Il ne faut jamais attendre trop longtemps pour avoir de la nouvelle musique de la part de Steven Wilson. Toutefois, depuis que sa carrière solo a vraiment décollé, il se fait plus rare et concentre ses compositions exclusivement autour de ses albums en nom propre. En 2015, il avait atteint les sommets grâce à Hand. Cannot. Erase., un de ses tout meilleurs disques même en considérant ses nombreuses collaborations. La suite se devait d'emprunter un autre chemin tant ce mélange prog' pop jazz paraissait indétrônable. L'Anglais choisit donc de faire un opus pop, pour une fois complètement assumé.

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Par le passé, Wilson a souvent joué avec la notion-même de pop. Après l'avoir choyée durant deux albums chez Porcupine Tree (Stupid Dream et Lightbulb Sun), il s'en était volontairement écarté tout en glissant toujours une ou deux pépites sur chaque galette (Blackest Eyes, Lazarus, Sentimental...) avant de replonger en compagnie d'Aviv Geffen sur le projet Blackfield. Pourtant, depuis qu'il signe ses albums en son nom, Steven Wilson  semblait prendre un malin plaisir à restreindre ses penchants pop à des influences idéologiques pour s'exprimer sur un terrain plus "intellectuel".

To The Bone peut donc s'apparenter à un retour en arrière. Fort heureusement, les points communs avec la période pop de Porcupine Tree ou les premiers Blackfield sont peu nombreux. Ne vous y méprenez pas : derrière une production moderne remplie d'éléments électroniques plus ou moins discrets, ce cinquième disque solo fleure bon les années 80. Pas le mainstream abject qui a obligé des groupes comme Nirvana à voir le jour mais une musique plus fine portée en étendard par Peter Gabriel, Kate Bush et particulièrement Talk Talk. Cet hommage, mixé aux gimmicks traditionnels de l'artiste, donne un CD de transition sans grande piste phare mais qui rechargera ses batteries créatives.

Un des morceaux les plus intéressants sur To The Bone n'est en fait pas son meilleur, loin s'en faut. Permanating montre la seule véritable nouveauté de cette galette : un morceau joyeux. Dès les premiers accords de piano tout droit sortis d'un album d'Abba, on est surpris par une tonalité optimiste jamais entrevue sur une composition Wilson. La suite renchérit. Chant falsetto, refrain acidulé, guitare écervelée s'ajoutent aux danseuses Bollywood du clip... L'Anglais aurait-il égaré sa "Cure For Optimism" ? Heureusement, la parenthèse se referme rapidement et, dès Blank Tapes, le retour de la mélancolie résonne.

De ce fait, il y a de grandes chances que les habitués se passent en boucle les titres les plus ambitieux de ce LP (le poignant Pariah, le bijou Refuge, l'excessivement prog' Detonation voire l'ouvreur To The Bone). Le reste bifurquera de la voie vers la postérité une fois l'effet de la nouveauté estompé.

Discographie :

 - Insurgentes (2008)
 - Grace for Drowning (2011)
 - The Raven That Refused to Sing (And Other Stories) (2013)
 - Hand. Cannot. Erase. (2015)
 - To The Bone (2017)

Tracklist de To The Bone :

 1. To the Bone  6:41
 2. Nowhere Now  4:03
 3. Pariah  4:46
 4. The Same Asylum as Before  5:14
 5. Refuge  6:43
 6. Permanating 3:34
 7. Blank Tapes 2:08
 8. People Who Eat Darkness  6:02
 9. Song of I  5:21
 10. Detonation  9:19
 11. Song of Unborn  5:55
 (en gras les morceaux essentiels)

Steven Wilson – To The Bone

Caroline International

stevenwilsonhq.com

Steven Wilson - To the Bone