"The Sick, The Dying... And The Dead!" vient de sortir mais vous avez commencé à bosser sur cet album dès 2019. Il a été retardé successivement par le cancer de la gorge de Dave Mustaine (ndlr : aujourd'hui guéri) puis par la pandémie de Covid-19 en 2020, puis par "l'affaire David Ellefson" en 2021 (ndlr : on vous laisse chercher sur le Net si vous n'êtes pas au courant...) suite à laquelle il a fallu réenregistrer les parties de basse (ndlr : par Steve Di Giorgio de Testament). Es-tu arrivé au point de te demander si vous alliez parvenir à terminer et publier ce nouvel album ?
Kiko Loureiro : J'ai surement éprouvé ce sentiment à un moment donné mais j'étais également conscient de la situation. Nous avons passé 2 mois et demi à créer ces nouvelles chansons à Nashville en 2019 puis Dave a ensuite commencé son traitement pour son cancer. Nous étions évidemment à ses côtés, nous lui souhaitions le meilleur et nous devions respecter le nouveau timing que cela nous imposait et lui laisser autant de temps que nécessaire pour combattre et vaincre la maladie. Puis la pandémie de Covid-19 est arrivée et le monde entier en a souffert. Je ne vais donc pas me plaindre du retard engendré par l'album car c'est quelque chose de minime en comparaison. Dirk (Verbeuren) et moi ne pouvions plus revenir à Nashville le terminer mais ce n'était pas très important au final. Evidemment l'histoire avec Ellefson a été un retard supplémentaire qui est venu s'ajouter à cela, mais ce n'est pas bien grave au regard de l'état dans lequel le monde se trouvait il n'y a pas encore si longtemps.
"The Sick, The Dying... And The Dead!" figure clairement parmi les albums de Megadeth les plus méchants. Il y a des titres agressifs et très rapides comme "Night Stalkers" et "We'll Be Back" et bien qu'il y ait d'autres titres plus mélodiques comme "Mission To Mars" ou "Soldier On !", l'atmosphère dominante de l'album est sombre et agressive. Était-ce le plan dès le départ ou est-ce que l'atmosphère de l'album a été influencée par la maladie de Dave et par la pandémie ?
C'est dur à dire car cet album a pris forme durant toute cette mauvaise période et d'un autre côté j'ai composé les riffs principaux des titres rapides "Night Stalkers", "We'll Be Back" et "Célebutante" parce que c'est l'idée que je me fais du début de carrière de Megadeth et je tenais à proposer des choses dans cette veine. Puis tu as aussi un titre comme "Life In Hell" que Dirk a écrit avec Dave qui est de cet acabit. Dave a peut-être été influencé par sa maladie et la pandémie au moment d'écrire les paroles, mais je n'en suis même pas sur car les thèmes évoqués ne sont pas vraiment différents des autres albums de Megadeth. Je dirai que ce côté plus méchant et agressif vient surtout de la façon dont nous avons collaboré pour cet album et de cette intention que nous avions tous d'incorporer des éléments évoquant les débuts de Megadeth. Puis comme tu le disais il n'y a pas que cet aspect-là, il y a aussi des choses plus mélodiques. Pour "Killing Time" par exemple, j'ai apporté des riffs en ayant cette fois à l'esprit le son de Megadeth dans les années 90. Dave Mustaine EST Megadeth, je pense que l'on sera tous d'accord là-dessus (rires), il est là depuis le début ! Moi j'ai vu évoluer ce groupe de l'extérieur et je pense que c'est un plus parfois car je suis capable de voir le groupe avec les yeux d'un fan puisque je l'ai été. Mais Dave reste bien évidemment le gardien du temple, celui qui s'assure que le résultat final soit du Megadeth. Je fais donc en sorte de proposer des riffs et des idées qui conviennent à l'univers de Megadeth, que cela soit des choses agressives qui rappellent les débuts du groupe ou des choses plus mélodiques comme dans la période 90's. Je ne parle là que de la musique. Pour les paroles, Dave a son propre vocabulaire qu'il utilise dans Megadeth et qui ne fait généralement pas dans la dentelle (rires).
