Pink Floyd – The Endless River

Publié le 31/12/2014 par Nicolas Didier Barriac
David Gilmour parlait d'une « endless river » sur High Hopes, l'extrait le plus emblématique de ce qu'on imaginait être le dernier album de Pink Floyd, The Division Bell, en 1994. Vingt ans après, cette formule donne vie à un opus entier dont la création a été mise en route avec le décès du claviériste Richard Wright. Bien entendu, un nom aussi légendaire que Pink Floyd, réduit par la force du temps au binôme Gilmour-Mason, ne pourra jamais faire honneur à son glorieux passé. Pourtant, si les britanniques ont décidé de sortir de leur retraite, on pouvait espérer que ce ne soit pas pour se ridiculiser devant ses millions de fans. Rarement aura-t-on été aussi fébrile avant d'appuyer sur « play ».

La mise en condition est excellente : le packaging de l’album est tout simplement sublime. L’artwork, le livret, les cartes postales (sic) et les disques en eux-mêmes nous rappellent à quel point Pink Floyd a toujours soigné ses éléments visuels. Reste la question ultime : le groupe est-il capable de tenir la cadence sur un album à 95% instrumental ? Les débuts de The Endless River donnent raison au duo. On retrouve rapidement les trademarks de la formation pionnière du rock progressif. La guitare cristalline de Gilmour se lance dans ses aigus aériens, les nappes de claviers enrobent le spectre sonore de relents extraterrestres et la batterie martèle ses rythmes syncopés à la Run Like Hell.

En prenant pour base des chutes des sessions de The Division Bell, le risque n’était pas grand de trahir l’esprit floydien. Toutefois, sans Syd Barrett, sans Roger Waters, on peut se demander quel est réellement cet esprit. Gilmour nous a habitués à diriger le groupe vers des structures plus pop avec le cataclysmique A Momentary Lapse of Reason et le globalement décevant The Division Bell. A ce titre, The Endless River est sans aucun doute son album le plus floydien, celui où l’on perçoit le plus facilement les héritages successifs des différentes époques traversées.

Mais dans cette démarche, c’est bien Wright qui tient le premier rôle. Ses claviers servent de pivot aux compositions et tous les arrangements gravitent autour de ses idées comme de sublimes faire-valoir. Il passe en revue tous ses sons du plus intime (On Noodle Street) au plus flamboyant (Autumn ’68) et nous embarque avec lui dans ce feuilletage de catalogue. Le disque est généralement doux, presque mou, et, si la ligne avec de l’easy listening est parfois dangereusement proche, les morceaux n’hésitent pas à rebondir lorsqu’il le faut. Allons-y (1), par exemple, le fait avec des notes qu’aucun autre groupe n’aurait pu jouer sans être taxé instantanément de plagiat.

C’est donc avec une certaine impatience qu’on attend Louder Than Words, la seule plage avec de véritables paroles de Gilmour et non des chœurs alternant les « oooh » avec les « aaaah ». Cette compo restera donc à jamais comme le dernier morceau de l’ultime album de Pink Floyd. A ce titre, il fait un joli travail de synthèse où l’on devine des remerciements aux forces créatives passées. La phrase « Let's go with the flow, wherever it goes, we're more than alive » est également une délicat façon de faire tomber le rideau. Toutefois, cette chanson est incroyablement vide, extrêmement poussive dans son refrain et prévisible dans sa construction. Elle détruit en grande partie l’atmosphère installée par les dix-sept pistes qui la précèdent. Ces dernières, sans jamais atteindre un quelconque sommet, remplissent leur mission : clore en douceur et avec élégance la carrière d’un vieux visionnaire mais qui a depuis trop longtemps perdu la vue.
 
Line-up :
David Gilmour (guitare+claviers+chant)
Nick Mason (batterie)
Richard Wright (claviers)

Discographie :
The Piper at the Gates of Dawn (1967)
A Saucerful of Secrets (1968)
More (1969)
Ummagumma (1969)
Atom Heart Mother (1970)
Meddle (1971)
Obscured by Clouds (1972)
The Dark Side of the Moon (1973)
Wish You Were Here (1975)
Animals (1977)
The Wall (1979)
The Final Cut (1983)
A Momentary Lapse of Reason (1987)
The Division Bell (1994)
The Endless River (2014)

Tracklist de Foundations of The Endless River (en gras les morceaux essentiels) :
Side one   
1.    Things Left Unsaid          4:27
2.    It's What We Do          6:18
3.    Ebb and Flow          1:56
Side two   
4.    Sum          4:49
5.    Skins          2:38
6.    Unsung          1:08
7.    Anisina          3:17
Side three       
8.    The Lost Art of Conversation          1:43
9.    On Noodle Street          1:43
10.    Night Light          1:43
11.    Allons-y (1)          1:58
12.    Autumn '68          1:36
13.    Allons-y (2)          1:33
14.    Talkin' Hawkin'          3:30
Side four   
15.    Calling          3:38
16.    Eyes to Pearls          1:52
17.    Surfacing          2:47
18.    Louder than Words          6:37
   

Pink Floyd – The Endless River
Parlophone
www.pinkfloyd.com

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