[FABRICATION] Archtop 17" chez Benoit Lavoie luthier

Je vais poster ici les grandes étapes de fabrication de ma archtop 17" réalisé chez Benoit Lavoie, un jeune luthier se trouvant à Petit Saguenay au Québec.



Toutes ses guitares sont élaborées de façon à optimiser l'aspect acoustique de chaque instrument. En travaillant en collaboration avec "Soft dB" une entreprise acoustique de la région de Québec, il étudie l'impact de chaque partie constituante de ses guitares pour en optimiser le son.

Ceci est un projet réalisé suite à mes études en lutherie au Québec, j'ai reçu 3ans de formation en Lutherie Violon, et suite à cet apprentissage qui était pour moi nécessaire pour un commencement par la "base", je me lance dans ce qui pour moi est un des plus beau instrument à corde pincé, la guitare vouté dite "archtop".

J'espère que ce post vous plaira, je suis prêt à répondre à toutes vos questions!

Merci et bonne découverte!
Voilà c'est parti, pour commencer, j'assemble plusieurs feuilles de contreplaqué qui me servira de moule pour la couronne d'éclisse.
Ensuite je dessine mon modèle, c'est un choix personnel que j'ai fait pour rendre l'instrument plus esthétique selon moi et pour augmenter le confort de jeu car une archtop 17" reste quand même un instrument imposant.

J'ai donc arrondi les courbes à partir du talon du manche plutôt que d'avoir le plat des archtops traditionnelles, et j'ai également resserré les hanches pour faciliter la prise en main de l'instrument.



La il ne me reste plus qu'à dessiner avec le gabarit



Ensuite le découper, retirer les bosses, adoucir les courbes et l'assembler pour en arriver là!



je peux enfin attaquer la fabrication de la guitare! le pliage des éclisses se fait au fer à plier, ici ce sont les éclisses côté cutaway. ce sont des éclisses plié que je vais laminer dans un but de fabriquer un corps de guitare bien plus solide que sur les guitares habituelles, en laminant les éclisses j'accrois considérablement la forces du squelette et ainsi j'évite les déformation sur la table avec la mise en tension des cordes mais également je limite l'effet d'absorption acoustique de certaine fréquence par la couronne avec cette rigidité supplémentaire.



Eclisses en serrage pour le collage.



Voici ma pièce d'érable ondé du Québec provenant de chez "canam log and lumber" avec énormément de motifs et de couleur, les ondes sont également très présente, fines et régulière, le bois est vraiment magnifique. Je dessine dessus à partir du moule, l'allure de ma forme en me laissant un peu de marge sur le contour pour les étapes suivantes.



La forme une fois découpé.



le travail de la voute est entièrement réalisé à l'oeil et à la main, ici je suis content d'avoir déjà réalisé quelques violons pour lui donner une forme pouvant exploiter au maximum le potentiel acoustique de l'instrument. La plupart des archtops de nos jours sont réalisé par copieur et parfois même par du bois mis sous presse pour lui donner une forme de voûte, travailler dans du massif est très plaisant, je pense que c'est la partie créative de l'instrument qui ne mérite pas d'être réalisé par machine.



Je peux retourner un peu sur ma couronne et y installé les contre éclisses. La encore, les contre éclisses sont faites en bois plein, pliées à la main, pour dans un premier temps augmenter la surface de collage avec la table et le fond mais également pour donner une rigidité supplémentaire au squelette. Les contre éclisses industrielles avec traits de scie sont une facilité qui n'est pas vraiment nécessaire selon moi, d'un côté esthétique elle n'apporte aucun côté artisanale à l'instrument et d'un côté mécanique, elle ne servent pas à grand chose du fait qu'elles soient affaiblies de façon considérable par ces traits de scie. Cette technique en bois plein est une technique toujours utilisé dans les instruments du quatuor.



Voilà! je peux sortir ma couronne après y avoir collé les tasseaux du manche et du bouton pour la finaliser, je découpe également le soundport sur l'éclisse, grâce au doublage des éclisse, cette faiblesse que j'ajoute avec l'ouverture type soundport est compenser par la rigidité du squelette encore une fois. Je dois aussi sculpter les contre éclisses pour enlever de la masse et gagner en légèreté.



