effectivement je respecte énorméméent ce type vu que c'est le seul très gros producteur ayant un cerveau. Je suppose que vous avez deja parler sur ce forum aussi grand soit il m'enfin j'en parle qd meme de ce magnifique article le probleme de la musique par Steve Albini, que voici>>>>>>>>(long mais très très intéréssant)
Le Problème Avec La Musique
par Steve Albini
A chaque fois que je parle à un groupe qui va signer sur une major, je finis toujours par penser à eux dans un contexte particulier. J’imagine une tranchée d’à peu près 4 pieds (ndt:1m20) de large et profonde de 5 ( ndt :1m50), et peut-être longue de 60 yards (ndt:55m), remplie d’une merde liquide en décomposition. J’imagine ces gens, certains d’entre eux étant de bons amis, d’autres à peine des connaissances, à une extrémité de cette tranchée. J’imagine aussi un laquais sans visage de l’industrie à l’autre extrémité tenant un stylo plume et un contrat prêt à être signé. Personne ne peut voir ce qui est écrit sur le contrat. Il est trop éloigné, et en plus, la puanteur de la merde fait pleurer tout le monde. Le laquais crie à tout le monde que le premier qui traversera la tranchée à la nage pourra signer le contrat. Tout le monde plonge dans la tranchée et se démène furieusement pour rejoindre l’autre bout. Deux personnes arrivent simultanément et commencent à se battre furieusement, attrapant l’autre et l’enfonçant sous la merde. A un moment, l’un d’entre eux capitule, et il ne reste plus qu’un des concurrents. Il s’approche du stylo mais le laquais lui dit : "En fait, je pense que vous avez besoin de vous développer encore un peu. Nagez encore, s’il vous plait. Retournez-y". Et bien sûr il le fait.
Chaque major impliquée dans la chasse aux nouveaux groupes possède maintenant dans son équipe un mec au profil bien déterniné, un représentant "A & R" qui peut présenter un visage agréable aux groupes éventuels. Les initiales sont pour "Artiste et Répertoire." Parce que historiquement, l’équipe A & R devait sélectionner des artistes pour enregistrer de la musique qu’elle avait également sélectionnée, dans ce qui était déjà disponible. C’est toujours le cas, bien que pas ouvertement. Ces gars sont tous jeunes [à peu près du même age que les groupes qu’ils contactent], et de nos jours ils ont tous une quelconque crédibilité rock underground qu’ils peuvent arborer.
Lyle Preslar, ancien guitariste de Minor Threat, est l’un d’entre eux. Terry Tolkin, ancien agent New-Yorkais et assistant manager chez Touch and Go est l’un d’entre eux. Al Smith, ancien ingénieur du son au CBGB est l’un d’entre eux. Mike Gitter, ancien éditeur d’un fanzine porno et collaborateur à Rip, Kerrang et d’autres torchons est l’un d’entre eux. Beaucoup des mecs ennuyeux qui travaillaient dans les radios universitaires sont aussi dans leurs rangs. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les “A & R” soient toujours jeunes. L’explication habituellement donnée est que le scout sera "au courant de la scène musicale actuelle". Une raison plus importante est que les groupes vont intuitivement faire confiance à quelqu’un qu’ils pensent être un pair, et qui a au fond des mêmes expériences rock and roll. La personne A & R est la première à rentrer en contact avec le groupe, et la première à leur promettre la lune. Qui peut mieux promettre la lune qu’un jeune coq idéaliste qui espère être haut placé dans quelques années, et qui n’a aucune expérience précédente avec une grosse maison de disque. Merde, il est aussi naïf que le groupe qu’il dupe. Quand il leur dit que personne n’interfèrera dans leur processus créatif, il le croit probablement. Quand il s’assoit avec le groupe pour la première fois, devant un plat de “cheveux d’anges”, il peut leur dire en toute sincérité que si ils signent avec la compagnie X, ils sont vraiment en train de signer avec lui, et qu’il est de leur côté. Souvenez vous de ce super concert qu’on avait vu ensemble en '85? N’avions nous pas été scotché? Maintenant, tous les groupes sont assez prudents pour être méfiants envers toute la merde de l’industrie de la musique. Il y a une caricature dans la culture populaire d’un homme corpulent, d’âge moyen ex-hipster parlant à 100 à l’heure avec un jargon dépassé et appelant tout le mode « bébé ». Après avoir rencontré “leur” mec A & R, le groupe se dira et dira à tous qu’ « il n’est pas du tout comme les mecs des maisons de disques. Il est comme un des nôtres. » Et ils auront raison. C’est une des raisons pour lesquelles il a été engagé.
