pour ceux que ça interesse, on pourra mettre les news ici.
Citation:
Après les défilés contre le CPE mardi, les intermittents regagnent la rue cet après-midi (1). Alors que la réunion conclusive des partenaires sociaux, qui devait se tenir demain au siège du Medef a été reportée au 7 avril, les professionnels du spectacle et de l'audiovisuel ne désarment pas. Les dernières propositions de l'organisation patronale, qui vraisemblablement serviront de base à un nouvel accord d'indemnisation chômage, ont semé le doute dans les théâtres et les entreprises d'audiovisuel.
Aucune des préconisations faites depuis trois ans par la coordination des intermittents, par le comité de suivi (qui rassemble des députés et sénateurs) ou par le Syndéac (où siège la majorité des directeurs de théâtres publics)
n'a été prise en compte. De son côté, le ministère de la Culture ne semble plus avoir la main sur un dossier dont l'issue tombe au mauvais moment.
Espérances. L'affaire a pris une nouvelle tournure le 8 mars. Les syndicats réunis pour débattre de l'avenir des annexes 8 et 10, une grève générale immobilise la plupart des théâtres. A Paris, plus de 5 000 manifestants expriment leur refus d'un nouvel accord qui s'inscrirait dans la logique du précédent, signé le 26 juin 2003. Pourtant, le Medef fait une proposition de protocole qui contredit toutes les espérances et place le ministre dans une position délicate : celui qui, durant des mois, s'est engagé à ce qu'un «nouvel accord juste et équitable voit le jour avant le 31 décembre 2005» perçoit qu'un nouveau bras de fer se profile entre le Medef et le monde du spectacle.
Les raisons sont évidentes : en quelques lignes d'une complexité syntaxique à faire pâlir un professeur d'ancien français, le texte esquisse un système d'indemnisation chômage basé sur une
réduction de la période indemnisée (22 jours par mois, contre 30 ou 31 actuellement) et sur des modalités de calcul des indemnités qui paraissent inadaptées aux artistes et techniciens. La date anniversaire est de nouveau remisée au profit d'une période d'examen des droits «individualisée» et une moyenne mensuelle des heures travaillées. En clair,
aucune des revendications intermittentes (date anniversaire fixe, période de référence de douze mois pour douze mois d'indemnisation) n'est validée. Donnedieu de Vabres a beau avoir annoncé, la semaine dernière, la transformation du fonds transitoire (qui a rattrapé plus de 20 000 intermittents) en fonds permanent de professionnalisation censé s'intercaler dans le dispositif, la situation semble mal engagée pour les professionnels de la culture.
Incendiaire. Les intermittents voient dans la proposition du Medef une «nouvelle provocation». Une consternation partagée par le comité de suivi : dans un communiqué incendiaire, les parlementaires expriment «leur incompréhension devant un refus de prendre en compte les conditions de travail du secteur culturel». Préconisant l'adoption d'une loi à laquelle plus de 469 députés et sénateurs seraient favorables, ils s'interrogent : «Ce projet fait l'impasse sur les conclusions des différentes expertises réalisées. Tout ce travail sera-t-il réduit à néant ?» Le Syndéac, de son côté, fait part de «son inquiétude face aux propositions» et s'alarme du fait «qu'aucune disposition nouvelle ne vient soutenir sérieusement les financements des entreprises, à commencer par le budget de sa principale tutelle [le ministère de la Culture, ndlr] qui reste soumis aux aléas d'une loi de finances fluctuante». Quant à la CGT, en pointe dans le conflit depuis 2003, elle condamnait hier le report des négociations et appelait à «faire du 30 mars une grande journée de grèves et de manifestations». Parmi les équipes mobilisées figurent le Théâtre national de Strasbourg, la Colline, le Théâtre de la Bastille, les pensionnaires de la Comédie-Française (Paris) et le Théâtre national de Bretagne à Rennes.
(1) Départ à 14 h 30 du Medef, 55, av. Bosquet, Paris VIIe.