Tu évoquais ta contribution à l'album. Tu es crédité sur pas moins de 8 chansons, ce qui est considérable pour un album de Megadeth où Dave a souvent la main mise sur la composition. Comment décrirais-tu l'évolution de ton rôle depuis l'album "Dystopia" (2016) et ta façon de travailler avec Dave ?
Tout d'abord et bien avant que l'on se retrouve en 2019 à Nashville, j'ai commencé par sélectionner des riffs, car je travaille constamment sur de nouvelles idées et j'identifie déjà celles qui peuvent sonner comme du Megadeth. Je me suis donc retrouvé avec le producteur et j'ai commencé à organiser mes idées de la même manière que Dave procède avec les siennes car Dave est très organisé là-dessus, il donne un nom à chacun de ses riffs, renseigne le tempo, il les classe etc... J'ai donc proposé ce que j'avais déjà sous le coude, j'ai tout réenregistré et j'y ai ensuite greffé d'autres idées. Les riffs que l'on entend sur "Night Stalkers", "We'll Be Back", "Célebutante" et "Killing Time" viennent de la musique que j'avais avant que l'on se retrouve en 2019. C'est une fois tous ensemble que nous avons commencé à réunir nos idées, et Dave en avait évidemment beaucoup lui aussi, et à les organiser et à les assembler. Dirk était suffisamment en confiance pour apporter également sa pierre à l'édifice. C'était un bon environnement de travail et la façon de faire était de proposer des choses comme Dave l'aurait fait avec sa manière très méthodique de travailler. C'était une expérience enrichissante pour moi car je ne travaille habituellement pas du tout comme cela. C'est difficile à expliquer, mais Dave décompose les chansons en différentes parties indépendantes alors que personnellement, lorsque je compose un riff, j'essaie toujours de profiter de mon élan et d'enchainer une partie qui va avec, puis une autre, jusqu'à ce que j'aboutisse à une chanson. Si Dave tient une bonne partie ou un bon riff, il s'arrête et l'enregistre et il ne se force absolument pas à lui donner nécessairement une suite. Il crée ensuite ses chansons en assemblant des parties isolées qu'il estime suffisamment bonnes pour être immortalisées. Il n'est pas du genre à vouloir jammer éternellement pour trouver des idées ou broder autour d'un riff, ce qui serait davantage ma façon de faire. J'ai fait comme lui sur "Célebutante" par exemple. J'ai vraiment créé cette chanson en assemblant différents morceaux de musique indépendants les uns des autres. Dave doit aussi penser la nature des différentes parties enregistrées, si certaines deviendront des intros, des couplets avec du chant, des rythmiques derrière les solos, des pré-chorus et tout ce genre de choses. C'est intéressant en tout cas et très différent de ma manière de faire jusque-là.
Beaucoup de titres de cet album bénéficient d'une vraie fin qui diffère du reste de la chanson, une formule que Megadeth a souvent utilisé dans le passé pour certains de ses classiques comme "Hangar 18" ou "Peace Sells" par exemple. Finir la chanson avec une partie différente du reste au lieu de jouer une nouvelle fois le refrain ou un couplet rend les choses plus mémorables selon moi.
C'est très intéressant. Dave a ça en lui dans sa manière d'écrire car il l'a effectivement souvent fait dans le passé et de mon côté c'est un aspect que j'ai toujours aimé dans Megadeth vu de l'extérieur. Les chansons construites ainsi évoluent au fur et à mesure et terminent sur quelque chose de nouveau au lieu de sonner comme une répétition de différentes parties. C'est quelque chose que j'identifie comme faisant partie du style de Megadeth et j'ai gardé à l'esprit d'utiliser ces structures typiques de Megadeth lorsque j'ai composé.
Tous les guitaristes solistes de l'histoire de Megadeth ont été très bons évidemment, mais selon moi tu es celui qui correspond le mieux et complète le mieux le style incisif des solos de Dave Mustaine depuis Marty Friedman. Je trouve que tu as été particulièrement "en feu" pour les solos de "The Sick, The Dying... And The Dead!" qui sont vraiment inspirés, techniques, mélodiques et joués avec beaucoup de goût. On peut forcément s'attendre à de la qualité avec un guitariste de ta trempe, toujours est-il que j'ai l'impression que tu as mis plus d'effort et de réflexion que le simple fait d'enregistrer tes solos en quelques prises sur le vif, n'est-ce pas ?
