Voilà un review que j'ai fait pour la radio ou je bosse.
Vous trouverez le texte au complet ainsi que quelques autres soirées sur
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Et c'est partit !
Après une rapide obtention du droit de monter au front, on effectue un vaste tour du terrain d'attaque avec Chi Quita. Une bonne bière et quelques rencontres plus tard, me voici sur la ligne de tir. Un premier groupe entre en scène, il s'agit de Cheap Trick.
N'ayant pas pris grand soin de me documenter sur les antécédents de ces rockers affichant une mine de hasbeen terribles, j'essaye de me laisser séduire en risquant une avancée dans un Strav' déjà plein à pêter. J'évite subtilement les mines de bière et les couples de 50 ans passés, et me retrouve face à de vrais icônes du rock'n'roll, tout y est. Look de vieux ravagés, guitares grotesques et attitude volontairement exagérée, pas de doute sur le thème de la soirée.
Dommage, il n'y a vraiment que l'aspect visuel qui me touche. Le son qui arrive derrière mes boules quiès hi-tech est insipide et indolore, je trouve ça d'un banal affreux. Hormis le guitariste survolté qui change d'arme à chaque chanson (jusqu'à se retrouver en la posession d'une 5 manches!) et qui nous offre un rôle scénique drôle et vraiment divertissant, le reste de la troupe qui se trouve en face de moi est manifestement à bout de souffle.
Le public est mou mais néanmoins bien tassé contre l'avant de la salle, je me demande si c'est vraiment pour eux ou si c'est dans l'attente de la suite...
De retour au centre de presse pour me reposer 10 minutes, une impression bizarre me saisi. L'impression de ne pas être sur le bon front, de rater une attaque cruciale au dénouement de la soirée. Une télévision me renseigne: Le vrai coeur du festival, ce soir et pour l'instant, ne bat que pour la finale de l'euro. Je décide donc un tour au Montreux Jazz Café ou le match est projeté sur 2 écrans géants.
Le temps de faire un tour et de remonter au service de presse, les grecs ont marqué. Chouette alors...
Allons voir le 2ème groupe qui répond au doux nom de Status Quo.
J'attaque à nouveau par la gauche de la salle, et au moment ou je pénètre dans le vaste auditorium, ils terminent leur première chanson.
Je considère l'ennemi: Ca déconne plus. Exit les chanteurs d'operette dépassés, cette foi c'est du rock, du vrai, du pur. Deux telecasters une basse, un clavier, un mur de Marshalls, des structures blues-rock ultra simples et efficaces, il m'en faut pas plus. J'adore. Chi Quita qui a réussi à chi-quiter le staff de l'entrée de la salle aussi, d'ailleurs !
Intermède "calme" à 4 guitares et 4 voix, chorégraphies subtilement mises au point, qu'un seul mot: maîtrise ! Un concert de 45 bonnes minutes qui s'achève sur un rappel frénétique garni de reprises de classiques rock'n'roll... Heureux, on fuit avant le gros de la troupe afin de trouver la source de ravitaillement numéro 1664.
Remonté et muni d'un ticket pour le bunker de presse, je me rend donc au balcon du Strav' afin de profiter pleinement de la venue de Deep Purple.
Voilà nos 4 compères qui surgissent sur scène: Ian Gillian (chant) est en pygama blanc, Roger Glover (basse) ne quitte pas son bandana, Steve Morse (guitare) a des airs de guitar-héro derrière sa MusicMan signature et ses cheveux longs, alors que Ian Paice (batterie) cale difficilement ses bourelets derrière ses fûts et à côté de lui, Don Airey remplace Jon Lord aux claviers.
Le détail qui tue c'est les podiums en arrière-scène ornés de bananes peintes... Je pense d'abord à un lâche camouflage, mais je réalise ensuite que c'est le nom de leur dernier album, que je ne connais pas.
Ca démarre. Pas très sec, pas du tout même. 2 chansons plus tard j'attends toujours que le concert commence, et le public aussi. Encore 2 de plus, et j'ai l'impression que le monsieur en pygama blanc n'a qu'une envie, celle d'aller se faire une verveine pour soigner ses cordes vocales et rejoindre sa chambre du palace au plus vite. La sauce ne prend pas. Voilà Steve Morse qui se met à lancer des plectres dans la foule, avant d'attaquer un solo de 10 minutes en l'honneur de je ne sais quel évènement... Il est, comment dire... heu... pathétique ?
Il nous pond une mélasse qui essaye de mettre d'accord Satriani avec Hendrix, mais décidément, ça passe pas. C'est même très écoeurant, et ça tire en longueur. Voilà le pianiste qui s'y met aussi, avec un pétage de plomb sur le casse-noisette et autres lettres à Elise ! Non mais franchement ?!
Je regarde ma montre, on est à 10 minutes du cessez-le-feu officiel et toujours rien qui ne titille mon oreille, toujours rien qui étanche ma soif de bon vieux rock. Alors que je m'apprêtes à partir pour noyer ma tristesse dans un sac de churros, je perçois l'intro de Highway Star. Pas trop tôt ! Interpretation somme toute assez discutable, mais qui aura en tout cas l'avantage de me décider à rester encore un peu. Ils enchaînent sur un Space Truckin new âge ou décidément Ian Gillian est vraiment ridicule, et les voilà, -enfin-, qui attaquent une intro de Smoke on the Water sauce jazzy très amusante. Réconcilié pour 5 minutes avec ces dinosaures, j'entonne ce refrain interplanétaire avec tout le reste de l'auditorium, qui visiblement n'attendait que ça pour lever les bras...
Un rappel poussif plus tard, ils se mettent eux aussi à reprendre des vieux classiques avec un fond de shred effrené de monsieur Morse qui visiblement à bien huilé son manche. Je n'en peux plus, je déclare forfait.
Les churros du montreux jazz étaient bons il y a 4 ans. Deep Purple aussi. Par contre ce soir-là, ce sont les churros qui ont tenu la longueur. Eux au moins, ce sont une valeur sûre !
Longue vie aux churros, et vivement BB King...
Come on dad, gimme the car tonight...