Petite vue à travers le soundport.



J'ai également le temps de commencer le manche, ce sera un manche en érable ondé du Québec en trois partie avec insertion de placages en noyer entre chaque partie. le manche, la tête, le bloc talon et la rallonge de touche est en une seule partie. Il y a certes de la perte avec cette technique mais la vibration acoustique dans tout le manche se transmet mieux et la rigidité de celui-ci est accru par cette méthode. vous le verrez par la suite.



rajout des oreilles pour la découpe de la tête par la suite.



je viens chercher un plat sur une bonne partie du contour, cela me permettra par la suite d'avoir ma référence pour le façonnage des gorges et la découpe des filets, c'est une étape que je fais à la machine pour m'assurer une régularité sur toute la surface.



je peux rejoindre la voute avec le reste du débord et commencer à faire la première partie des gorges.



L'extérieur de la voute du fond est bien avancé pour le moment après avoir fait quelques finition pour adoucir l'extérieur.



Je peux désormais vider l'intérieur en perçant des trous de guide de profondeur pour dégrossir aux noisettes.



L'intérieur une fois vidé en s'assurant de garder une surface de collage suffisante sur le contour.



Je teste la flexion du dos au fur et à mesure que je réduit l'épaisseur par l'intérieur, toute cette partie se fait au touché et au ressenti de la bonne souplesse de la voute. une fois que je pense avoir atteint un point suffisant, je peux commencer mes tests de déflexion sur la machine à torturer les voutes. Il faut pour cela bien la fixer à un cadre comme si la table était fixé au corps final assemblé.



On simule une pression environ équivalente à celle reçu par la table avec la pression des cordes, environ 25 kilos.



une fois ajusté à la bonne flexibilité choisie (cette partie est toujours réalisé selon les gouts du musicien, puisqu'elle influe directement sur le son final, la souplesse est déterminé pour anticiper le timbre du son final de l'instrument, chaque pièce de bois est différente et chaque pièce de bois réagit différemment). Une fois les derniers ajustements réalisés, on colle de fines bandes de contrefil, pour consolider la jointure de l'instrument.



Je peux commencer à jointer la table, c'est une pièce de bois provenant d'alaska, en épinette sitka 3A. le grain est très régulier et s'élargit très doucement sur les bords de l'instrument.



Voici ma forme de tête découpée. La courbe du bas reprend l'allure de celle d'une volute prise de côté, l'inspiration violon est un choix esthétique que j'ai choisi pour plusieurs accessoire de cette guitare qui vous seront présentés par la suite. J'ai choisi des clés Gotoh Midsize 510 with Metal Knobs "Cosmo Black", la couleur a été choisie pour le rappel des chevilles de violone en ébène noir.



Une fois les trous de clés percés.



Il est temps de coller le fond sur la couronne.



Comme pour le fond, j'ai dégrossi la table à la main en lui donnant la forme de la voute que j'ai choisi.



Un aperçu du cordier que j'ai réalisé à partir d'une pièce d'ébène, ses courbes reprennes celles des cordiers violons, j'ai laissé une arrête centrale sur le bas du cordier par choix esthétique.



Je commence le façonnage de la touche, elle aussi en ébène mais très noir avec moins de motif que pour le reste des accessoire. l'ébène noir est un signe de solidité et de logévité pour les touche des instruments étant destiné à subir de longues années de jeu sans perdre rapidement leur état d'origine.



je fixe à la touche le gabarit de frettage venant de chez "StewMac", le frettage correspond au diapason 25"1/2.



Un petit passage sur le banc de scie et les rainures de frettes sont ajustés à la bonne distance, l'utilisation d'un bond gabarit pour cette étape est nécessaire pour ne pas avoir de surprise sur la justesse des notes de l'instrument finale.



