Tu sembles surexcité malgré le fait d'avoir donné des interviews toute la journée aux journalistes français. Tu aimes l'exercice de l'interview ?
Joel O'Keeffe : (avec un ton délibérément pressé et excité) J'adore les journées de promo ! Ça me permet de parler à des tonnes de gens qui me donnent tous un feedback sur No Guts, No Glory. Je suis toujours très impatient de savoir ce qu'on pense de notre musique. En plus, le label me paie à boire et à manger toute la journée, donc c'est cool (rires)... Sans oublier que mon frère et moi voyageons de partout pour l'occasion. Ça ressemble presque à des vacances ! Des vacances où je raconte plein de conneries (rires).
A la fin de la journée, tu penses à quoi avant de dormir ?
Joel O'Keeffe : (il réfléchit) Je ne sais pas trop... Je me rappelle d'avoir parlé à un paquet de monde mais souvent d'à peu près la même chose (rires). Mais de temps en temps, quelqu'un pose une question originale qui vient de nulle part. Ça fait toujours plaisir de répondre à ce genre de questions.
Commençons donc de façon peu originale, alors (rires). No Guts, No Glory est votre second album. Un second album est celui qui établit un groupe ou qui le fait sombrer dans l'oubli. Es-tu confiant dans le fait que le disque va vous faire encore gagner en popularité ?
Joel O'Keeffe : Avec No Guts, No Glory, nous avons essayé de faire des chansons où la guitare dicte la direction. Nous avons enregistré beaucoup d'idées sur la tournée de Runnin' Wild – qui a duré environ deux ans – et lorsque nous sommes revenus en Australie nous avions un paquet de trucs déjà prêts ! Nous n'avons donc pas simplement eu six mois pour préparer et enregistrer No Guts, No Glory. Cette situation aurait été assez éprouvante pour nos nerfs, je pense ! Le défi pour nous était surtout de trier tout ce que nous avions enregistré et d’en faire de véritables chansons. Nous nous sommes installés au Criterion Hotel – un pub fermé depuis un an et demi – pour faire cela. Il y avait des rats, des cambrioleurs, des drogués et des clochards de partout dans cet endroit (rires). C'était assez fou.
Pourquoi avoir choisi cet endroit ?
Joel O'Keeffe : Car nous avions joué nos tout premiers concerts là-bas. Nous nous y sommes toujours sentis à la maison. Nous avons rejoué toutes nos premières idées pour commencer à y voir plus clair sur ce qui allait devenir No Guts, No Glory. Nous écoutions ensuite ce que nous avions enregistré en essayant d'avoir un œil critique. Nous nous mettions dans la peau des gens qui fréquentaient le pub en nous demandant si ce que nous écoutions nous plaisait en tant que fans. Je me rappelle même qu'à plusieurs reprises, nous sommes sortis du pub en laissant la musique à fond pour voir si ce que nous entendions depuis la rue nous donnait envie de rentrer boire un verre au pub (rires). Si cela semble envisageable, alors nous gardions la chanson !
Vous avez fait cela pour chaque morceau du disque ?!
Joel O'Keeffe : Absolument ! Il fallait qu'il reçoive notre approbation de cette manière (rires). Nos amis aussi avaient leur mot à dire mais globalement c'est de cette façon que nous avons trié les titres 100% rock des autres. Il fallait en passer par là car au total nous avions quarante chansons à dégraisser pour arriver au tiers de ce chiffre.
En studio, par la suite, vous n'avez donc écrit aucune chanson supplémentaire ?
Joel O'Keeffe : En fait, si. Environ six ou sept de plus. Nous en avons enregistré quatre et trois d'entre elles ont trouvé leur place sur le disque !
L'édition limitée de l'album contient cinq titres supplémentaires. Comment les situes-tu par rapport aux autres ?
Joel O'Keeffe : J'adore ces chansons. En effet, ce sont de purs « rockers ». Elles ont toutes été enregistrées sans prise de tête, avec quelques bières dans le nez et sans fioriture. Les autres chansons sont plus « sérieuses » car elles sont composées de différentes prises afin d'optimiser le rendu global. Ces titres-là sont simplement du rock n' roll direct. Une seule prise. Sur l'album en lui-même je crois que seul « Born To Kill » n'est constitué que d'une seule et même prise.
No Guts, No Glory a été mixé par l'excellent Mike Fraser. Néanmoins il était au Canada alors que vous étiez en Australie ! Cet éloignement géographique ne doit pas faciliter le travail, si ? J'ai d'ailleurs appris que vous aviez des problèmes pour vous connecter à Internet et que, pour y remédier, vous vous êtes installés à l'hôtel !
Joel O'Keeffe : (rires) Comment sais-tu cela ? C'est vrai. Nous étions au St. George's Motor Inn Hotel, près d'une autoroute. Nous nous demandions toujours qui pouvait bien aller dans cet endroit perdu ! Et voilà que je m'y retrouve pendant deux semaines (rires). Toujours est-il que Mike Fraser a dépassé toutes nos espérances et a réalisé un travail remarquable, bien meilleur que tous les autres mixers disponibles. Je lui parle souvent par Skype et nous reparlons régulièrement de l'album. Il a vraiment été au top. Je ne vois pas comment nous pourrions bosser avec quelqu'un d'autre dorénavant !
Vous avez l'air d'avoir trouvé quelqu'un en qui vous avez une entière confiance. Est-ce que tu pourrais envisager d'aller encore plus loin et de laisser quelqu'un composer une chanson pour vous ?
Joel O'Keeffe : C'est complètement autre chose. Ce serait une expérimentation intéressante si ça donnait quelque chose de bien. Ça serait marrant en tout cas. Nous aimons jouer des chansons d'autres groupes, comme Creedance Clearwater Revival ou Queen. Dans le rock 'n' roll, il est assez rare d'avoir un compositeur qui ne soit pas membre du groupe. Mais je verrais bien un type comme Lemmy de Motörhead pour nous écrire un petit quelque chose (rires). Avant même de l'entendre, tu sais déjà qu'il a fait du bon boulot !
Airbourne – No Guts, No Glory
Roadrunner