The Astonishing et la tournée qui suivit auraient presque pu signer l'arrêt de mort de Dream Theater. Artistiquement, l'album se situait parmi les plus gros flops jamais enregistrés. Calibre Lulu. Mais pire que le disque en lui-même, l'entêtement avec lequel le groupe l'a ensuite défendu sur scène relevait de la science fiction. Toutefois, devant des salles de moins en moins remplies dans la plupart des pays où la bande se produisait, Dream Theater a pris la décision de revenir dans une zone de confort où il est attendu et où il s'exprime avec le plus d'éloquence.
Untethered Angel ne laisse aucune place au doute. En démarrant sous des arpèges électro-acoustiques caractéristiques de John Petrucci, ce premier single est un manifeste de metal progressif. La simplicité de son riff tranche brutalement avec la partie instrumentale qui renvoie elle directement à l'âge d'or du groupe (1999 et le somptueux
Metropolis Pt. 2: Scenes From A Memory).
Paralyzed suit rapidement. Direct, incisif et puissant, il participe à l'engouement ressenti à l'écoute de
Distance Over Time et se permet également de mettre en valeur le travail de l'ombre de John Myung.
Le reste de l'album aligne les appels du pied à une fanbase en plein doute. Riffs thrash, claviers hurleurs, rythmiques dopées, influences metal, ballades, passages instrumentaux bluffants : Dream Theater joue avec les mêmes codes depuis
Train Of Thought. On y replonge avec délice quand la sauce prend (sur l'astucieux
Fall Into The Light au groove évoquant à maintes reprises Metallica, toute la partie précédent le chant sur
At Wit's End), on subit davantage quand l'ensemble demeure poussif (l'affreux
Room 137 et ses voix trafiquées ou le long archi traditionnel
Pale Blue Dot, aussi savoureux que des pâtes sans gluten). Le groupe ne se ménage pas. Chaque morceau, suffisamment dynamique, capte l'attention grâce au travail individuel de ses musiciens. Eternelle brebis galeuse, James LaBrie se fait malheureusement encore remarquer. Non pas pour un chant approximatif mais pour son service minimum avec des lignes vocales passe partout sans aucun temps fort à l'exception de l'ouvreur
Untethered Angel et de
Out Of Reach.
Comme souvent la star de l'album est John Petrucci. A de multiples reprises, il pond des soli qui compensent leur absence d'innovation par une interprétation incomparable. Sur ce seul aspect, Distance Over Time est suffisamment intéressant pour qu'on s'y penche. Les compositions, elles, restent dans un registre depuis longtemps surexploité par Dream Theater. Le groupe s'en tire avec les honneurs et va satisfaire ses adeptes, le temps qu'ils fassent le tour de l'album en quelques semaines. Les Américains vont bénéficier indirectement de la médiocrité de
The Astonishing en revenant aux sources. Mais comme beaucoup d'observateurs avant nous, nous avons à présent totalement abandonné l'idée que Dream Theater puisse un jour retrouver la flamme d'antan.
Discographie :
When Dream and Day Unite (1989)
Images and Words (1992)
Awake (1994)
Falling into Infinity (1997)
Metropolis Pt. 2: Scenes from a Memory (1999)
Six Degrees of Inner Turbulence (2002)
Train of Thought (2003)
Octavarium (2005)
Systematic Chaos (2007)
Black Clouds & Silver Linings (2009)
A Dramatic Turn of Events (2011)
Dream Theater (2013)
The Astonishing (2016)
Distance over Time (2019)
Tracklist de Distance Over Time (en gras les morceaux essentiels) :
1. Untethered Angel 6:14
2. Paralyzed 4:17
3. Fall into the Light 7:04
4. Barstool Warrior 6:43
5. Room 137 4:23
6. S2N 6:21
7. At Wit's End 9:20
8. Out of Reach 4:04
9. Pale Blue Dot 8:25
Dream Theater - Distance Over Time
Inside Out
dreamtheater.net