Merci beaucoup ! Ça dépend des chansons en fait. Certaines sont plus simples et tu enregistres un solo qui convient parfaitement assez vite. Mais pour certaines chansons tu peines parfois à être satisfait et tu y reviens en pas mal de fois. C'est drôle car je pense surtout m'être concentré sur la composition pour ce nouvel album à vrai dire car pour moi les solos demeurent la partie facile ou ce qu'il y a de plus amusant à faire en tout cas. Il est certain que dans Megadeth, le plus difficile est l'enregistrement des rythmiques (rires). Ça craint vraiment d'être tout le temps si précis avec l'accordage, de devoir tout doubler et Dave est tellement méticuleux qu'il ne laisse passer aucun des détails auquel il prête attention (rires). Il est du genre : "Non Kiko, sur ce riff tu dois étouffer légèrement plus les cordes" ! L'enregistrement des rythmiques demande vraiment beaucoup de précision et de concentration dans ce groupe ! C'est un très long processus en lui-même mais Megadeth a toujours été connu pour cette qualité donc c'est tout à fait normal. Les riffs c'est amusant de les créer... mais quand tu dois ensuite poser les briques une à une ça l'est un peu moins on va dire (rires), alors que l'enregistrement des solos est toujours le moment le plus relax et le plus fun. C'est toujours un bon moment car tu redeviens créatif et tu le fais dans une atmosphère libre et détendue. Megadeth est clairement un groupe centré sur la guitare !
Vous êtes constamment sur les festivals ces dernières années et vous êtes souvent sur des co-têtes d'affiche lorsque vous jouez en salle. Prévoyez-vous une réelle tournée en tête d'affiche dans les salles européennes pour défendre ce nouvel album avec un set plus long ?
Je ne sais pas vraiment à cette heure. Je sais que nous serons encore une fois sur les festivals, c'est vraiment quelque chose d'important maintenant et nous ferons sans doute à nouveau tous les festivals européens l'été prochain. Nous allons faire une tournée en tête d'affiche au Japon au mois de février mais rien n'est confirmé ni annoncé au-delà de cette tournée pour le moment si ce n'est des festivals en Europe pour 2023. Mais un nouvel album marque un nouveau cycle et l'idée est également de donner des concerts en tête d'affiche en Europe même si je ne peux rien confirmer pour le moment.
Megadeth dispose d'un grand répertoire avec 16 albums au compteur et il n'est pas facile pour vous d'ajouter des chansons dans votre setlist composée de beaucoup de classiques indéboulonnables. Vous jouez pour le moment 2 titres du nouvel album avec "Soldier On !" et "We'll Be Back" et en raretés plus anciennes vous avez joué cette année "The Conjuring", "Angry Again" et "Dread And The Fugitive Mind". Prévoyez-vous d'ajouter d'autres nouvelles chansons comme "Night Stalkers" par exemple, même si ce titre doit être assez difficile à jouer et chanter en même temps pour Dave ?
Très difficile de chanter et jouer de la guitare sur ce genre de titres, tout comme "We'll Be Back" d'ailleurs. Nous travaillons toujours sur de nouveaux morceaux à ajouter au set lors de nos répétitions quand nous le pouvons. Nous avons aussi les balances mais ces dernières servent davantage pour corriger certaines choses, mais ne sont pas réellement des répétitions en soit. Il faut bien comprendre que pour que nous puissions ajouter une chanson à notre setlist, cette dernière ne doit pas seulement être au point au niveau de notre jeu de musiciens mais aussi au niveau de la partie technique car tout est automatisé, que ce soit les projections vidéos, les lumières, les différents sons du Quad Cortex de Neural DSP que j'utilise et que Dave utilise également maintenant. Pour ajouter une nouvelle chanson, l'aspect technique de la production vient d'abord. Ensuite nous devons la répéter instrumentalement et c'est seulement lorsque nous sommes au point après ces 2 étapes que Dave ajoute le chant. Lorsque ces 3 étapes sont validées, la chanson peut être jouée en live.
