La première chose qui frappe quand on ouvre le luxueux flight-case de la T5z Standard, c’est l’impression de se retrouver face à une « Grande » guitare. La guitare repose sur un velours bordeaux et le binding blanc semble découper les silhouettes noires de la table et de la touche en ébène. Rappelons à ce propos que la T5z Standard existe en 3 couleurs : Noir, Sunburst foncé et Sunburst clair. Les quatre modèles de la gamme partagent la même électronique et la même touche ébène, cependant les finitions et les essences changent. Ainsi, si la Classic ne propose pas de binding et pas ni de vernis par exemple, la Custom, elle, possède des mécaniques dorées, un binding et une table en Koa flammé. La T5z Standard, avant-dernière de la gamme, est une guitare luxueuse qui partage toutes les caractéristiques de la Custom, à l’exception de la table en Koa flammé et de la couleur des mécaniques. En ce qui concerne la Standard donc, le corps est en Sapele et la table en Epicéa.
La qualité des finitions est exceptionnelle. La guitare est fabriquée aux Etats-Unis et force est d’admettre que Taylor se montre fidèle à sa réputation de constructeur de guitares haut de gamme. Le binding autour du corps, du manche, des éclisses et du micro chevalet est parfait, tout comme la jointure corps-manche. Les découpes des éclisses qui laissent parfois à désirer sur les guitares hollowbody sont très soignées, les frettes sont parfaitement taillées et le manche (12’’) est très agréable pour le peu qu’on ne s’attende pas à un manche d’acoustique. En effet, la T5z, à la différence de la T5, est dotée d’un manche de guitare électrique que les amateurs de Gibson apprécieront. On regrettera tout de même la présence d’une plaque en plastique un peu « cheap » assez conséquente au dos de la guitare à l’endroit ou est située la trappe pour la pile 9 Volts. Ça n’enlève rien aux qualités de cette guitare mais à ce prix on aurait aimé un matériau un peu plus noble.
Avoir une guitare qui soit à la fois électrique et acoustique est un vieux fantasme et beaucoup de constructeurs s’y sont attaqué avec, il faut bien l’admettre, des résultats très variables mais rarement satisfaisants. Pour relever ce défi, Taylor à dû faire des concessions. Non, il ne s’agit pas d’une J-50 qui d’un mouvement de switch se transforme en une Jackson SL1, l’idée est tout autre.
La Taylor T5z embarque un capteur acoustique ainsi que deux micros : un micro manche sous la touche et un micro chevalet type lipstick visible sur la table. La guitare est équipée d’un switch cinq positions sur la tranche supérieure. Ce dernier est facilement accessible, on regrettera par contre qu’il offre pas mal de résistance ce qui rend difficile de basculer précisément d’une position à l’autre au milieu d’un morceau. En ce qui concerne les positions, la première active le micro manche et le capteur, la deuxième uniquement le micro manche, la troisième le micro chevalet, la quatrième les micros manche et chevalet en parallèle et la cinquième la même chose mais en série. Au niveau des potards on retrouve bien sûr un potard de volume mais également un pour la gestion des basses et un pour les aigus.
Prise en main
A La première prise en main, la guitare se révèle légère et très confortable, que l’on joue assis ou debout. Le manche est fin et agréable. La T5z est montée de série avec des cordes Elixir 11-49 électriques. Taylor à dû chercher un tirant qui permette à la fois le jeu « électrique » et les solos de guitars heros mais qui permette également à la guitare, en mode acoustique, de ne pas sonner comme si on avait monté des élastiques sur une boite d’allumettes (Rassurez-vous on en est loin). Le 11-49 semble être un très bon compromis et le jeu est facilité par l’action basse de la guitare. En ce qui concerne l’accès aux aigus, chacune des vingt et une cases est accessible sans problème. Le jeu est facile et on se surprend à jouer cette guitare pendant de longs moments sans fatigue. Les plans passent tout seuls et s’enchaînent parfaitement. Bien sûr il ne s’agit pas d’une Suhr, d’une Vigier ou autre Jackson, vous l’aurez compris, cette guitare, en mode électrique, ne s’adresse pas aux shredders. Pour ce qui est des plans acoustiques par contre, vous aurez vite l’impression d’être un virtuose.
