Steven Wilson n'a jamais aimé rester longtemps sans sortir de la nouvelle musique. Et même s'il n'est pas spécialement adepte de la "technique de l'EP", parfaite pour temporiser, rappelons que Nil Recurring avait vu le jour quelques mois après Fear Of A Blank Planet. Il semblerait donc qu'un chef d'œuvre appelle forcément un EP. En effet, Hand. Cannot. Erase. avait été une claque majeure, l'album numéro 1 de 2015 pour beaucoup d'amateurs de prog', et Wilson n'était pas décidé à tirer la chasse sur quelques morceaux issus de ces sessions ainsi que celles du très réussi The Raven That Refused To Sing (2013). Alors, comme souvent dans ces cas d'excavation intempestive, on se pose une question sur la nature de ce qui nous est livré : trésors enfouis ou ratés déterrés ?

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Un peu comme Recordings, collection disparate de faces B et inédits sortie par Porcupine Tree à la suite du succès de Lightbulb Sun, on trouve de tout ici. Avec quatre titres issus de la période Hand. Cannot. Erase., un des enregistrements de The Raven That Refused To Sing et une version live overdubbée d'une chanson de Stupid Dream, l'ambiance se rapproche forcément du dernier album studio en date. Toutefois, si les morceaux sont assez proches dans leur attitude et leur goût, aucun d'entre eux n'est du même tonneau.

My Book Of Regrets sort tout de même du lot. Néanmoins, son côté patchwork extrême lui empêche de prétendre aux mêmes superlatifs que Routine ou Ancestral, ces joyaux sortis en 2015. Cette composition est mue par le même désir de casser les codes, de faire fi de la linéarité et de proposer une musique galopante comme les grands anciens du rock progressif à l'aube des années 70. Mais les transitions trop abruptes laissent une impression d'inachevé. Les lignes de chant sont trop proches de ce qu'on connaît déjà. Pris en vignette individuelle, les différents mouvements sont excellents et le groupe est toujours aussi habile dès qu'il s'agit de faire parler la poudre sur des breaks libératoires de jazz rock.

Le reste de 4 ½ alterne plages instrumentales (Year Of The Plague, Sunday Rain Sets In, Verillioncore) et titres chantés (Happiness 3 et Don't Hate Me). Les deux pièces instrumentales sont poignantes et captent magnifiquement l'esprit caustique de Steven Wilson. Year Of The Plague, particulièrement, possède cette ambiance dérangeante et charmante à la fois. Mais ce sont rien de plus que de très beaux interludes, des chansons de passage qui dépeignent avec justesse une ambiance spécifique avant d'être oubliées. Si elles étaient jouées sur scène, ce serait le moment de la pause bière ou, si les bières ont été bues par anticipation, de l'éclipse aux toilettes.

De son côté, Happiness 3 n'a pas volé son statut de face B. Wilson a eu la clairvoyance de l'écarter de ses albums : grand bien lui en a pris car à aucun moment cette pop niaise ne déployait les qualités requises pour rivaliser avec le reste. Don't Hate Me est une reprise mi-live mi-overbubs du morceaux bien connu de Porcupine Tree réinterprété en duo avec l'Israelienne Ninet Tayeb. Gagnante d'une télé-réalité, elle devrait représente tout ce que Wilson déteste... Pourtant, elle s'approprie joliment le refrain et fournit à l'Anglais une belle occasion de dépoussiérer ce classique. On le reconnaît sans peine mais toute la partie instrumentale en crescendo est poussée par une puissance inédite.

En fin de compte, 4 ½ est bien ce qu'il est censé être : un plateau d'amuse-bouches, un peu difficile à avaler quand on s'est habitué à une cuisine copieuse et racée.

Lisez ou relisez l'interview de Steven Wilson de mars 2015 sur Guitariste.com

Tracklisting de 4 ½ :
1. My Book of Regrets (9.23)
2. Year of the Plague (4.15)
3. Happiness 3 (4.31)
4. Sunday Rain Sets In (3.50)
5. Vermillioncore (5.09)
6. Don’t Hate Me (9.34)


Steven Wilson – 4 ½
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Steven Wilson - 4 ½