Avez-vous d'autres nouvelles chansons que vous voulez ajouter ?
Nous voulons ajouter "Night Stalkers", qui n'est pas facile tellement il est rapide et peut être également le titre éponyme "The Sick, The Dying... And The Dead!".
Personnellement, y-a-t-il une vieille chanson que tu aimerais ajouter au set ?
J'aimerai beaucoup ajouter "Reckoning Day" à la setlist, d'autant que nous l'avons beaucoup répétée. "Youthanasia" (1994) est un bon album dont ne nous jouons jamais rien d‘autre qu'"A Tout Le Monde". Nous avons tellement de chansons il faut dire. Puis ce sont aussi des chansons plus difficiles à chanter pour Dave car il monte vraiment dans les aigus sur cet album. Avec le temps et depuis qu'il a eu son cancer de la gorge, c'est plus compliqué d'atteindre certaines notes.
Vous pourriez toujours vous en sortir en vous accordant encore plus bas non ? (ndlr : Megadeth était accordé en Mi Standard à la base et joue depuis quelques années un ton plus bas, en Ré Standard, pour accommoder la voix de Dave Mustaine)
Je ne pense pas que nous puissions aller en dessous du Ré Standard (D). Avec un accordage encore plus bas, je trouve que ça ne sonnerait plus vraiment comme du Megadeth.
"Youthanasia" était déjà un demi-ton plus bas que les autres albums à l'époque, en Mi bémol (Eb). Vous pourriez peut-être essayer ces chansons en Do dièse (C#) du coup ?
Oui effectivement et c'était déjà beaucoup plus aigu pour Dave, même en Mi Bémol (Eb), et tu ne t'économises pas grand-chose demi-ton plus bas en Ré (D). Essayer en Do dièse (C#) pourrait être une idée mais "Reckoning Day" est une chanson qui est prête et que nous pouvons jouer en live tout comme "A Tout Le Monde". Ce sont d'autres chansons de cet album qui sont plus difficiles à chanter aujourd'hui pour Dave.
Quoi de neuf du côté de tes Ibanez signature ?
Nous avons ressorti la Kiko 100 en couleur rouge. C'est une guitare qui était sortie initialement un peu avant que je ne rejoigne Megadeth et que j'ai considérablement utilisé depuis que je fais partie du groupe, mais elle n'était plus en vente au moment où je jouais dans Megadeth. J'ai donc suggéré à Ibanez de la ressortir et ils l'ont fait l'année dernière. Personnellement ils viennent de me donner il y a quelques jours une Custom Shop en couleur Sunburst et nous discutons en ce moment d'autres possibilités pour la Kiko 100.
Qu'as-tu utilisé pour enregistrer "The Sick, The Dying... And The Dead!" ?
J'ai beaucoup utilisé certaines de mes Kiko 100 : la rouge, la verte et le modèle trans black. Elles furent vraiment mes 3 guitares principales pour cet album même si j'ai également utilisé une guitare équipé d'un Evertune pour enregistrer les rythmiques, histoire que l'accordage soit parfait. Je ne m'en suis pas servi pour les solos en revanche car je ne me sens pas encore à l'aise avec ce genre de guitare pour cet exercice. Niveau amplis, Dave a surtout utilisé le Marshall JCM800 et pour ma part le Bogner Shiva. Pour les pédales, rien d‘extravagant, des bonnes vieilles Tubescreamer Ibanez TS-9 et aussi l'Archer, une pédale de boost boutique (ndlr : de J.Rockett Audio Designs). Megadeth n'a pas besoin de beaucoup de sons différents et lorsque nous trouvons quelque chose qui sonne bien, nous sommes du genre à ne pas trop nous en écarter. En utilisant le Bogner Shiva, je reste quelque part dans un son typé Marshall, même si c'est un moyen pour moi d'apporter un peu de différence, car je joue différemment de Dave. Et le Bogner et le Marshall se marient bien. Ce n'est pas comme si j'utilisais un Mesa/Boogie par exemple. Ce son ne convient clairement pas à Megadeth. Pour mon dernier album solo j'ai utilisé le Bogner ainsi qu'un EVH 5150, mais le son EVH ne correspond pas vraiment non plus à Megadeth. Dave est ferme dans ses convictions. Quand il utilise quelque chose qui lui plait, il reste dessus et ne tient pas à essayer autre chose. Dave aime le son Marshall !