Un petit tour sur les filets, il sont fait de manière artisanale, ceci permet un choix des essences et des dimensions de façon personnel et cela évite d'être contraint par le simple choix des filets proposé par l'industrie qui souvent coute une fortune mais en plus de cela n'apparaissent pas dans des gammes de choix variés.
Pour le choix des essences, je reste dans les teintes de base, noyer, érable et ébène.



entre temps j'ai continuer à travailler sur la voute de table, la voici façonné, vidé, et ajusté à la flexibilité choisie, toujours sur le même principe d'exercer une force d'environ 25kilo sur l'endroit ou devrait se trouver la pression des cordes.



Je peux désormais commencer le barrage de la table, j'ai choisi pour cet instrument un barrage en X. Il ne reste plus qu'à ajuster parfaitement ces barres pour qu'elles épouse la forme de la voute et qu'elles se jointent parfaitement.



Après façonnage, voilà la jointure des barres.



Et une vue d'ensemble.



Je peux également commencer à faire mes rainures pour les filets de touche à la toupie sur table.



Une fois finie.



J'ai décidé de faire les ouvertures de table sur le côté supérieur gauche, bon nombre de luthier s'accorde sur le fait que c'est la partie la moins vibrante de la table, un peu à la manière des guitare réalisé suite au travail de recherche du Dr Kasha sur ses nouveaux barrages, on aime ou on aime (souvent) pas les Kasha, ceci dit, le fait que les gens s'accordent pour dire que l'ouverture à cet endroit permet l'optimisation de l'exploitation du potentiel acoustique des table est une idée à approfondir il me semble.



Voici un gros plan sur les ouvertures qui s'inspirent également des olives des "ff" du violon, c'est assez difficile à reconnaitre si on ne le sait pas, mais le but était de faire des olives compacter, déformés pour mieux les insérer dans cette partie de l'instrument.



Après avoir poser les clés de contrefil en renforts et également la pièce de renfort d'ouverture, voilà à quoi ressemble la table finie.



Un petit zoom sur la pièce de renfort!



On passe ensuite une couche de scellant à l'intérieur de l'instrument pour minimiser l'absorption d'humidité au maximum car elle peut également se faire par l'intérieur et créer de gros déformation et ainsi engendrer des fissure si jamais l'instrument n'est pas garder dans un endroit ou l'humidité est propice à la longévité de celui-ci.



J'en profite pendant que ça sèche pour coller la première partie de mes filets de touche.



Maintenant on passe aux rainures de rods. J'ai choisie de prendre une double rod ajustable, qui permet de régler la tension sur le manche de manière plus précise. J'ai également choisie d'insérer des renforts de carbone vendues chez StewMac, destinés à renforcé la solidité du manche pour éviter ses déformations. certains luthiers utilise plusieurs rod, parfois jusqu'à trois, cependant avec la fibre de carbone, le rapport force/poids est nettement plus avantageux.



Un petit aperçu de la caisse fermé avec le manche prêt à être façonné.



dernier collage des filets extérieur de touche.



petit aperçu du pickguard aux courbes des mentonnières que l'on trouve sur les violons.



une autre vue de côté.



Je commence par ajouter la pièce de raccord d'éclisses avant d'attaquer les rainures de filets. j'ai choisie d'encadrer les éclisses par un petit filet d'ébène.



Je place le sillet en os pour pouvoir ajuster la position finale de la touche et ainsi déterminer la position exacte de la queue d'aronde.



Ici j'ai dessiné l'allure de la queue d'aronde, cette partie se fait entièrement à la main, étant donné que la pièce de rallonge de touche est directement sculpter dans le bloc du manche. Cette méthode assure par la queue d'aronde dans un premier temps une forte rigidité à l'enclavement d'une part, et le fait que le bloc talon et la rallonge de touche fassent parties du même bloc rajoute de la force mécanique au manche mais également un meilleur voyage pour les vibrations acoustique dans l'instrument.



Une fois la queue d'aronde finie et prête à être enclavé dans la caisse.



je peux désormais coller la touche à sa position finale.



Ici j'ai collé les filets de table, l'espace laissé sert à y encastrer plus tard le sillet de table.



Une fois les filets posés, je peux terminer le raccord des gorges pour finaliser la voute de table.