Ces mecs A & R ne sont pas habilités à rédiger des contrats. Ce qu’ils font est présenter le groupe avec une lettre de recommandation, ou "deal mémo," qui déclare quelques termes, et affirme que le groupe signera avec le label une fois qu’un accord aura été trouvé sur un contrat. Ce qui fait le plus frissonner avec cet apparemment inoffensif petit mémo, est qu’il est, pour plusieurs raisons légales, un document d’engagement. Le fait est qu’une fois que le groupe a signé, il est obligé de conclure un marché avec le label. Si le label se présente au groupe avec un contrat qu’il ne veut pas signer, tout ce que le label aura à faire est d’attendre. Il y a des centaines d’autres groupes voulant signer exactement le même contrat, le label est donc en position de force. Ces lettres n’ont jamais aucun délai d’expiration, ainsi le groupe reste lié par le mémo jusqu’à ce qu’un contrat soit signé, peu importe le temps que cela prenne. Le groupe ne peut pas signer avec un autre label ni même sortir ses propres disques sauf si ils sont libérés de leur accord, ce qui n’arrive jamais. Ne vous trompez pas là-dessus : une fois qu’un groupe a signé une lettre d’intention, il devra un jour ou l’autre signer un contrat qui convient au label ou il sera détruit.
Un de mes groupes préférés a été tenu en otage pendant presque deux ans par un jeune beau parleur "pas du tout comme les mecs des labels" représentant A & R, sur la base d’un tel mémo. Il n’a pu tenir aucune de ses promesses [chose qu’il a aussi fait, et avec les mêmes effets, à un groupe très connu], et ainsi le groupe voulut se libérer. Un autre label a exprimé son intérêt mais le mec A & R ayant été engagé pour signer ce groupe, il dit qu’il aurait besoin d’argent ou de points, ou peut-être les deux, avant de pouvoir considérer l’offre. Le nouveau label a eu peur que le prix soit trop élevé, et ils ont dit « non, merci ». Pour leur album de signature, un excellent groupe, humilié, a splitté à cause du stress et des nombreux mois d’inactivité. Il y a ce groupe. Ils sont plutôt ordinaires, mais ils sont aussi plutôt bons, et donc ils ont attirés l’attention. Ils sont signés par un label “indépendant" de taille moyenne, appartenant à une compagnie de distribution, et ils doivent sortir encore deux autres disques sur ce label. Ils sont un peu ambitieux. Ils aimeraient être signés par une major pour avoir une certaine sécurité, vous savez, acheter un peu de matériel, tourner dans un bus correct – rien d’extravagant, juste une petite récompense pour tout le travail accompli. A cette fin, ils engagent un manager. Il connaît certains des mecs des labels, et il peut présenter leur projet à toutes les bonnes personnes. Il prend sa part, bien sûr, mais seulement 15%, et si il peut les faire signer, alors c’est de l’argent bien dépensé. De toute façon, ça ne leur coûte rien si ça ne marche pas. 15% de rien, ce n’est pas grand-chose ! Un jour, un mec A & R les appelle, dit qu’il les suit depuis un petit moment maintenant, et quand leur manager lui a parlé d’eux, il a tilté. Aimeraient ils le rencontrer pour discuter d’un deal avec le label ? Wow. Grand moment. Ils rencontrent le mec, et vous savez quoi ? Il ne ressemble pas à ce qu’ils attendaient, pour un mec de label. Il est jeune et habillé à peu près comme eux. Il connaît tous leurs groupes préférés. Il est comme un des leurs. Il leur dit qu’il veut se battre pour eux, pour essayer de leur obtenir tout ce qu’ils demandent. Il dit que tout est possible avec la bonne attitude.
Ils concluent la soirée en ramenant à la maison une copie d’un mémo qu’ils ont écrit et signé sur place. Le mec A & R avait plein de grandes idées, il a même parlé de prendre un producteur connu. Butch Vig est hors de question - il demande 100 000$ et trois points, mais ils peuvent avoir Don Fleming pour 30 000$ et trois points. C’est un peu excessif, ils prendront peut-être ce mec qui a été dans le groupe de David Letterman. Il ne veut que 3 points. Ou alors ils peuvent avoir n’importe qui pour l’enregistrer (comme Warton Tiers, peut-être—il vous en coûtera 5 ou 7 000$] et prendre Andy Wallace pour le remixer pour 4000$ par morceaux plus 2 points. Ça faisait beaucoup de choses à penser. Bon, ils aiment bien ce mec et lui font confiance. De plus, ils ont déjà signé le mémo. Il devait être sérieux quand il disait qu’il voulait les signer. Ils apportent les nouvelles à leur label actuel, et le manager du label dit qu’il veut qu’ils réussissent, et donc ils ont sa bénédiction. Il aura besoin d’une compensation, bien sûr, pour les albums restant dans leur contrat, mais il verra ça lui-même directement avec le label.