Tes guitares ont une configuration micro HSH (ndlr : micro double au chevalet, micro simple au centre et micro double au manche). Utilises-tu pleinement cette configuration dans Megadeth ? Il m'a semblé entendre le son d'un micro simple sur le dernier solo de "Night Stalkers" par exemple, à moins qu'il ne s'agisse simplement du humbucker en position manche, je n'en suis pas sûr...
C'est le humbucker en position manche ! Mais tu as l'impression qu'il s'agit d'un micro simple car j'ai abaissé le niveau de distorsion sur ce solo et j'attaque très fort les cordes ! Cela donne un son très ouvert. De plus mon micro manche signature DiMarzio n'a pas un niveau de sortie si élevé que ça. Cela a toujours été l'idée derrière ma guitare signature Ibanez. Je voulais une guitare aussi bien à l'aise pour jouer du metal que pour jouer d'autres styles. Sinon j'utilise mon micro simple dans Megadeth dès lors que je joue en son clair. Je me sers beaucoup de la position 4 (ndlr : qui mélange le micro simple central avec le micro double en manche) pour mes sons clairs et parfois de la position 2 (micro simple central avec micro double chevalet) pour des rythmiques, mais jamais dans Megadeth pour la position 2.
Parlons maintenant du Quad Cortex de Neural DSP. Tu es sans doute un des tous premiers à avoir utilisé ce modélisateur d'amplis sur des tournées de cette ampleur. Un choix audacieux sachant que le produit est sorti pendant la pandémie, que quasiment personne ne l'avait testé hors de sa maison et que Neural DSP n'était pas vraiment connu pour du matériel physique mais plutôt pour des plugins jusque-là. Qu'est-ce qui t'a mis en confiance ?
Je connais les gens de Neural DSP et effectivement la marque n'était jusqu'ici pas connue pour du matériel physique et seulement pour les plugins. Cela dit, le patron de Neural DSP avait auparavant une marque qui s'appelle Darkglass, qu'il a vendu depuis il me semble, qui est quant à elle connue pour la qualité de fabrication de ses produits physiques même si ces derniers sont destinés aux bassistes et non aux guitaristes. Il avait donc cette expérience et les plugins que Neural DSP avaient sorti jusque-là étaient géniaux ! Mais j'ai effectivement pris un risque et j'ai pris 3 Quad Cortex avec moi sur notre première tournée post-covid l'année dernière et je pense être la première personne à l'avoir utilisé en live parmi les groupes de popularité similaire à Megadeth car j'imagine que plusieurs groupes ont dû s'en servir pour des tournées dans les clubs. Nous avions gardé bien sûr notre ancien système avec nous en tournée au cas où quelque chose n'irait pas. Nous avions les répétitions pour tout tester et nous avions avant cela envoyé un Quad Cortex à Keaton (Rich) mon guitar tech pour qu'il fasse en sorte que tout ce que j'utilisais auparavant avec Fractal soit disponible dans le Quad Cortex. Nous avons eu évidemment des ajustements à faire, la distorsion réagit différemment, le noise gate aussi. Nous étions plus frileux et prudents au départ. Nous utilisions seulement les presets sur la première tournée alors qu'aujourd'hui nous utilisons également les scènes. Tout est géré par machine, ce n'est pas moi qui opère les différents changements de son et comme nous améliorons constamment les choses, nous allons désormais créer des scènes pour chaque chanson.
Utilises-tu toujours un vrai baffle sur scène ou seulement le signal avec simulation de baffle du Quad Cortex ?