La touche est collé et prête à être enclavé!



Cette partie de l'enclavement est une partie assez longue, puisqu'il faut ajuster l'axe du manche, le renversement, le raccord manche/éclisse, le raccord talon/feuille et le raccord rallonge de touche/voute table. C'est une étape qui prend environ entre 12h et 18h d'ajustement pour obtenir un beau résultat final. C'est beaucoup de petits coups de limes et de ciseau par-ci par-là, mais l'effet esthétique finale est superbe, peu de luthier choisisse cette méthode et préfère passer par des chemins plus simple (30 min par vissage du manche) mais qui selon moi est une étape qui mérite de prêter beaucoup d'attention car c'est l'assemblage d'un corps avec son manche qui doit assurer la liaison acoustique entre toutes les parties de la guitare.



au final, toutes les surfaces sont en contacts, le raccord sur la table ne se fait uniquement que sur l'endroit ou se trouve le tasseau de manche en dessous, le reste est volontairement surélevé pour laisser libre les vibrations sur la voute à cet endroit.



le résultat une fois assemblé



et d'un peu plus prêt!



On façonne le manche pour lui donner ses épaisseurs finales et ensuite un petit montage pour mettre l'enclavement en serrage. Il n'y a plus qu'à attendre quelques heures!



En attendant que les filets du fond collent, on peut s'occuper du radius de la touche, c'est une partie importante car mieux elle sera exécuté moins les risques de buzz indésirable des cordes par la suite se ressentira.



Le frettage ça demande quand même de l'outillage, c'est le moment de faire de la lutherie à grands coups de marteau! enfin pas à n'importe quel endroit, juste sur les frettes.



Le résultat final me dit qu'il manque juste un dernier polissage des frettes pour terminer le travaille!



Il est tps d'ajuster le chevalet, la dernière pièce manquante avant de pouvoir mettre les cordes et d'entendre le premier sons sortir de cette instrument! Le petit outil est très utile pour ajouter un troisième point d'appui sur la table. J'ai choisie de mettre en contact la totalité de la surface du chevalet, c'est un ajustement plus long mais qui garantie un contact optimal entre la table et celui-ci.
La forme est légèrement plus large sur le côté des aigus, c'est un choix esthétique, également dans cette section, j'ai repris les courbes du "coeur" que l'on retrouve sur les chevalets des instruments du quatuor.



Après un ajustement du sillet de touche, du sillet de chevalet pour régler la hauteur des cordes, les harmoniques et l'emplacement exact du diapason, la guitare a pu émettre ses premières notes!



Un bon nettoyage de devant en s'assurant de bien protéger la touche.



Un bon nettoyage de derrière.



Et voilà direction la chambre à vernis mardi prochain pour les dernières photos!

je posterai également une vidéo quand j'aurais le matériel nécessaire

En espérant que mon post vous aura plu à tous, ceci est le commencement de mon futurs projet, je reviens en France l'année prochaine pour commencer à fabriquer le début de ma future gamme d'instruments, qui me permettront d'appuyer mes demandes de subventions auprès de certains organismes. ma route est encore longue mais d'ici là j'espère vous voir et échanger avec vous sur la lutherie et sur pleins d'autres sujet encore une fois.

Si vous avez des questions sur ma formation, sur mon stage, sur le Québec et sur pleins d'autres choses encore, dans la limite de mes connaissances je me ferais un plaisir de vous répondre.

A très bientôt, je mettrais à jour la fin de ce projet mais également la suite de mon parcours si je vois que l'intérêt des gens pour mon travail nécessite la mise en ligne de la suite.

Cette voie que j'ai choisie est celle de la passion et j'espère que grâce à vous j'arriverai à en faire mon métier pour vous faire profiter de tous les aspects encore inexploré de la lutherie, car selon moi chaque musicien mérite un instrument de qualité sans que ça ne lui coûte un bras.

Il y a tellement de personnes compétentes sur la planète qui ont à vous proposer un service sur mesure et qui répondra individuellement à vos besoins!

A Bientôt les musiciens! et les curieux!

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