai ressenti beaucoup de liberté dans la démarche.
Pas de compromis, non plus, en quelque sorte...
Slash : C'est vrai. Je ne l'avais pas vu sous cet angle mais tu as raison.
L'album contient beaucoup de chanteurs différents (presque un par titre). Est-ce que le processus de sélection du chanteur adéquat a été quelque chose d'agréable pour toi ? Est-ce que tu avais tout le monde en tête au moment où tu composais les morceaux ?
Slash : J'ai écrit les morceaux en premier. Ensuite je me suis demandé qui serait le meilleur chanteur pour interpréter chacun d'entre eux. C'était assez simple mais très intéressant car je n'avais jamais rien fait de semblable auparavant. Je défrichais un territoire vierge (rires). C'était au final assez agréable et certainement moins compliqué que ça en a l'air. Je me contentais d'appeler des gens pour savoir si ça les branchait de venir jouer sur mon disque puis de leur envoyer une démo du morceau en question. Tout s'est fait au fil de l'eau : je ne me suis jamais fixé comme objectif de faire un disque avec vingt chansons et vingt chanteurs (rires). Là, il y aurait eu de quoi prendre peur. J'ai fait les titres les uns après les autres sans réellement prêter attention à l'ensemble. C'est un peu comme ça que j'agis pour tout, d'ailleurs. Je fonce sans me poser de questions (rires).
L'inconvénient d'avoir autant de chanteurs est que le disque est quasiment impossible à reproduire en concert... Néanmoins tu as choisi de prendre Myles Kennedy d'Alter Bridge qui chante sur Slash comme vocaliste de ton groupe de tournées. Peux-tu nous expliquer comment vous vous êtes rencontrés et comment il a obtenu ce poste que j'imagine relativement convoité (rires) ?
Slash : Myles est une découverte pour moi. Sur l'album il y a quelques artistes que je ne connaissais pas vraiment. Myles fut le dernier chanteur à collaborer sur ce disque. J'avais composé un morceau durant la tournée de Velvet Revolver et j'étais persuadé que ça pourrait faire une très bonne chanson si seulement je trouvais la bonne personne pour l'interpréter. Mon disque était prêt et j'avais encore ce super titre au stade de démo... Six mois auparavant j'avais entendu parler de Myles Kennedy que Led Zeppelin voulait recruter pour faire une tournée. Je ne le connaissais pas mais je m'étais dit que pour intéresser Led Zep il devait être sacrément bon. J'avais essayé de me rapprocher de lui à ce moment là mais ça n'avait pas fonctionné car il était pris. Six mois plus tard je le rappelle pour qu'il chante sur le morceau en question et il a adoré et a pu dégager du temps pour moi. « Starlight » était en poche et il a fait du boulot de malade dessus. Plus tard nous avons fait un second morceau, « Back From Cali ». Enfin, je lui ai demandé de m'accompagner en tournée car je savais qu'il serait capable de tout chanter : des titres de Guns n' Roses, de Velvet Revolver, de Slash's Snakepit et bien entendu de cet album solo. Nous venons de booker les concerts qui auront lieu d'ici le mois d'octobre. Ça va le faire !
L'album solo est assez varié vocalement, et c'est un euphémisme (rires). Quelles chansons veux-tu jouer sur scène ?
Slash : Déjà, les deux de Myles. Nous allons sûrement en jouer trois autres. Ce n'est pas possible de jouer un disque nouveau dans sa globalité car les gens ne le connaissent pas encore suffisamment. Je sais que souvent durant ma carrière j'ai joué les trois quarts du nouvel album mais ce n'est peut être pas la solution idéale. Et puis il ne faut pas oublier tout le back catalogue que les gens attendent avec impatience. Il y a certaines chansons que je n'ai pas jouées depuis des années donc ça me rend impatient également ! Nous allons commencer à répéter en vue de la tournée lundi prochain.
Tes premières idoles sont les Yardbirds, les Kinks, les Stones et Led Zeppelin. Tu n'as pas voulu avoir des membres de ces groupes sur le disque ?
Slash : J'ai joué sur l'album solo de Ronnie Wood pendant que j'enregistrais Slash. C'était très fun car il y avait plein de gens complètement dingues sur son disque. Mais pour mon album un groupe comme les Yardbirds n'est jamais venu à l'esprit car je pensais en fait qu'à des chanteurs... J'aurais pu me tourner vers quelqu'un comme Eric Clapton mais la musique que j'avais écrite ne me poussait pas vers lui. Il y a bien entendu plein de gens que j'admire et qui ne sont pas sur Slash. C'est uniquement dû au fait que je n'avais pas écrit le bon type de morceaux pour eux.
Un mot sur une chanson que je n'ai pas encore pu entendre : la nouvelle version du tube de Guns n' Roses, « Paradise City » avec Fergie et Cypress Hill. Comment t'est venue cette idée ?
Slash : Il y a six titres bonus dans cet album pour les différents distributeurs ou marchés. J'avais fait une chanson sortie en single au Japon avec Koshi Inaba des B'z et à cette occasion la face B était la version de « Paradise City » dont tu parles. Depuis la formation de Velvet Revolver, je joue cette version de « Paradise City » avec Cypress Hill. C'était un jam que nous faisions et j'ai toujours trouvé que c'était une version vraiment bonne de cette chanson. Je voulais absolument l'enregistrer un jour et avec cet album j'avais trouvé une bonne excuse pour le faire. Fergie est venue chanter les refrains. C'est une version cool de la chanson mais il ne faut pas que les gens la prennent trop au sérieux. C'est pour cela que je ne l'ai pas incluse dans le tracklisting principal de l'album, d'ailleurs (rires).
Personnellement, est-ce que tu trouves que « Paradise City » est la chanson la plus importante et / ou représentative de ta période Guns n' Roses ?
Slash : Clairement, c'est une de mes chansons préférés du groupe.
Il y a trois ans tu as écrit une autobiographie. Qu'as-tu retenu de cette expérience et des réactions qu'elle a engendrées ?
Slash : Les réactions ont été bien plus positives que ce à quoi je m'attendais. Le livre a même été classé dans les best-sellers ! Ce livre ressemblait finalement à un disque : j'ai tenté de ressembler de bons éléments et de faire du bon boulot. Quand les réactions, critiques et publiques, sont bonnes, cela fait plaisir. Je n'ai pas relu le livre depuis que je l'ai écrit donc je manque peut-être de jugement critique (rires).
As-tu d'autres plans littéraires ?
Slash : Non, pas vraiment. J'avais une vraie motivation pour écrire ce livre à l'époque et à l'heure actuelle je n'ai pas de telle motivation.
As-tu reçu des offres pour adapter le livre au cinéma ?
Slash : Ça arrive de temps en temps (rires). On verra bien car j'ai du mal à me décider sur ce sujet. Une version « jouée » de cette histoire est assez difficile à imaginer (rires). Mais tout est possible.
Ca t'intéresserait de jouer dedans au cas où l'adaptation se ferait ?
Slash : Non. Je ne suis pas acteur et je n'ai aucune envie de le devenir.
Pour finir : es-tu excité à l'idée de revenir en France pour jouer chez nous ?
Slash : J'ai adoré venir là-bas lors du dernier passage avec Velvet Revolver. Certains de nos meilleurs fans vivent là-bas. Au début de ma carrière j'avais des fans français ce qui m'a toujours bien plu. Du coup, je suis très reconnaissant envers vous. J'étais vraiment déçu que la dernière tournée de Velvet Revolver ne passe pas par la France. J'essaie de m'assurer que nous soyons présents pour un festival français cet été.
Slash – Slash
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