Sub Pop a fait des millions en vendant Nirvana, et Twin Tone n’a pas fait mal non plus : 50 000$ pour les Babes et 60 000$ pour les Poster Children- sans avoir à vendre un seul disque de plus. Ce sera quelque chose de modeste. Le nouveau label ne s’en fait pas, tant qu’il peut le récupérer avec les royalties. Bon, ils ont le contrat définitif et ce n’est pas exactement ce qu’ils attendaient. Ils se disent que c’est mieux d’être sûrs plutôt que de regretter et ils le montrent à un avocat. Un qui dit qu’il est expérimenté dans les lois sur le divertissement et il met au clair quelques problèmes. Ils ne sont toujours pas convaincus, mais l’avocat leur dit qu’il a vu beaucoup de contrats, et que le leur est plutôt bon. Ils auront des royalties: 13% [moins 1O% de déduction pour l’emballage]. N’était-ce pas Buffalo Tom qui ne touchait que 12% moins 10? Peu importe. L’ancien label ne veut que 50 000$, et pas de points. Merde, Sub Pop a eu 3 points quand ils ont laissé Nirvana partir. Ils ont signé pour 4 ans, avec des options pour chaque année, pour un total d’un million de dollars! Cà fait beaucoup d’argent pour n’importe qui ! L’avance de première année représente à elle seule $250 000. Pensez un peu, un quart de million, juste pour être un groupe de rock! Leur manager pense que c’est un super deal, surtout pour la grosse avance. De plus, il connaît un maison d’édition qui prendra le groupe si ils sont signés, et qui donne même une avance de 20 000$, et donc ils se feront cet argent là aussi. Le manager dit que l’édition est quelque chose de plutôt mystérieux, et personne ne sait vraiment d’où vient l’argent, mais l’avocat pourra étudier ce contrat aussi. Merde, c’est de l’argent donné. Leur tourneur est excité qu’ils signent sur une major. Il dit qu’il peut obtenir 1 000$ ou 2 000$ par soir. C’est assez pour justifier une tournée de 5 semaines, avec un tour support, ils peuvent même utiliser leur propre équipe, acheter du matériel, et même avoir un tour bus! Les bus sont plutôt chers, mais si vous pensez au prix d’une chambre d’hôtel pour chaque personne du groupe et de l’équipe, ça revient à peu près au même. Des groupes comme Therapy?, Sloan et Stereolab utilisent des bus sur leurs tournées, même quand ils ne sont payés que 200$ par soir, et cette tournée devrait rapporter au moins 1 000 ou 2 000$ chaque soir. Ça le vaudra. Le groupe sera plus à l’aise et jouera mieux.
L’agent dit qu’un groupe sur une major peut se faire payer une avance sur les ventes de T-shirts par une compagnie de merchandising ! Ridicule! Il y a une mine d’or, là! L’avocat devrait regarder le contrat de merchandising, juste pour être sûr. Ils se sont saoulés à la soirée de signature. Des polaroids sont pris et tous semblent excités. Le label leur a apporté une limousine. Ils ont décidés de prendre le producteur qui était dans le groupe de Letterman. Il a ces techniciens qui viennent et accordent la batterie à leur place et règlent leurs amplis et guitares. Il a un gars qui a tout un tas de micros « vintage » très coûteux. Merde, ils étaient "chauds". Il a aussi un mec qui vérifie la phase de tous les équipements dans la cabine de contrôle! Qu’est-ce qu’il était professionnel ! Il a utilisé tout un tas de matos avec eux et à la fin, ils ont tous reconnus que ça sonnait très "punchy" et encore "chaud." Tout ce dur travail a enfin payé. Avec l’aide d’un vidéo clip l’album est parti comme des petits pains! Ils en ont vendus 250 000 exemplaires ! Et voici les maths qui vont expliquer à quel point ils se sont fait baisés : ces chiffres sont représentatifs des sommes qui apparaissent dans les contrats de disques actuellement. Il n’y a aucune raison de trafiquer les chiffres pour que le scénario paraisse mauvais, puisque des exemples réels font plus qu’abonder. Les rentrées sont en gras et soulignées, les dépenses non.
