Slash featuring Myles Kennedy and The Conspirators

Publié le 25/08/2014 par Nicolas Didier Barriac
L'homme à l'éternelle Gibson revient aux côtés de Myles Kennedy pour un troisième album solo. Slash retrouve véritablement une seconde jeunesse depuis que Velvet Revolver est en sommeil. L'anglo-américain signe ici le disque le plus abouti des trois où l'osmose est palpable entre son chanteur, son groupe et lui-même. Et comme d'habitude, pour ne rien gâcher, l'album est rempli à craquer de bons titres dans la grande tradition du hard rock US. Interview avec une légende vivante de la six-cordes.

World On Fire est assez surprenant comme disque. En effet, sa tonalité générale est extrêmement positive et entraînante. C'est quelque chose que tu recherchais ?
Slash : Il n'y a pas de thème particulier. La musique vient de moments et d'endroits très différents. Je pense avoir composé environ 90% de l'album en tournée. Un riff par ci, un riff par là, un accord par ci, un accord par là... L'important était d'avoir un niveau de qualité comparable sur toutes les pistes. C'est généralement comme cela que je bosse. Myles reçoit mes idées assez brutes et il s'inspire de cela pour trouver ses propres idées. On s'est retrouvés tous les deux en pré-production et je ne savais pas encore à ce moment ce que donneraient les paroles. Il a commencé à réellement avoir une idée claire de ce qu'il voulait écrire une fois que toutes mes parties de gratte étaient terminées et enregistrées en studio.

Je ne parlais pas forcément des paroles, je trouve que la musique est vraiment très fun, décontractée et envoie des signaux super positifs...
S. : On s'est juste éclatés à la faire. Mais nous ne recherchions rien en particulier. C'est arrivé comme cela et j'en suis simplement très heureux.

Ton précédent disque s'appelait Apocalyptic Love et celui-ci World On Fire. Tu es obsédé par la fin du monde (rires ) ?!
S. : Non (rires). Ces deux albums ont en commun le sexe : comment ferait-on si c'était notre dernier jour de vie ? Je trouve qu'en plus ces deux titres sonnent vraiment bien. En tout cas ça a tout de suite fait tilt pour World On Fire. En plus, il y a plusieurs degrés de lecture. Je trouve aussi qu'il convient bien pour décrire la situation mondiale actuelle qui est on ne peut plus compliquée et confuse.

Une chose qui est commune à tes trois albums solo (c'est peut-être la seule, d'ailleurs !) est la longueur des disques et l'abondance de morceaux. C'est important pour toi, particulièrement à cette époque où plus que jamais on prend les titres les uns après les autres en perdant toute trace de la notion d'album ?
S. : Ce n'est jamais fait exprès. Quand je commence à rentrer en mode « écriture », je veux exploiter toute bonne idée. Un jour, je pense que je ne garderai que huit chansons sur un de mes disques.

Huit ?! Mais elles feront toutes presque dix minutes, du coup (rires) ?
S. : (rires) Voilà. Je ne sais pas comment tout cela se passe mais quand tout s'enclenche bien, c'est difficile à contrôler. Pour World On Fire, nous avons presque tout gardé de ce sur quoi nous avions travaillé. Il n'y a que la toute première chanson réalisée qui n'a pas été retenue, ni même finalisée. Elle n'est vraiment restée qu'à l'état de riff.

C'est toujours le riff qui est le point de départ d'une nouvelle chanson de Slash ?
S. : Généralement oui car c'est tout ce que je peux faire (rires). Il y a quelques rares exceptions comme 30 Years To Life qui est née d'une suite d'accords plutôt que d'un riff. En tout cas, tout provient d'une idée musicale qui me titille et que j'ai envie de poursuivre.

World On Fire nous propose plusieurs morceaux avec des soli très mélodiques et plutôt longs. Ca rappelle vraiment ton « vieux son ». On n' avait perdu l'habitude des les entendre sur les deux premiers albums et même sur les disques de Velvet Revolver. C'est un retour à tes racines ou simplement ce dont la musique avait besoin ?
S. : Cela vient clairement de la musique. Ta remarque est amusante car le producteur Eric Valentine avec qui j'ai fait les deux précédents albums me demandait sans cesse de faire des « trucs à la Slash ». Le problème est que je ne savais pas ce que c'était (rires). Je ne suis pas capable d'avoir ce genre de prise de recul. Il voulait du riff gras et des soli épiques. Mais ça ne venait pas à ce moment-là. Aucune composition n'a besoin de ce genre de trucs. Far And Away est sans doute le seul titre qui se rapproche à peu près de ce qu'il voulait. Gotten pouvait aussi correspondre, du moins à mon sens. Eric était la première personne qui m'a demandé de faire ça aussi expressément. Cela m'avait étonné. En tout cas, sur World On Fire il y en a évidemment plusieurs qui s'inscrivent dans cette tendance. Je suis ravi que cela te plaise en tous cas. Malheureusement, dès qu'une démarche comme celle-là devient consciente il faut que j'arrête car il ne faut jamais que les choses soient systématiques.

Tu as bien entendu créé et affiné ton son au fil des années depuis tes débuts dans les années 80. Ce son de départ était-il déjà le résultat d'un grand travail de ta part ou alors est-ce que c'est simplement ce qui est ressorti la première fois que tu as branché ta guitare ?
S. : Le son Les Paul / Marshall m'a toujours subjugué. C'est pour cela que très tôt je me suis orienté vers cela. Ma première guitare était une copie de Gibson et un ampli Fender Deluxe Reverb, un truc dans le genre. Le son était très propre. Puis, j'ai acheté une pédale MXR. Là tout à coup c'était la révélation. Depuis, je ne fais que courir après un son idéal. Il y a tant de variations et d'approximations possibles... mais le vrai son « ultime » est très dur à obtenir.

Et sur World On Fire, es-tu satisfait du travail sonore qui a été accompli ? Il me semble encore plus abouti que précédemment même si je n'ai pas entendre que des MP3 de l'album pour le moment...
S. : Oui. Lorsque le producteur Michael Baskette est arrivé, il a tout de suite mis en place que nous nous étions dits au téléphone. Il travaille avec des bandes ce qui est rare de nos jours. Pourtant, à mes yeux il n'y a que ça de vrai pour éviter qu'un album sonne clinique. Mike est aussi passionné par les guitares et leur rendu sonore que moi. Le travail qu'il a fourni a dépassé mes attentes pour s'assurer que World On Fire soit aussi incisif que possible. Toute l'interprétation est mise en valeur par son boulot. Parfois, je suis un peu flemmard. Ou alors je fatigue. Il prenait toujours le relais dans ces moments-là pour être certain que nous restions créatifs.


Slash featuring Myles Kennedy and The Conspirators – World On Fire
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