"Les "metalpapys" Aerosmith et Deep Purple, "papes" du hard rock et du metal, ont rassemblé samedi soir plusieurs dizaines de milliers de festivaliers dont de nombreux quinquas et sexagénaires, fans de leurs débuts, mêlés aux jeunes "metalleux".
Pour compléter cette machine à remonter le temps, Ben Barbaud, le jeune patron de ce festival devenu en dix ans le plus gros de France et l'un des plus importants d'Europe dans ce style de musique, a offert en "apéritif" les encore plus anciens Status Quo, groupe britannique du début des années 60, qui a rejoué ses tubes "You're in the army now" et "Whatever you want".
Difficile, ensuite, de s'approcher à moins de 200 mètres de la scène quand les Deep Purple entament leur concert : l'orgue caractéristique du groupe britannique et ses riffs magistraux de guitare règnent sur un public compact et une immense clameur s'élève quand retentissent les premières notes de "Smoke on the water", aussitôt suivi du tout aussi mythique "Hush".
Attirés par les idoles de leurs vingt ans, de nombreux quinquagénaires et sexagénaires ont franchi pour la première fois l'entrée de ce festival qui transforme la paisible cité médiévale de Clisson, au coeur du vignoble nantais, en Mecque de la musique "metal".
"C'est un pèlerinage, comme il y a des personnes qui vont à Lourdes, moi, je vais au Hellfest", explique Muriel, 60 ans, qui reprend des forces à l'ombre, entre deux concerts.
"Je suis génération Iron Maiden, il y a 21 ans que j'ai vu Aerosmith en concert", ajoute cette "mamie", cheveux teints en noir et boucles d'oreille en forme de tête de mort. "C'est la 3ème fois que je viens au Hellfest: c'est pour se souvenir du temps passé et profiter du temps qui reste", ajoute Muriel, venue de Carcassonne avec son fils et un de ses amis.
- "Mon Woodstock à moi" -
En famille aussi, Christian, 61 ans, partage une bière avec son fils Mathias, 29 ans. Là, c'est le jeune - six Hellfest au compteur - qui a emmené l'Ancien (deux Hellfest, comme bénévole).
"Le Hellfest, c'est mon Woodstock à moi", soupire Christian, qui ne cache pas sa joie.
"Moi, je l'emmène sur les choses les plus extrêmes et on va voir les groupes un peu +old school+ ensemble, Iron Maiden hier soir, ce genre de choses. C'est une musique qui a beaucoup évolué et qui peut fédérer vraiment beaucoup de monde", explique Mathias.
Visiblement impressionnés par l'ampleur du festival, Claude et Nicole, 62 ans tous deux, se sont tenus à l'écart des sorties tonitruantes des Marseillais du groupe Dagoba. "Ce sont nos enfants qui nous ont offert les billets", explique Claude.
"Dagoba, non, c'est trop extrême: on vient pour Status Quo, Deep Purple, on les écoutait quand nous étions jeunes", explique-il. "Mais les gens ici sont très gentils, ils s'excusent quand ils vous bousculent", souligne Nicole. Les groupes du soir, Deep Purple, Aerosmith, "ça va me rappeler quand on avait 20 ans, quand on s'est rencontrés", ajoute-t-elle.
Autour de ces paisibles retraités des Sables-d'Olonne (Vendée) vêtus sobrement de pantalons et chemises circulent, mélangés, tous les styles et excentricités drainés par le metal et le rock: un Jésus avec sa couronne d'épines, deux moines en robe de laine à qui le soleil se charge de faire regretter leur choix sacrilège de déguisement, des metalleux en noir et longs cheveux, des succubes ultra sexy en dessous de cuir...
"Cette ambiance, ça me rappelle AC/DC, The Clash, Motörhead...", soupire avec nostalgie Marie-Hélène, 53 ans, venue du Finistère. "Les Clash je les ai vus il y a 30 ans, quand ils commençaient... Quand mes gamins, à 20 ans, m'ont dit: +Maman, tu connais ça?+ en parlant d'eux, j'ai ressorti mes cassettes", sourit-elle. "Je me dis qu'ils ont bon goût...".
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