Avance: $ 250,000
Part du manager: $ 37,500
Honoraires notariaux: $ 10,000
Budget d’enregistrement: $ 150,000
Avance du producteur: $ 50,000
Honoraires de studio: $ 52,500
Drum Amp, « Expert » Micro et Phase $ 3,000
Bandes d’enregistrement: $ 8,000
Location de materiel: $ 5,000
Cartage et Transport: $ 5,000
Hébergement pendant le studio: $ 10,000
Catering: $ 3,000
Mastering: $ 10,000
Copies des bandes, reference CDs, shipping tapes, dépenses diverses: $ 2,000
Budget video: $ 30,000
Caméras: $ 8,000
Equipe: $ 5,000
Processing and transfers: $ 3,000
Off-line: $ 2,000
On-line editing: $ 3,000
Catering: $ 1,000
Scène et construction: $ 3,000
Copies, couriers, transports: $ 2,000
Honoraires du réalisateur: $ 3,000
Pochette de l’album: $ 5,000
Prise et copies des photos de promotion: $ 2,000
Fond du groupe: $ 15,000
Nouveau joli kit professionnel de batterie: $ 5,000
Nouvelle jolie guitare [2]: $ 3,000
Nouveau joli ampli de guitare professionel [2]: $ 4,000
Nouvelle jolie guitare professionelle: $ 1,000
Nouveau joli rack de lampes pour ampli bassep: $ 1,000
Location d’un local de répétition: $ 500
Grosse soirée de sortie pour leurs amis: $ 500
Dépenses de tournée [5 semaines]: $ 50,875
Bus: $ 25,000
Equipe [3]: $ 7,500
Nourriture et per diems: $ 7,875
Essence: $ 3,000
Fournitures: $ 3,500
Garde-robe: $ 1,000
Promotion: $ 3,000
Rentrées brutes de la tournée: $ 50,000
Part de l’agent: $ 7,500
Part du manager: $ 7,500
Avance merchandising: $ 20,000
Part du manager: $ 3,000
Honoraires de l’avocat: $ 1,000
Avance d’édition: $ 20,000
Part du manager: $ 3,000
Honoraires de l’avocat: $ 1,000
Ventes de disques: 250,000 @ $12 =$3,000,000
Détail revenu brut Royalties: [13% de 90% du détail]:$ 351,000
Moins avance: $ 250,000
Pourcentage du producteur: [3% moins $50,000 avance]:$ 40,000
Budget promotionnel: $ 25,000
Récupération du label précédent: $ 50,000
Royalties net: $ -14,000
Rentrées de la maison de disque:
Ventes de disques: $6.50 x 250,000 =$1,625,000 rentrée brute
Royalties de l’artiste: $ 351,000
Déficit de royalties: $ 14,000
Fabrication, conditionnement et distribution: @ $2.20 per record: $ 550,000
Profit brut: $ 7l0,000
The Balance Sheet: voilà combien chacun a touché à la fin du jeu.
Maison de disque: $ 710,000
Producteur: $ 90,000
Manager: $ 51,000
Studio: $ 52,500
Précédent label: $ 50,000
Agent: $ 7,500
Avocat: $ 12,000
Rentrée nette de chaque membre du groupe: $ 4,031.25
Ce groupe est maintenant 1/4 of the way à cause de son contrat, a rendu l’industrie de la musique plus riche de 3 millions de dollars, mais est dedans de14 000$ de royalties. Les membres du groupe ont chacun gagné à peu près 1/3 de ce qu’ils auraient eu en gagnant dans un 7-11 (ndt :petit magasin), mais ils doivent prendre leur tour bus pendant un mois. Le prochain album sera à peu près le même, sauf que la maison de disque insistera pour qu’ils passent plus de temps et dépensent plus d’argent dessus. Puisque le précédent n’a rien rapporté, le groupe n’aura pas d’avance, et sera quand même contraint. La prochaine tournée sera à peu près la même, sauf que l’avance sur le merchandising aura déjà été payée, et le groupe, assez étrangement, n’aura encore gagné aucune royaltie sur ses T-shirts. Peut-être que le mec des T-shirt a réussi à comprendre comment compter l’argent comme les mecs des compagnies. Certains de vos amis sont peut-être déjà baisés à ce point.
Piss all over your hopes and dreams (han han le déglingo)