Black Dog Barking remonte deux ans en arrière lorsque vous êtes allés à Los Angeles. Alors que s’est-il passé depuis ces deux années (rires) ?
Joel O’Keeffe : Nous avons beaucoup écrit à la maison et en tournée. Nous n’avons jamais arrêté d’écrire en fait, même lorsque nous avons joué avec Iron Maiden par exemple. Nous avons enregistré assez rapidement des démos de tout ce que nous avons écrit afin de trier les meilleures idées.
Il y a une différence de style ou de sensations dans les chansons que vous composez durant des sessions d’écriture spécifiques ou sur la route ?
J. O’K. : Oui, en tournée c’est davantage des riffs qu’autre chose. Au bout du compte, nous avons compilé environ 50 ou 60 idées pour des morceaux à utiliser sur Black Dog Barking. A force de jouer certains trucs on s’aperçoit vite qu’il manque de la pêche à certains morceaux. Il suffit alors d’attendre d’avoir assez de morceaux qui tuent (rires) ! Lorsque nous nous sentions prêts pour faire l’album, Brian Howes est arrivé. Nous avions rencontré énormément de producteurs pour l’album. Brian était fait pour ce disque. Il comprend le groupe et a grandi en écoutant les mêmes choses que nous. Nous pouvions parler de morceaux de Metallica comme Whiplash ou d’un extrait de Turbo de Judas Priest et nous comprendre immédiatement. Généralement, les autres producteurs n’ont pas ce degré de complicité avec un groupe car ils s’intéressent à une scène plus actuelle. Brian a les mêmes références que nous et le même amour de la musique des années 70 et 80. Nous avons rencontré de bons gars pour produire Black Dog Barking mais aucun n’avait la même prestance que Brian. De plus, il a vraiment su nous comprendre pour mettre en valeur le son de chacun de nos instruments tout en se mettant au service total de nos compositions.
J. O’K. : Les groupes produits par Brian sont très différents du nôtre. Et puis, je ne nous imagine pas bosser avec quelqu’un qui nous dirait : « Votre prochain disque, je le vois bien dans la veine d’un Nickelback »
Ryan O’Keeffe : Ouais, ça le fait pas (rires) !
J. O’K. : C’est un exemple d’un changement de direction mais qui ne nous conviendrait pas du tout. Nous avons préféré comme souvent privilégier le rock ‘n’ roll et prendre un gars qui aime également ce background. Nous avons fait le tracklist de l’album avec un vinyle en tête. Le tracklist du vinyle est l’ordre que nous voulions avoir sur cet album. Ca marche aussi sur le CD mais il y a un moment très spécial sur le vinyle où il faut retourner le disque. Il y a une face A et une face B sur Black Dog Barking. Cela ne veut pas dire que des morceaux sont moins importants car je ne le crois pas... C’est juste qu’il y a des moments distincts tout au long du disque. Par exemple, Ready To Rock vous donnera envie de boire des bières, de lancer des télévisions dans votre chambre et de baiser plein de gonzesses alors que d’autres inspireront des moments plus contrastés. En tout cas, tout au long de Black Dog Barking, nous évitons l’ennui et les morceaux de m****. Il n’y a que la crème de la crème des compositions que nous avons réalisées ces derniers temps. Cela a toujours été le cas avec Airbourne et ça ne pouvait pas changer.
Pour No Guts No Glory je me rappelle que vous aviez sélectionné les chansons à garder en les mettant à plein volume dans un bar désaffecté avant de passer devant d’un air distrait pour savoir si la musique retiendrait votre propre attention. Comment avez-vous opéré votre sélection cette fois-ci ?
R. O’K. : Nous avons travaillé chanson par chanson cette fois-ci. Avant d’arriver en phase de pré-production nous n’avions aucune idée des titres qui allaient figurer sur Black Dog Barking en définitive. Nous avons souvent réagi par réaction : lorsque nous finissions un titre rapide nous voulions quelque chose de plus « délicat ». Nous avons fait cela jusqu’à arriver au dixième morceau ! 10 est le chiffre de cet album car Ready To Rock date d’il y a dix ans ! Peu de gens s’en souviennent mais le morceau était sur notre EP en 2003.
Les sessions d’enregistrement ont-elles été difficiles ? Car il faut quand même sélectionner parmi 50 idées…
R. O’K. : Nous n’avons eu que trois mois mais ils ont été bien employés car nous avons bossé chaque jour de la semaine même pendant les fêtes de fin d’année. Mi-janvier Black Dog Barking était terminé.
Tous les fans de rock vous le diront : si un groupe passe bien le cap de son troisième album, c’est qu’il a le potentiel de rester. Vous aviez cela en tête au moment de finir Black Dog Barking ? Vous êtes d’accord avec ce cliché qui date des origines du rock ?
R. O’K. : Nous avions surtout en tête que l’album devait être excellent et repositionner le groupe là où il devait être. Black Dog Barking montre un groupe de rock ‘n’ roll tout ce qu’il y a de plus honnête en train d’essayer de faire la meilleure musique possible. Le morceau-titre est d’ailleurs assez parlant à ce niveau là. Il est agressif à sa manière et clôt l’album d’une façon dont nous sommes très fiers.
Je trouve Black Dog Barking un peu moins léger que par le passé, autant dans les sonorités que dans les paroles. Bien entendu, il y a toujours des moments de délire mais globalement le disque est plus mûr, plus rock. Vous le ressentez aussi ?
R. O’K. : Oui, c’est sûrement ce que nous recherchions sans vraiment le savoir. Black Dog Barking est un disque qui attrape l’auditeur littéralement et ne le relâche pas. Néanmoins il y a tout de même quelques instants très fun sur le disque avec Animalize ou Live It Up. Notre manager a vraiment résumé le truc la première fois qu’il a entendu la musique : « Je peux mourir tranquille à présent. C’est honnêtement un des meilleurs albums que j’ai entendus depuis que je fais ce métier. » Je suis heureux qu’on puisse partager ce sentiment car nous sommes nous-mêmes très contents du travail accompli.