Oui nous avons toujours des baffles sur scène. Le Quad Cortex a 4 sorties et nous fonctionnons de la sorte : 2 sorties ont la simulation de baffle activée et vont vers le monitoring pour se retrouver d'une part dans mes retours in-ear et d'autres part dans le son en façade pour le public. La simulation de baffle est désactivée sur les 2 autres sorties et ces dernières sont envoyées vers nos baffles Marshall via un ampli de puissance, le Seymour Duncan Power Stage actuellement.
Tu as visiblement converti Dave Mustaine qui utilise lui aussi le Quad Cortex désormais.
Comme je le disais, Dave n'est pas du genre à vouloir changer les choses si elles fonctionnent bien. Il m'a vu utiliser le Quad Cortex sur la première tournée et les retours de Stanley (Soares), notre ingénieur du son en façade étaient très bons. Il trouvait que tout fonctionnait mieux avec le Quad Cortex : le son, le noise gate, le delay etc... Car il ne faut jamais perdre de vue que le plus important reste le son que le public entend dans la salle et pas seulement nos sensations sonores sur scène. Après avoir entendu tout cela, Dave était du genre : "Vraiment ? C‘est ce petit truc qui fait tout ça ?". J'ai donc appelé les gens de Neural DSP pour qu'ils fassent parvenir un Quad Cortex à Dave. Il incorpore sur notre tournée actuelle le Quad Cortex dans son stack mais dès notre prochaine tournée ce sera à 100% du Quad Cortex. C'est pareil pour notre jamroom tous les jours en tournée. Auparavant nous avions des petits combos pour répéter, désormais il y a seulement des Quad Cortex dedans. C'est tellement plus simple. J'en ai toujours un sur moi pour l'avoir dans ma chambre à l'hôtel, je m'en sers de carte son. Je n'ai besoin que de ça, d'un ordinateur et d'une guitare et je peux absolument tout faire !
Quelle simulation d'ampli utilises-tu avec le Quad Cortex ?
J'utilise la simulation du Friedman, c'est celle qui me convient le mieux en live. Si jamais vous possédez le Quad Cortex, vous pouvez d'ailleurs aller sur leur application télécharger gratuitement tous les presets que j'utilise dans Megadeth !
Est-ce que tu réalises que si tu es encore là dans 4 ans, tu deviendras le guitariste soliste qui a passé le plus de temps dans Megadeth ? L'ambiance semble être au beau fixe si j'en crois tes vidéos sur Youtube qui donnent toujours accès à beaucoup de choses de la vie en tournée. James Lomenzo et Dirk Verbeuren ont l'air aussi humbles, faciles et souriants que toi et semblent toujours prêts. Pensez-vous garder ce line-up jusqu'à la fin du groupe ?
Pourquoi pas ! Je ne fais pas les comptes et je ne réalisais pas que cela faisait autant de temps que j'étais dans le groupe. Ce sera toujours Dave qui est là depuis le plus longtemps de toute manière (rires) ! On s'entend tous bien, même si en tournée c'est une fratrie et on peut parfois avoir des hauts et des bas dirons-nous. Mais ce n'est pas comme si nous avions 20 ans de moins, un âge où le moindre petit truc peut te déranger et te mettre en pétard. Nous célébrons aujourd'hui le fait d'être en mesure de jouer la musique que nous aimons. Quand on y réfléchit bien, c'est un style qui ne fait pas l'unanimité et j'ai la chance de pouvoir jouer librement de la guitare devant des publics incroyables dans des lieux incroyables ! Evidemment il m'arrive comme tout le monde d'être fatigué, que quelque chose me frustre ou me rende fou, mais très vite je pense à ce que je viens de dire et je réalise que je n'ai aucune raison de me plaindre. La pandémie de Covid-19 a également remis les choses en perspective. Nous ne pouvions plus jouer à un moment donné, et même si j'ai adoré pouvoir rester longtemps à la maison pour une fois, cela nous fait apprécier d'autant plus la chance que nous avons de pouvoir nous produire sur scène aujourd'hui !
Les photos live qui illustrent cet article ont été prises par Kaley Nelson
- Les riffs de Kiko Loureiro
- Les solos de Kiko Loureiro