La carrière d’In Flames ressemble de plus en plus à un immense gâchis. Jusqu’à Reroute To Remain, et même Soundtrack To Your Escape, si l’on est d’humeur tolérante, le groupe a innové tout en préservant ses acquis. Depuis dix ans en revanche, le mordant de leurs compositions s’est fortement érodé. Le chant death ne répond plus. Les claviers montent plus souvent au créneau. Et les morceaux se simplifient dangereusement. In Flames a pactisé avec le mainstream et plus rien ne semble le retenir à son glorieux passé. On ne lui en voudra pas d’évoluer mais sa trajectoire artistique ressemble de plus en plus à une régression.
Certes, il reste encore sur Siren Charms quelques instants percutants comme Filtered Truth où refrain et riffs sont au poil ou When The World Explodes qui montre comment velléités commerciales et qualité artistique peuvent habilement se conjuguer. En 2014, de toute façon, plus personne ne voudrait entendre des re-pompes de Whoracle ou Clayman : le groupe illustre ainsi qu’il lui possible d’aller encore de l’avant dans un créneau énergique.
Mis à part ces deux morceaux et quelques éclairs de guitare par-ci par-là, Siren Charms est incroyablement soporifique. Stupéfiant pour un groupe dont les influences sont aussi solidement ancrées dans le death et le heavy mélodique. Toutes les chansons pâtissent d’un manque flagrant de hooks. Il semblerait que les quatre musiciens se tournent systématiquement vers leur chanteur pour sauver leurs compos. Difficile d’accuser Anders Fridén tant ses efforts sont louables. En améliorant ses performances vocales d’album en album, il a atteint un niveau de subtilité qu’aucun de ses camarades de la scène de Göteborg ne pourra rêver un jour d’approcher. Problème : il passe plus de temps à chanter et à crooner qu’à se lâcher.
In Flames n’a jamais excellé dans les moments introspectifs bien qu’il s’y soit souvent frotté depuis ses débuts. Là où ces morceaux étaient dilués dans une masse plus imposante d’attaques death, ils constituent à présent la majorité de la production. On s’ennuie ferme. Les deux premiers extraits diffusés auprès de leurs fans, Through Oblivion et Rusted Nail, illustrent bien la teneur du disque. Through Oblivion paraît tout droit sorti des chansons rejetées de Come Clarity, c’est dire. Rusted Nail commence avec un riff à la Amorphis mais au lieu de prendre la route d’un vénérable hymne folk metal, il enchaîne des parties disparates d’où aucun élément mémorable n’émerge.
Avec dix ans d’albums moyens dans l’escarcelle, In Flames, désormais, ne déçoit plus. Il est devenu un groupe quelconque dont on se demande pour combien de temps encore un public y trouvera son compte.
Line-up :
Anders Fridén (chant)
Björn Gelotte (guitare)
Peter Iwers (basse)
Daniel Svensson (batterie)
Niclas Engelin (guitare)
Discographie :
Lunar Strain (1994)
The Jester Race (1996)
Whoracle (1997)
Colony (1999)
Clayman (2000)
Reroute to Remain (2002)
Soundtrack to Your Escape (2004)
Come Clarity (2006)
A Sense of Purpose (2008)
Sounds of a Playground Fading (2011)
Siren Charms (2014)
Tracklist de Siren Charms (en gras les morceaux essentiels) :
1. In Plain View
2. Everything's Gone
3. Paralyzed
4. Through Oblivion
5. With Eyes Wide Open
6. Siren Charms
7. When the World Explodes
8. Rusted Nail
9. Dead Eyes
10. Monsters in the Ballroom
11. Filtered Truth
In Flames – Siren Charms
Sony Music
www.inflames.com