Salut à vous deux !
Bien d’accord avec Lanfeust. C’est un mal étrange des musiciens classiques : il n’écoutent pas de musique. Mais alors aucune !
Si seulement ils faisaient cela en conscience de leur problème, ce serait tolérable. On pourrait dire : tant pis pour eux, ils sont infirmes. Mais, dans la plupart des cas, non seulement ils n’écoutent pas de musique, mais, de plus, ils regardent d’un air condescendant les "pauvres-petits-mélomanes-qui-ont-besoin-d’écouter-de-la-musique".
Le système du conservatoire, comme tout système scolaire, sait donner à ceux qui s’y conforment l’impression que la part formatée, étalonnée, passive, sclérosée et arbitraire de connaissance qui leur est distribuée est non seulement supérieure à toutes les autres, mais, de plus, universelle et exhaustive. En bref et en stigmate : conformez-vous le plus fidèlement aux directives, au codex, aux classements et aux programmes du conservatoire, et vous saurez tout ce qu’il faut savoir ; s’il y a des choses que vous ne connaissez pas, c’est qu’elles n’en méritent pas la peine.
Mais c’est eux, ces pontes qui prétendent posséder la vérité absolue, ces grenouilles de conservatoire, ces maîtres de la pensée unique, qui, à chaque fois qu’apparaît un Mozart, un Beethoven ou un Frank, crient au scandale et le bannissent des rangs des musiciens. C’est fou, il n’y a presque pas d’exception à cette règle !
Je ne dis pas que tout le monde est ainsi dans les écoles officielles, je constate simplement qu’il y en a une majorité ; je ne dis pas qu’il n’y a pas d’élèves qui trouvent leur compte dans ce cursus, je constate simplement qu’il y en a une majorité auxquels cela a rogné les ailes à tout jamais. Et je constate qu’il n’y a généralement pas moins ouvert et moins curieux et plus imbu qu’un musicien sorti du conservatoire, surtout s’il est jeune et n’a pas encore cassé le nez de sa prétendue supériorité sur la dure réalité d’un monde qui, malgré tout et par chance, préfère la compétence à la qualification, et l’originalité au savoir lyophilisé.
Et ; oui, c’est un mal particulièrement français…
Alors écoutons de la musique. Et pas que pour guitare (dans chacune de mes interviews de vrais grands artistes revient cette constante : ils refusent de se dessécher sur une seule forme de musique, une seule forme de culture…) ! Et pas que classique, et pas que rock, et pas qu’ethnique… Chaque note, chaque émoi musical qui entre en nous enrichit d’autant notre créativité, affine notre musicalité. C’est mathématique. Qu’on se le dise…
Pour les morceaux, que penses-tu des estudios sincillos de Brouwer, surtout la sixième, du Prelude de Villa-Lobos, de la Catedral de Barrios ? Ou de Lagrima de Tarrega (ces deux derniers sont peut-être trop difficiles pour un re-début, tiens-moi au courant. Ou Adelita ou l’étude en Mi min de Tarrega ? Tarrega… en voilà un qui savait que la pédagogie n’est pas une autoroute balisée et se doit d’être individuelle. Il composait de la vraie musique (pas des exercices académiques s’autocomplimentant) en fonction des besoins spécifique de chaque élève.
Bien cordialement,
Amidala