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- Publié par
Ayler le 23 Mar 2005, 17:36
Méconnu mais pourtant auteur d'un chef d'oeuvre : Bridge of Sighs.
Petite chronique :
Robin Trower fait partie de ces oubliés des années 1970. Un peu comme Tommy Bolin. Pourtant, de même que ce dernier, il reprend l'héritage Hendrixien à son compte et sa production discographique vaut le détour.
BRIDGE OF SIGHS (1974) : c'est avec cet album que j'ai découvert Robin Trower, naguère guitariste d'un groupe dont tout le monde se souvient de son seul tube : "Whiter Shade of Pale" (meilleur titre de tous les temps selon John Lennon qui l'a plagié avec "Mind Games") de Procol Harum.
Musicalement, Robin Trower est en rupture complète avec Procol Harum. Ceci dès le premier album (Twice Removed from Yesterday : splendide lui aussi).
Le groupe reprend littéralement les choses là où Hendrix les a laissé en 1970.
L'album s'ouvre sur "Day of the Eagle". Le riff est monstrueux. Le titre est digne de "Freedom" ou de "Ezy Rider". Le solo s'étire sur la fin du titre avec un plan rythmique à la "In From the Storm" (tempo divisé par deux). Excellent.
Suit "Bridge of Sighs" et son intro ultra Hendrixienne (type Leslie modulation lente). Très étudié, c'est du véritable travail de studio. Le vent qui balaie le morceau sur la fin contribue à l'atmosphère envoutante du titre.
Sur "In this Place", le chant de James Dewar, aussi bassiste, est boulversant. Profond, chaleureux. Ponctué par des breaks de Reg Isidore (qui termine sur des plans en double grosse caisse infernaux sur le solo).
La partie instrumentale finale est magnifique : c'est un empilement de guitares jouant toutes des parties très distinctes, totalement planant, tout en subtilité.
"The Fool and Me" est super Hendrixien là encore. La composition est peut-être moins forte (un peu seulement) que les trois précédentes (mais difficile de lutter en même temps !). Par contre, les parties de guitares sont excellentes. Le son de sa strat est superbe : dense, chaud et multiforme.
La face 2 s'ouvre sur "Too Rolling Stone". Typique du groupe : très hendrixien tout en étant du Robin Trower et rien d'autre. Difficile à décrire pour ceux qui ne connaissent pas cette impression !
La composition s'ouvre sur un superbe riff écrasé par la Wha-Wha. La rythmique est super percussive (main gauche bloquée sur les cordes en doubles croches). De même que le titre précédent, c'est un titre qui est plus taillé pour la scène en fait, plus live. La variation rythmique du solo nous bascule sur un shuffle (un seul accord) où Trower grave un solo typique de son jeu : peu de plans, subtilité mélodique sans tomber dans le défi harmonique (c'est du rock !), décharges rythmico-harmoniques sur trois cordes "à la" Hendrix, phrasé blues malgré le son saturé et tournoyant.
"About to Begin" est en 3/4 (mais pas vraiment une "valse"). Le son est plus clair. Le chorus d'intro sur le basculement des deux accords donne l'ambiance : planante. La voix de Dewar (décédé il y a peu : RIP) est à la hauteur de la composition. Son vibrato dans les graves est parfait. Il taquinne même quelques notes plus que sympathique sur sa basse.
Moins Hendrixien, le titre n'est pas moins fort.
"Lady Love" : le riff d'ouverture donne le ton. Encore une magnifique composition. Tout est là : la profondeur du chant, les plans de basses qui rebondissent, la cloche à la "Stone Free", et les parties de guitares mémorables (quel son !!!).
"Little Bit Of Sympathy" : attention les mecs, là ça joue ENORME. L'expression POWER TRIO prend son sens. C'est un peu une sorte de post-"Purple Haze" ultra efficace.
L'album ne court malheureusement pas les rues mais une rédition récente (couplée avec le premier album) est je pense toujours disponible.
Bonne découvert pour les uns.
Et réécoute pour les autres.