Etienne Dumont est un journaliste critique d'art de haute volée, qui s'est mis progressivement à une transformation radicale de son corps. C'est une sorte d'expérience sociologique vivante. La grande différence avec d'autres transformistes du même genre, Dumont propose une véritable réflexion sur sa démarche.
Je suis tombé sur ce blog récemment et je vous livre quelques passages, mais je conseille d'aller regarder par vous-même (il a laissé pas mal de traces sur Internet):
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Il est recouvert d’encre de la tête au pied, à la seule exception des paupières, des parties génitales, de l’anus et de la paume des mains et des pieds. Etienne Dumont porte en outre, sous la lèvre, une sorte de hublot qui montre la racine de ses dents et ses gencives. Ses oreilles sont ornées de gigantesques disques, pareilles à des décorations primitives. Il s’est fait implanter deux gros anneaux de métal qui apparaissent en relief sur le dos de ses mains. Au-dessus du front, un pédoncule semblable à un oeil globuleux d’extra-terrestre pointe comme une antenne. A l’origine, il avait deux “cornes” sur la tête. Une nécrose foudroyante l’a obligé à se débarrasser de celle de droite. Ce qui l’énerve : il aurait voulu être symétrique. Mais les lois du corps n’ont rien à voir avec l’ordre et la raison.
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Bien que son corps ne corresponde pas à un projet artistique global ni prémédité, Etienne Dumont en est plutôt heureux. “Je l’ai fait comme quand on se promène dans un pâtisserie, explique-t-il. J’ai dit : “donnez-moi ça, et ça, et ça”. Il y a du tribal, du cyber, des estampes d’Hokusai (sur la cuisse droite, ça représente un viol, un monsieur agresse une dame, mais je l’ai choisi juste pour l’harmonie des couleurs et des volumes). Il y a aussi des crânes inspirés par des natures mortes hollandaises, des pivoines et des chrysanthèmes… On a essayé d’harmoniser le tout. Je n’attache aucun sens particulier à ces images. Il n’y a pas de symbolisme. Je n’ai fait tout ça que pour le plaisir.
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Il se défend d’accorder à son corps une autre valeur que celle de simple support à des expériences, il avoue qu’il y a quelque chose de la parade amoureuse dans ce déploiement de couleurs et de formes outrancières. “Quand on est dans mon état, on n’entre plus quelque part, dit-il. On fait une entrée. Je ne peux plus la jouer modeste maintenant. Alors j’y vais. Et j’essaye d’avoir le bon mot.
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Parfois, j’oublie mon apparence. Je n’y pense pas vraiment. Je vis avec. Parfois, j’ai l’impression d’être dédoublé. Il y a mon corps et moi derrière. C’est comme un jeu de cache-cache.” Dans la rue, ceux qui réagissent mal sont généralement des immigrés, des gens qui essayent de s’intégrer et qui trouvent choquant de vouloir sortir de la norme.En revanche, les vieilles personnes sont toujours complices. Elles approuvent. “Comme les vieux se sentent exclus, ils font preuve d’empathie avec ceux qu’ils pensent dans les marges, explique t-il.
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Vous battez pas, je vous aime tous