Résumé : La Corse, première république démocratique moderne au 18e siècle qui a donné le droit de vote aux femmes 2 siècles avant la France et l'école gratuite, qui a inspiré les révolutions françaises et américaines
La Corse fut indépendante de 1755 à 1769, dirigée par Pascal Paoli
La Constitution corse de 1755 fit de la Corse indépendante la première république démocratique moderne d'Europe. Basée sur la séparation des pouvoirs et le suffrage universel, elle fut en vigueur de 1755 à 1769 (année où la Corse devient française dans le sang).
Pascal Paoli (général en chef de la nation corse) rédige la Constitution corse qui reconnaît le droit de vote aux personnes de plus de 25 ans, dont les femmes . La Corse est ainsi une des premières nations du monde (avec la Suède à partir de 1708 ) à considérer la femme comme citoyenne (la France lui retirera ce droit jusqu'en 1945).
Pascal Paoli fonde une université gratuite enseignant les sciences, la médecine, la philosophie, ... et frappe sa propre monnaie.
La Corse indépendante et Pascal Paoli sont admirés par Rousseau, Voltaire, Boswell ... et est connue dans toute l’Europe des lumières. En Amérique où un autre peuple cherchait à se décoloniser, la lutte des corses fut applaudie par les " Fils de la Liberté ". Sa popularité atteint son apogée lors de l’invasion de la Corse par la France; son nom fut célébré dans des banquets avec des vœux tels que : " que les tentatives de la France contre la Corse trouvent le même sort que celles de la Perse contre la Grèce… qu’elles soient repoussées honteusement ". Le " Paoli Tavern ", non loin de Philadelphie, était un lieu de rassemblement préféré des patriotes ; par la suite un village se développa sur le site pour devenir une ville qui compte aujourd’hui quelques 20.000 habitants. Cinq autres localités des Etats-Unis portent le nom de Pascal Paoli et il existe une ville appelée Corsicana. Quand Paoli s'exile en Angleterre en 1769, l’un des premiers à le saluer fut Benjamin Franklin (34).
Au moment de la sanglante conquête coloniale de l'île par les troupes de Louis XV (qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts), la Corse était l'une des plus peuplées et des plus riches des îles Méditerranéennes. La Corse était le grenier du golfe du Lion jusqu'à la conquête française, et ses exportations nourrissaient tout le bassin méditerranéen. Châtaignes bien sûr, mais également mines, fonderies, savonneries, filatures, hauts fourneaux, industrie du liège, pastoralisme florissant, oléiculture, champs de blé, de cédrats, la Corse du dix-huitième est cultivée et industrialisée au même titre que les grandes nations européennes.
Après 200 ans de domination française, elle est la plus pauvre et la moins peuplée. Elle est également, et de très loin, la « région » la plus pauvre de France.
Les bergers sont chassés de chez eux, les industries sont rasées, les terres occupées par l'armée. En 1818, une loi impose de taxer tout produit sortant de Corse, et de détaxer toute marchandise pénétrant sur l'île. Il s'agit bien évidemment d'un arrêt de mort pour l'économie insulaire essentiellement basée sur l'export et les échanges avec ses partenaires méditerranéens (par exemple imaginez qu’un produit fabriqué à Marseille est lourdement taxé et que le même fabriqué à Lyon ne l’est pas). Les Corses n'ont alors plus le choix : l'exil, l'administration, les colonies, ou mourir de faim. La France a volontairement détruit tout espoir de prospérité pour faire de la Corse une simple base militaire positionnée stratégiquement en Méditerranée, puis par la suite, une région engluée dans le tourisme de masse, livrée aux clans et mafias. La corse est encore meurtrie jusqu'à la dernière partie du XXe siécle (spéculation immobilière, expropriations, projet de dépôt de déchets toxiques au large de l'île, scandale des boues rouges ...) et toute son histoire est absente des manuels scolaires ou déformée
Cette histoire est chantée dans l'île depuis le milieu des années 70 par nostalgie de ce paradis perdu et impossible à retrouver au 20e siècle. L’histoire de la Corse est plus connue en Angleterre (où il y a un buste de Pascal Paoli au cœur de Londres) et aux États-Unis qu’en France
J’ai choisi de vous parler de ce qui était bien et d’enlever ce qui ne l’est pas. Bien sur il y aussi du mauvais, du moins glorieux comme partout mais ces histoires là vous les connaissez déjà (et si ce n'est pas le cas, les ringards habituels s'en chargeront dans les commentaires ...)
Ce texte n'est pas un copié collé, je l'ai rédigé à partir de plusieurs documents sérieux dont les sources sont dispos pour ceux qui le souhaitent