Juste un petit tour rapide, histoire de frimer un peu pour vous dire que ma petite chronique d'Americana est parue dans le Rolling Stone du mois de Septembre (avec Elvis en couverture)
Tuesday a écrit :
"De plus en plus rocailleux, Neil Young rassemble son Crazy Horse et balance bruyament sur la table une pepite tout juste excavée. C'est ce qu'est Americana: de l'or en masse infiltré dans la terre et la pierre. Le tout est sale et lourd mais les hommes tuent pour elle et une fois qu'on l'a en main, l'esprit nous quitte et seuls parlent les rêves.
Le son d'une Amérique devenue (déjà) folle et qui faisait de son mieux pour (faire) oublier l'horreur à venir. Americana nous ramène à ces moments d'avant bataille, comme l'illustrent les bouleversantes images de "Jesus' Chariot" (un "bal d'adieu" de garnisons d'appelés) où la moitié des hommes qui dansent en uniforme mourront quelques jours après, pleins de plomb dans la chair et de pu dans le sang.
Pour qui a déja tenu une Winchester dans ses mains, Americana resonnera comme le cliquetis de cette arme que l'on charge. Une arme lourde et terible dont la légèreté n'existe que dans les films. Les guitares du Crazy Horse sont ciselées, burinées, épaisses et fatales. Le tambour est martial et décidé. On va au combat la fleur au fusil et le whiskey dans les larmes. Comment ne pas être retourné par ces chansons secessionistes qui parlent d'amour lointains, de redemptions et de gloires patriotiques. On atteint ici la force d'un Star Spangled Banner Hendrixien. On pense à Pete Seeger, Woody Guthrie et le fantome de Joe Hill.
Neil Young se pose en historien des Etats Désunis.
Massif et definitif, tragique et magnifique.
Karl R. Bloch"