Autant dire que la T5z est une guitare qui surprend au niveau du son. Branchée sur un ampli acoustique ou une carte son, la première position donne un son acoustique chaleureux et rond. L’utilisation du micro manche en plus du capteur contribue de façon intéressante au rendu sonore. Les basses sont très présentes et les aigus sont claquants. Difficile de croire que la caisse ne fait pas plus de trois ou quatre centimètres d’épaisseur. J’étais quelque peu sceptique en commençant ce test, car peu importe le prix de la guitare, une prise micro devant la guitare sonnera toujours mieux que la sortie préamp de cette même guitare. Du moins le croyais-je. Et si je n’avais pas complètement tort, cette guitare m’a donné une petite leçon. S’ il est bien évidemment impossible de prendre le son qui sort de la caisse de cette guitare, force est d’admettre que le son qui sort de la sortie jack est bluffant. Il est évidemment possible de faire la différence avec une « vraie » acoustique, le son pris par le capteur est différent d’une prise de son micro, mais la T5z s’en sort mieux que la sortie jack de la plupart des électro-acoustiques. Ce qui en fait, en plus de sa polyvalence, une bête de scène. Il sera peut-être nécessaire pour certains de diminuer un peu les basses qui peuvent déborder rapidement, grâce au potard prévu à cet effet en fonction des goûts et des styles. C’est l’avantage de cette guitare, l’équalisation répond bien et il est facile de sculpter le son qui nous convient ou celui qui s’intègre le mieux dans le mix. Ainsi, pour jouer avec voix/guitare on pourra avoir un gros son tandis qu’en groupe il sera très facile de réduire quelques fréquences afin de laisser de la place à vos collègues musiciens. Finalement, au bout d’un moment, on en vient à ne plus se demander si on veut un son électrique ou acoustique et juste à trifouiller entre le switch et les potards pour trouver le son qui nous convient.
Dans les positions « électriques » on pourrait donc quasiment dire toutes, à l’exception de la première, la guitare sonne vraiment comme une hollowbody. Les micros mettent bien la caisse en valeur et tous les plans prennent un côté « couillu » très sympa. Cette guitare est évidemment parfaite pour le Jazz et le Blues et pourra d’ailleurs intéresser les afficionados du bottleneck. C’est une bonne chose que Taylor ait voulu tirer profit de ce corps creux plutôt que d’essayer de le camoufler au moyen d’une correction audio. Rajoutez une disto et baissez les basses (qui bavent sinon) et vous obtenez un grain incroyable. Cette guitare est à l’aise dans la plupart des styles (à l’exception des musiques high-gain) et possède beaucoup de personnalité. On se surprend à envoyer des solos endiablés ou des riffs bien gras puis à repasser en son clair et à jouer du Jazz à papa
Conclusion
Difficile de savoir si on à affaire à une électrique ou une acoustique et c’est tant mieux ! La T5z possède une personnalité bien à elle (ce qui est plutôt rare avec ce genre de guitare). Des qualités de finition de très haut niveau et une électronique intéressante. Elle est polyvalente et facile à jouer. Bien sûr les metalleux passeront leur chemin mais pour les autres (qui peuvent se le permettre) la T5z représentera une alternative originale et fort intéressante dans un marché qui s’essouffle un peu.
Les plus
- La qualité des finitions
- La polyvalence
- Le son
- Le confort de jeu
Les moins
- Le prix
- Le switch difficile à bouger en live
Qui peut me confirmer, svp, que la Taylor T5 z est franchement plus facile à jouer que la T5 et plus confortable ? Cdlt